Page images
PDF
EPUB

étoient autrefois considérés comme un véritable service. Il devient indispensable, messieurs, que vous vouliez bien, par une décision prompte, éclairer mon travail, afin que je puisse me conformner à ce que vous aurez regardé comme le plus utile à son succès, et ne pas perdre un seul instant pour consommer une opération dont dépend la force de l'armée.

J'ai déjà demandé, dans mes différens mémoires, a l'assemblée nationale, une augmentation de huit lieutenans-généraux, douze maréchaux-de-camp, quatre adjudans-généraux, deux aides-de-camp généraux attachés au ministère, et huit commissaires des guerres Je renouvelle aujourd'hui la mème demande, qui devient plus instante encore. Je n'en répéterai pas les motifs, qui sont développés dans mon dernier mémoire.

La difficulté que le soldat éprouve, sur-tout dans les garnisons frontières, à échanger les assignats de 5 livres qu'on lui donne sur son prêt, et la perte qui en résulte pour lui me font un devoir de vous représenter combien il est instant que l'assemblée nationale vienne à son secours. Je crois que le seul parti à prendre seroit de lui procurer des moyens d'échange, soit par de la monnoie de cuivre, soit par des assignats au-dessous de 5 livres. L'assemblée sentira sûrement que rien n'est plus pressant que cette

mesure.

Si l'assemblée nationale daigne avoir égard à ces considérations, j'ose lui répondre d'une armée redoutable, qui, si elle éprouvoit des revers, sauroit toujours s'en relever, et ne se croira jamais vaincue, parce que sa cause ne peut pas se perdre. Cette armée n'est pas cependant le seul éléinent de force sur lequel reposent nos espérances; sein de cette assemblée que sont les plus grandes ressources de la France. Le décret sur les Brabançons, grand exemple de la justice que la France réclame pour elle; le manifeste

c'est au

que vous avez adopté à l'unanimité, voilà aussi de véritables armes; et si vous étiez condamnés à la guerre, c'est par des préjugés détruits que vous marqueriez votre passage. Si la paix de l'Europe est troublée, il est fortement à desirer que nous formions des alliances: en rétablissant l'ordre, vous deviendrez une puissance que toutes les autres rechercheront. Quoi qu'on en puisse dire, ce qui leur importe uniquement pour s'unir à vous, c'est de compter sur la force et la stabilité de notre gouvernement. La cause de la noblesse est étrangère aux rois comine aux peuples. L'assemblée constituante a renversé toutes les erreurs; la gloire qui vous reste doit se composer de bienfaits réels. C'est vous qui pouvez, par la sagesse de vos délibérations assurer d'avance tous les succès auxquels nous aspirons. Les soldats, les gardes nationales, les départemens que j'ai vus, tous m'ont paru animés du même esprit; tous sont attachés à la constitution; tous deviendroient ennemis du pouvoir qui voudroit empiéter sur l'autre et si des esprits exagérés croyoient voir par-delà la constitution des idées de liberté plus étendue, il importe qu'ils sachent que la constitution seule peut rallier la France.

[ocr errors]

Ceux qui ont le bonheur de contribuer à la révolution ; ceux dont les noms ont mérité depuis la proscription de vos ennemis, cette armée, enfin, qui va combattre pour l'inébranlable établissement de la constitution toute entière, ont le droit de vous demander de consacrer tous vos moinens et toutes vos lumières aux grandes inesures qu'exige le succès de notre cause. Rejetons tous les moyens qui n'ont ni utilité ni grandeur, et fesons perdre deux fois à la noblesse sa cause, en nous emparant des vertus généreuses dont elle osoit se croire la possession exclusive. Toutefois, ne pensez pas, messieurs, qu'en me livrant ainsi à vous exprimer ce que je crois nécessaire à notre triomphe, je

puisse en douter un instant : tous les efforts réunis l'assureront; et le plus insensé, comme le plus coupable des ministres, seroit celui qui croiroit à la possibilité d'une gloire indépendante de la vôtre.

