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moindre résistance; il en repart le soir même, et arrive à Lyon le 21, assez à temps pour pouvoir saluer l'Infante à son passage.

Le 22, il redescend le Rhône jusqu'à Beauregard et inpecte Oullens, Pierre-Bénite et Tournon. De retour à Lyon le 24, il se remet en route le 25 et arrive le 29 à Fontainebleau, après s'être arrêté à Roanne, Riom, Moulins, Cosne et Nevers.

Tel est le résumé succinct du mémoire du marquis de Paulmy; il nous donne un curieux aperçu des mœurs militaires de l'époque ; il nous fait une description fidèle de nos frontières du sud-est et du sud et nous montre comment on entendait alors la guerre de montagne. Les projets du marquis de Paulmy n'ont pu être tous mis à exécution; la hardiesse de quelques-uns a dû effrayer ses contemporains; d'autres n'ont pu être réalisés faute de ressources suffisantes. Le plus souvent, il a vu juste et notre système actuel de défense s'est souvent inspiré des mêmes idées.

Capitaine MAGNAN DE BORNIER.

LE RÉGIMENT DU ROI

(105 D'INFANTERIE EN 1791)

(Suite1.)

(Avec deux planches.)

Les Revues du Roi (suite).

1770.

Le Roy, désirant voir son régiment, le fit partir de Verdun le 1er et 3 septembre pour se rendre à Sens, où il séjourna un mois; il en partit le neuf octobre pour aller camper dans la plaine de Samoreau, près Fontainebleau, où il arriva le 10; Sa Majesté le passa en revue le 17, on fit plusieurs évolutions devant elle.

Sa Majesté fit, le 17, l'honneur à M. le duc du Chatelet de souper chez lui, sous des tentes que le Roy lui avoit fait prêter. Avant souper, MM. les officiers eurent tous l'honneur de faire leur cour au Roy pendant son jeu.

M. le duc du Chatelet a tenu l'état le plus splendide tout le tems que le camp de Samoreau a duré.

M. le Duc du Chatelet obtint que tous les soldats iroient visiter le lendemain les appartements de Fontainebleau, ce qui fut exécuté pendant une chasse qui se fit ce jour-là. Il avoit été dit à l'ordre que MM. les officiers pouvoient aller à la chasse du Roy, pourvu qu'ils ne fussent pas en uniforme.

Gráces accordées par Sa Majesté lors de cette revue.

M. A. Héricourt, lieutenant-colonel et maréchal de camp, la pre

1. Voir le 5o volume, page 677, et le présent volume, page 48.

mière place colonel qui viendrait à vaquer dans les Grenadiers de France pour son neveu capitaine au régiment.

M. Duplessis, major et colonel, le grade de brigadier, une pension de 1,000 sur l'ordre de Saint-Louis et l'assurance du dernier cordon rouge qui viendroit à vaquer dans le nombre des lieutenantscolonels du régiment.

MM. de Cambronne, Destrée, Denoüe, capitaines de Grenadiers d'Arsy, chevalier de la Salle, capitaine du Trochet, aides-major du Corps, chevalier d'Allonville, capitaine-lieutenant de la colonelle, des Commissions de colonel.

MM. de Saint-Gilles, Bouvoust, Thaloutte, La Roque-Menillet, Kerret, Charritte, Lanans, Chambrillac, lieutenants de Grenadiers, Forget, Marnezia, de Morges, Fresnay, Cardaillac, des croix de

Saint-Louis.

MM. de Marmande, capitaine, Kerret, capitaine aide-major, les deux premières pensions de blessés de 400 chacune, qui se trouveront vaquer; M. Kerret obtint de plus le grade de major.

MM. de Balivière et chevalier de Charras, à chacun une gratification annuelle de 500# sur le 4° denier.

M. de Satla, capitaine aide-major, une gratification de 500# sur

le 4o denier.

M. de Villemoront, 1 lieutenant de Grenadiers, la commission de capitaine et la première aide-majorité qui viendroit à vaquer dans une des premières places du Royaume.

M. Désoteux, chirurgien-major, une pension de 500#.

MM. de la Roque, Menillet, capitaines, le premier régiment donné aux capitaines du régiment du Roy.

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Les grâces dont on vient de lire la longue liste furent les adieux du vieux roi Louis XV à son régiment.

Avant de passer au règne de Louis XVI, le signataire demande au lecteur la permission de remonter jusqu'à l'an 1722, pour signaler un document retrouvé dans un de ses cartons de vieux plans. C'est une planche topographique à très grande échelle représentant le théâtre du simulacre de siège exécuté cette année-là par le Régiment du Roi aux portes de Versailles. Elle s'étend, dans sa plus grande dimension, depuis Viroflée (sic) jusqu'à Montbouron. Le titre porte:

Camp et fort de Montreuil et de Porchefontaine. Premier ouvrage de fortification et représentation d'un siège fait en présence du Roi Louis XV, pour son instruction et divertissement, sous l'heureuse Régence de S. A. R. M. le Duc d'Orléans et sous le Ministère de M. Le Blanc, secrétaire d'État de la guerre dans aoust et septembre 1722.

Dédié à M. le Marquis de Pezé, Gouverneur de Rennes, Mestre de Camp et Inspecteur du Régiment du Roy.

Le fort, présentant un double front bastionné, ouvert à la gorge du côté de Versailles, est entièrement revêtu avec ses dehors réguliers. Il est placé en face de la ferme de Porchefontaine, de l'autre côté de l'avenue de Versailles; le plan montre le tracé complet des travaux d'attaque. Les tentes du Régiment du Roi s'alignent, en arrière de la ferme, sur un plateau à la lisière d'un bois. Les troupes sont figurées comme dans une vue cavalière, c'est ainsi que l'on voit les Gardes du corps et les Mousquetaires exécutant les opérations de l'investissement, puis le détail des différents postes des deux partis. Le jeune Roi est à cheval à la tête de sa Maison. A la queue de la première parallèle, dans les jardins de Montreuil, un cavalier a été élevé pour permettre à Sa Majesté d'embrasser l'ensemble des travaux. Quant à la Reine, c'est-à-dire la petite Infante amenée tout nouvellement d'Espagne pour épouser ce Roi de treize ans, son observatoire est dans le clocher de l'église du même village.

Étant donnés l'agrément du site choisi, ainsi que l'élégance des costumes et des uniformes sous la Régence, on entre voit, pour peu que l'on y réfléchisse, une série de jolis tableaux militaires que les peintres du temps ont eu grand tort de ne pas nous laisser. L'auteur du plan, le sieur Daudet, géographe du Roy, l'un des quatre géographes attachés à l'opétion, a du moins légué à la postérité ces quelques vers de sa façon :

LE ROY court avec Mars sans quitter son repos.
Mars sans quitter le sien court avec ce héros.
A son åge en est-il de plus grand sur la terre ?

Les troupes dans son camp marchent à ses souhaits.

Il en fait son plaisir, il en fait son tonnerre,

Et par le noble accord de ses divers attraits,

S'il nous fait voir la Paix au milieu de la guerre,

Il présente la guerre au milieu de la Paix.

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