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SECRÈTE

DU

1

TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE,

CONTENANT

Des détails curieux sur sa Formation, sur sa Marche, sur le
Gouvernement Révolutionnaire ; et particulièrement sur
les Agens secrets, les Juges, les Jurés, les Chefs du Gou-
vernement; sur les Listes de proscription, les Parlemens,
les Fermiers-Généraux; sur les Conspirations imaginaires
des Prisons, et sur les Détenus en général, etc., etc.;

AVEC des Anecdotes piquantes sur les Orgies que faisaient les Juges et
les Jurés, et notamment sur les Déjeûners, les Dîners et les Soupers
secrets des meneurs de la Convention, et sur les parties fines de Clichy.

Pardonner n'est pas oublier.

PAR M. DE PROUSSIN ALLE.

TOME PREMIER.

A PARIS,

Chez LEROUGE, Libraire, passage du Commerce,
quartier Saint-André-des-Arcs.

1

AVERTISSEMENT.

PARDONNER n'est pas oublier. Ces quatre mots que nous avons pris pour épigraphe, paraîtront peut-être inconvenans aux personnes qui, depuis que Louis XVIII a daigné accorder un généreux pardon, prétendent que tous les Français doivent effacer de leur mémoire et oublier totalement les sanglantes catastrophes de la révolution. Essayons de justifier notre épigraphe.

L'homme peut pardonner : cela dépend de sa volonté; mais il n'est pas le maître d'oublier. La mémoire, ce don précieux du Créateur, naît avec nous et ne nous quitte qu'à la mort. La mémoire est notre guide pendant la vie; c'est par elle que nous combinons nos travaux, nos actions; c'est la mémoire qui crée l'intelligence, qui éveille le génie. L'homme qui naît et vit sans mémoire est un idiot : c'est le Crétin du Valais.

Mais comment oublier ces catastrophes sanglantes, lorsque l'Eglise en a consacré le souvenir, en convoquant chaque année, à des époques fixes, les fidèles pour demander à Dieu pardon des crimes commis dans ce temps déplorable?

Comment oublier ces crimes, lorsqu'on élève des monumens qui les retraceront sans cesse à nos yeux, et qui en porteront l'image à la postérité la plus reculée ?

Et, en voyant le tombeau de Louis XVI,

ij

martyr, comment oublier les hommes qui l'ont sacrifié?

Louis XII, parvenu au trône par le chemin de l'adversité, se fit donner la liste des officiers de l'ancienne cour. Plusieurs avaient desservi

le monarque auprès da Charles VIII. Louis XII mit une croix vis-à-vis de leurs noms. Ces officiers crurent que c'était le signe de leur proscription; ils s'enfuirent. Le roi les rappela en disant: « La croix que j'ai jointe à ces noms, » ne doit pas annoncer de vengeance : elle marque, ainsi que celle de notre Sauveur » le pardon des injures ».

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Louis XII, pardonnant à ses ennemis, n'avait pas besoin de mettre un signe devant leurs noms, pourrait-on dire. Sans doute; mais ce signe était nécessaire pour que le monarque ne les

oubliât pas.

Nous avons donc pu dire: pardonner n'est pas oublier.

N'oublions pas ces années terribles, pendant lesquelles on vit tout ce dont la perversité humaine est capable, quaud elle peut tout oser. Elles sont encore près de nous ces années, et notre caractère léger les rappelle à peine. Que le passé nous serve donc une fois de leçon. Ne disons pas, pour pallier nos erreurs, nos fautes, nos crimes, que la politique ensanglanta toutes les révolutions; qu'il n'est pas de peuple vierge de sang; que tous ont commis des meurtres, et des massacres privés et juridiques; que ceux qui ont déclaré la guerre à tous les sentimens d'honneur et de probité, étaient des hommes sans nom, sans

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