Ne soyons donc point effrayés de la grandeur de la circonstance; l'assemblée nationale et le roi veulent marcher à l'affermissement de la constitution. La paix ou la guerre se trouveront sur cette route; n'importe, le but est marqué, nous l'atteindrons. Il n'est aucun moment, depuis la révolution, dans lequel on ait dû trouver autant de bonheur à la défendre. Il a pu en coûter peut-être d'être d'un parti tout puissant, alors qu'il pouvoit abuser de sa force; mais on nous menace d'un assez grand nombre d'ennemis, pour faire cesser ce scrupule de la fierté; et quand le danger ennoblit encore une cause elle n'a plus que des soutiens dignes d'elle.

[ocr errors]

Nos. IX et X.

(Il n'existe pas de Pièces justificatives sous ces numéros.)

No. XI.

Lettre de M. de Laporte, intendant de la liste civile, au rédacteur de la partie politique de la feuille du Moniteur.

Paris, 27 janvier 1792.

On vient, monsieur, de me communiquer la feuille du Moniteur du 17 de ce mois, dans laquelle vous avez inséré une lettre où l'on avance que les ci-devant gardes

du roi émigrés sont payés sur les fonds d'un trésor qui est à Paris. Si, par ces expressions, on a voulu désigner, ainsi que plusieurs personnes se le persuadent, la caisse de la liste civile, je crois de mon devoir de démentir formellement cette assertion qui est dénuée de toute vérité. Je vous prie donc, monsieur, de recevoir et de rendre publique ma déclaration que, depuis le mois de juillet dernier, il n'a été fait, de la part du roi, aucune espèce de paiement aux individus composant ci-devant sa maison militaire, même à ceux résidans dans le royaume, attendu que les traitemens que sa majesté leur a assignés en retraites, ne sont payables que par semestre. J'ajoute (et les ordres que sa najesté m'a chargé de transmettre à cet effet à son trésorier, sont, depuis plusieurs mois, affichés dans ses bureaux), qu'aucun de ces paiemens ne peut s'effectuer, qu'en remplissant les formalités prescrites par les décrets de l'assemblée nationale, pour constater une résidence continue de six mois dans le royaume.

L'intendant de la liste civile,

Signé LAPORTE.

No. XII.

Lettre adressée par M. Bertrand de Moleville, ministre de la marine, au président de l'assemblée, et lue dans la séance du 2 février 1792.

M. LE PRÉSIDENT,

Paris, le 22 février 1792.

Plus nous approchons de l'époque de la revue de forma tion du nouveau corps de la marine, plus l'intérêt de la

nation me fait un devoir de rappeler, avec persévérance, au corps législatif la nécessité pressante de s'occuper des' réglemens de détail que je n'ai cessé de solliciter, et sans lesquels il est impossible de commencer l'organisation de cette partie importante de la force publique. J'ai eu l'honneur de représenter à l'assemblée, le 10 et le 16 de ce mois, combien il étoit indispensable qu'elle voulût bien mettre à l'ordre du jour les différens rapports que le comité de marine est sans doute prêt à lui faire, relativement au service des officiers militaires, tant à la mer que dans les arsenanx, et au nombre de ceux qui doivent être employés habituellement dans les ports. Je ne puis pas me dispenser de renouveler aujourd'hui les mêmes instances, et de supplier l'assemblée de considérer que c'est dans la détermination des fonctions et du service attachés à chaque grade, que consiste évidemment l'organisation de la marine, et qu'il n'existe encore aucune loi à cet égard. La levée ordonnée par le décret du 7 de ce mois, établira la formation du nouveau corps des officiers de la marine, et consommera la désorganisation de l'ancien. Mais je le répète, loin de commencer l'organisation de la marine, son effet nécessaire sera de paralyser et d'anéantir absolument toute espèce de service militaire, parce qu'aux termes de la loi du 15 mai, art. 26, les officiers actuellement employés ne peuvent continuer leurs fonctions que jusqu'à l'époque de la nouvelle formation du corps dé la marine, et qu'à cette même époque où l'exécution des anciennes ordonnances doit cesser, le service et les fonctions des officiers du nouveau corps n'étant fixés encore par aucune loi, ils doivent nécessairement rester tous dans l'inaction la plus absolue. C'étoit pour éviter une position aussi critique et aussi inquiétante, que j'avois cru devoir différer, comme mon prédécesseur, de publier la nouvelle liste, et je n'aurois pas balancé à différer encore, malgré

t

« PreviousContinue »