HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE 1793. 1. JANVIER 1793. A MAESTRICHT, JOURNAL HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE 1. Janvier 1793: NOUVELLES LITTÉRAIRES. Hiftoire naturelle des quadrupedes ovipa res & des ferpens, par M. le comte de la Cepede. A Paris, hôtel de Thou, à Liege, chez Lemarié, 1788-1790. 4 vol. in-12. ES quatre volumes réuniffent la defcription des quadrupedes ovipares dont nous avons déjà rendu compte *; à celle qui traite * 15 Mars des ferpens, qui a paru poftérieurement & 1789, På qui renferme également des détails curieux. 401. Avant de nous occuper de ce reptile redouté qui offre aux phyficiens tant d'aspects divers, & qui tient dans la nature une place plus importante qu'il ne le paroît au premier abord, nous nous arrêterons encore un moment aux deux premiers volumes dans lefquels on trouve 39 " " tant d'êtres remarquables ou par la falubrité de l'aliment qu'ils préfentent à l'homme, ou par leur voracité, ou par l'efficace de leur venin, ou par la fingularité de leurs attributs; tels que la tortue, le crocodile, le crapaud, le caméléon &c. L'auteur les préfente toujours fous les traits qui les rendent intéreffans aux yeux du phyfiologifte. Ceux qui ont jufqu'ici regardé la tortue avec indifférence, changeront fans peine d'opinion en lifant ce qu'il en dit. Un des plus beaux préfens que la nature ait faits aux habitans des contrées équatoria,, les, une des productions les plus utiles » qu'elle ait dépofées fur les confins de la terre & des eaux, eft la grande tortue de ,, mer, à laquelle on a donné le nom de tortue franche. L'homme employeroit avec bien moins d'avantage le grand art de la » navigation, fi vers les rives éloignées où fes defirs l'appellent, il ne trouvoit dans une nourriture auffi agréable qu'abondante un remede affuré contre les fuites funeftes d'un long séjour dans un ef»pace refferré, & au milieu de fubftances à demi-putréfiées, que la chaleur & l'humidité ne ceffent d'altérer. Cet aliment précieux lui eft fourni par les tortues franches; & elles lui font d'autant plus utiles qu'elles habitent fur tout ces contrées ar,, dentes, où une chaleur plus vive acoélere le développement de tous les germes de "Corruption. On les rencontre en effet en "très-grand nombre, fur les côtes des ifles » & des continens fitués fous la zone torri دو دو כל وو de, tant dans l'ancien que dans le nouveau monde; les bas-fonds qui bordent ces ifles & ces continens, font revêtus d'une grande "quantité d'algues & d'autres plantes que la " mer couvre de fes ondes: là fe tiennent ces "animaux fi propres au foulagement des na35 vigateurs qui abordent auprès de ces basfonds; & ces troupeaux marins le cedent » d'autant moins à ceux qui paiffent l'herbe de la furface feche du globe, qu'ils joi "gnent à un goût exquis & à une chair fucculente & fubftancielle, une vertu des plus » actives & des plus falutaires. » Un contraste affez faillant avec la tortue, c'est le crocodile. Auffi nuifible & redoutable que l'autre eft utile & innocente, il eft encore en raison tout-à-fait inverfe de fa lenteur, & furpaffe dans fa course, quand elle eft en ligne droite, les animaux les plus agiles. » La na❤ »ture, en accordant à l'aigle les hautes ré»gions de l'atmosphere, en donnant au lion, pour fon domaine, les vaftes déferts des » contrées ardentes, a abandonné au croco. »dile les rivages des mers & des grands fleu »ves des zones torrides. Cet animal énorme, » vivant fur les confins de la terre & des »eaux, étend fa paiffance fur les habitans » des mers, & fur ceux que la terre nourrit. "L'emportant en grandeur fur tous les ani» maux de fon ordre, ne partageant fa fub» fiftance ni avec le vautour, comme l'aigle, ni avec le tigre, comme le lion, il exerce » une domination plus abfolue que celle du lion & de l'aigle; & il jouit d'un empire |