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et gouvernante des Pays-Bas, ont témoigné être sensibles à cette communication, et ont assuré que tous leurs voeux étoient pour la tranquillité générale et pour le bonheur de sa majesté.

MALTE.

POLOGNE.

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La lettre de notification a été remise dans

les formes accoutumées; on attend la réponse incessam

ment.

DANTZICK.

Tel est, messieurs, l'effet qu'a produit jusqu'à ce moment l'acceptation de la constitution par sa majesté. Tout annonçoit la réunion de la plus grande partie des puissances de l'Europe contre la France. L'intérêt qu'inspiroit la situation du roi en étoit le motif et le lien. Sa majesté, en acceptant la constitution, et plus encore peut-être par ses soins personnels, a éloigné le danger qui nous inenaçoit; et je puis vous dire que rien n'annonce, en ce moinent, aucune entreprise à laquelle de grandes puissances prendroient quelque part.

Je me livre, messieurs, d'autant plus volontiers à la satisfaction de vous donner cette espérance, que je ne crains pas, en remplissant ce devoir, de paroître chercher l'occasion de me faire valoir. Les démarches personnelles de sa majesté pouvoient seules avoir cet heureux effet; elles l'ont obtenu, et la reconnoissance lui en est due toute entière.

Le roi s'occupe, avec un intérêt peut-être plus particulier encore, du soin de ramener et de réunir dans un même esprit de paix et d'attachement à la patrie, tous les Français que les circonstances en ont éloignés. Ses vœux, ses déinarches, soit publiques, soit particulières, tendent sans cesse

å procurer ce rapprochement auquel son cœur est, si inté ressé pour le bonheur général et pour le sien propre. Mais, messieurs, le roi a besoin d'être aidé dans cet utile et vertueux dessein. De sages lois, le rétablissement de la tranquillité publique, la certitude de trouver la plus grande sûreté personnelle et une protection toujours efficace pour les propriétés; voilà les promesses dont le roi doit accompagner ses exhortations pressantes aux Français absens, de rentrer dans leur patrie. Ces moyens ne sont pas tous au pouvoir du roi; et les écrits pervers qui l'outragent chaque jour ́et qui restent impunis, peuvent faire douter que l'autorité soit respectée, et que la confiance soit rétablie : les insinuations perfides et vraiment criminelles dont on se sert pour inspirer de la défiance sur les intentions de sa majesté, peuvent rendre douteuse, au-delà des frontières, cette paix au nom de laquelle elle invite tous les Français à se réunir. Ce n'est pas, je le sais, le véritable patriotisme qui cherche ainsi ou à décourager le roi, ou à répandre des doutes sur la sincérité de ses intentions, puisque ceux que l'on regarde comme les ennemis de la constitution, tiennent le même langage. Je sais que ce reproche ne doit être adressé qu'à ces hommes dont les troubles et les dissentions forment tout le patrimoine et fondent toutes les espérances. Et peutêtre ces mêmes hoinines ne cherchent-ils à répandre des inquiétudes dans le peuple, que dans la vue de le porter à des mouvemens capables de provoquer les évèneinens qu'ils affectent de prédire. Le vœu général est, sans doute, le retour de l'ordre, de la tranquillité et du respect dû aux pouvoirs constitués; mais cette vérité peut-elle être connue à de grandes distances, si des actes publics n'en offrent la preuve ?

Au surplus, messieurs, cette émigration qui est devenue une espèce de maladie, et dont, sans doute, il est à desirer de voir finir le cours, est plus affligeante qu'elle

n'est inquiétante. Le roi a fait cesser le motif qui pouvoit lier les puissances étrangères à la cause des Français éloignés de leur patrie ; et de ce moment, que pourroient tous leurs efforts, en supposant même qu'ils eussent le projet de les diriger contre elle?

Dans les provinces belgiques, on ne leur permet aucun rassemblement. Lé gouvernement de Bruxelles a même depuis peu, redoublé de précautions pour éviter tout ce qui pourroit donner prétexte à regarder comme hostile, l'hospitalité qu'il leur accorde.

A Coblentz, où ils paroissent être en plus grand nombre, ils sont sans arines. Quelque part, enfin, qu'ils prissent une contenance véritableinent hostile, le devoir du ministre des affaires étrangères seroit d'en avertir le roi ; et, de concert avec les représentans de la nation, sa majesté prendroit les mesures nécessaires pour faire cesser, ou pour venger, contre ceux qui la souffriroient, une agression qui seroit alors caractérisée. Mais je le répète, messieurs, nulle entreprise hostile, appuyée par des troupes de grandes puissances, ne paroît à craindre en ce moment; et je présume que c'est le seul objet sur lequel vous attendiez des éclaircissemens du ministre des affaires étrangères.

A côté de ces motifs de sécurité, je dois, messieurs, vous en présenter, sinon d'inquiétude pour le moment, de dignes au moins d'une grande attention.

de la part de

Je ne saurois vous dissimuler qu'il existe, de la presque toutes les puissances étrangères, une défiance extrême à l'égard de la France, et dont les Français, que le desir de s'instruire, ou leurs affaires conduisent dans les pays étrangers, éprouvent journellement les effets. Cette défiance est telle, que plusieurs cabinets de l'Europe avoient conçu l'idée de briser, par une ligue commune tous les rapports des nations étrangères avec nous. Ce projet, praticable sans doute, devoit être repoussé par toutes les

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B

puissances commerçantes; mais il peut vous donner une idée de l'inquiétude qu'inspire aux nations étrangères toute communication avec nous. Il faut en chercher la cause, et en calculer les effets.

"

Les rapports des nations supposent des égards et un respect mutuel pour leurs différentes formes de gouvernement. S'il en est une qui veuille changer sa constitution, elle doit se renfermer dans son territoire, et ne pas prétendre faire adopter aux autres les principes qu'elle a pris pour base de la sienne. C'est ainsi qu'on a vu l'Angleterre et la Hollande éprouver de grandes révolutions, et faire respecter la constitution qu'elles s'étoient donnée, parce qu'elles respectoient elles-mêmes celles des autres. On nous accuse, au contraire, de chercher à propager nos principes, et à soulever les peuples contre les autorités qui les gouvernent. Je sais que ces accusations sont injustes, si on les fait porter sur la nation et le gouvernement; mais il n'est que trop vrai que des individus, mème des sociétés, ont cherché à établir dans cette vue des correspondances chez des peuples voisins de nos frontières; il n'est que trop vrai que presque tous les princes et presque tous les gouvernemens de l'Europe, sont périodiquement insultés dans les journaux incendiaires. Croyez, messieurs, que ces journaux et ces libelles rendent odieux le nom français dans les pays étrangers.

Les véritables ennemis de la constitution et de notre repos, ont grand soin de les y faire parvenir ; et ce moyen est un de ceux qu'ils emploient avec le plus de succès contre nous. Lorsque dans plusieurs occasions qui ne deviennent malheureusement que trop fréquentes, j'ai porté des plaintes des vexations qu'avoient éprouvées des Français, ou même, lorsque j'ai voulu leur faciliter l'accès des lieux où leurs affaires les appeloient, on m'a répondu, en m'envoyant quelques exemplaires de ces journaux, et en me demandant si on pouvoit prendre trop de précautions contre les indivi

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dus d'une nation qui toléroit une pareille licence. Cet état des choses vous paroitra, sans doute, messieurs, mériter de fixer votre attention. Mon dessein n'est pas de vous donner pour le moment des inquiétudes que je n'éprouve pas moi-même; mais chacun de vous sentira que si la France se maintenoit dans une position qui seroit regardée comme injurieuse à la plus grande partie des puissances de l'Europe', il seroit impossible de ne pas prévoir des malheurs et pour nos relations commerciales et même pour notre tranquillité.

Telle est, messieurs, notre situation politique dans les rapports généraux avec les puissances étrangères. J'espère que vous approuverez les bornes dans lesquelles j'ai cru devoir me renfermer. Il est des détails qu'une assemblée nombreuse, et pour sa propre dignité, et pour l'intérêt public, ne doit pas demander au ministre des affaires étrangères. S'il parloit toujours en citoyen exempt de craintes, il inspireroit une confiance que quelquefois il ne partageroit pas ; et s'il vous rapportoit les détails journaliers de ses correspondances, il s'exposeroit à provoquer une funeste défiance, sans aucune utilité pour la patrie.

Ces principes, messieurs, ont toujours été la règle de ma conduite; et après avoir, peut-être avec quelque courage, employé, pendant deux années, tous mes soins à dissiper les alarmes qu'on ne répandoit dans le public que pour l'agiter, j'ai eu la satisfaction de voir les événemens justifier ce que j'avois si constamment avancé. Il est d'ailleurs un thermomètre par lequel, sans interroger le ministre des affaires étrangères, une grande nation peut connoître à chaque instant sa situation politique. Ce thermomètre est l'état de ses finances, de son crédit public, de son armée, de sa marine et de sa tranquillité intérieure. Cet état est-il tel qu'on peut le desirer; la nation est respectée, son alliance est recherchée, ses droits sont maintenus. Cette vérité messieurs, ne vous échappera pas, et la France jouira bien

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