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LE « CARNET » ET LE MUSÉE

Je viens de consacrer à notre revue six des dernières années de ma vie, de celles dont on ne retrouve jamais l'équivalent. Personne ne s'étonnera donc, je l'espère, qu'en renonçant à sa direction, j'éprouve le besoin de prendre congé de ses lecteurs. En accomplissant à leur intention ma tâche solitaire, j'ai bien souvent regretté de ne point connaître personnellement la plupart d'entre eux, mais je n'ai jamais oublié que je comptais dans leurs rangs beaucoup de mes anciens chefs et camarades. Je ne cesserai pas de dédier aux uns et aux autres la part de besogue que je me réserve encore aujourd'hui.

Le Musée historique de l'armée et le Carnet de la Sabretache sont, en effet, pour moi, deux manifestations concordantes d'un même sentiment, exclusivement national et franchement militaire. Honorer l'ancienne armée en la faisant mieux connaître, montrer la chaîne de nobles traditions qui la lient sans discontinuité à l'armée actuelle, chercher dans les grands exemples qu'un tel passé nous a légués la conscience de notre force et le ferme espoir de réparer nos revers: tel m'était apparu, dans sa signification la plus haute, le mouvement d'opinion qui fit le succès moral de l'exposition militaire rétrospective de 1889; telle fut aussi la pensée dont notre société, née de cette exposition, s'inspira dès l'origine. Très peu nombreuse au début, elle avait le devoir d'être modeste et se plut à ne point afficher tout d'abord son ambition patriotique, en professant spécialement le culte de la peinture militaire et de tous les souvenirs et traditions de l'armée. Malgré cette réserve, peutêtre même, au contraire, à cause de l'attitude discrète observée par la Sabretache, le caractère purement national revendiqué par elle et le but immédiat qu'elle poursuivait en réclamant la création d'un musée permanent de l'armée, lui valurent bientôt le patronage de

plusieurs de nos généraux les plus connus et la sympathie de beaucoup d'officiers. L'année même où la société entreprit la publication d'une revue militaire rétrospective destinée à devenir son véritable instrument de propagande, le ministre de la guerre lui accorda l'inappréciable privilège de pouvoir compter dans ses rangs et plus encore, parmi les collaborateurs avoués de sa revue, les officiers de l'armée active. Ce haut encouragement, cette marque spontanée de confiance, conférèrent dès lors au Carnet de la Sabretache un caractère spécial d'où résultent incontestablement de sérieux devoirs. Ils lui reconnaissaient un but élevé qui détermina son orientation définitive.

La grandeur du but n'entravait pas d'ailleurs le libre jeu de notre société, pas plus qu'elle ne limitait l'essor littéraire ou artistique de ses membres, mais elle éclairait notre drapeau et montrait à tous la ligne où devaient se former nos faisceaux.

Libre à chacun de chercher dans l'œuvre commune le meilleur emploi de ses aptitudes personnelles avec la satisfaction de ses goûts particuliers, il suffit que la pensée fondamentale reste la même et soit toujours visible dans les actes et les publications de la société. Cette communauté d'un sentiment profondément et exclusivement patriotique est en effet le seul lien qui puisse garantir l'union des membres de la Sabretache et leur permettre de continuer à se recruter dans l'armée elle-même comme en dehors de ses rangs.

Soutenu par cette conviction, je n'avais pas craint, malgré mon très peu de compétence littéraire, d'accepter bénévolement la direction effective du Carnet de la Sabretache; dépourvu, pour la besogne journalière, de tout personnel secondaire, j'ai dès lors donné, sans compter et sans désemparer, mon temps et mes peines à cette mission nouvelle. Partisan convaincu de l'unité d'impulsion, je vis un avantage réel à joindre d'abord la direction de la revue à celle du musée, dont m'honora le ministre qui le créa, car le musée naissant avait évidemment besoin d'un organe de publicité pendant sa période de première formation. Aujourd'hui cette double tâche étant devenue trop lourde, surtout en l'absence de tout collaborateur permanent dans la rédaction du Carnet, mon devoir était de reconnaître mon insuffisance et de me dégager d'une

publication aussi absorbante, pour me consacrer exclusivement au musée dont j'ai la charge officielle.

Il m'a paru que je devais à tous mes confrères de la Sabretache l'exposé des vues dont je m'étais inspiré pendant six longues années et aussi l'explication de cet abandon de ma tâche première. Il n'est certainement pas dû à un manque de persévérance, car on ne quitte pas sans de vifs regrets un terrain où la moisson historique pourrait être si riche, eu égard à la magnifique ampleur du sujet et aux immenses ressources de nos archives militaires. J'ai toujours eu conscience de la disproportion des résultats obtenus jusqu'ici; c'est donc avec sincérité que je m'excuse de n'avoir pas su faire mieux et davantage. Je n'en remercie que plus vivement tous ceux qui m'aidèrent ou me manifestèrent une réelle sympathie; le nom des premiers est inscrit dans le Carnet et permet de mesurer la part considérable qu'ils ont prise à sa bonne composition.

Plus nombreux et mieux outillés, je le désire, mes successeurs, parmi lesquels j'ai la satisfaction de compter en bonne place un officier, écrivain remarqué, qui s'était fait pendant près d'un an mon actif collaborateur, sauront développer l'œuvre, en maintenant l'élévation de son but; ils continueront aussi au musée, j'en ai le ferme espoir, l'utile concours de notre revue, car, je le répète, le musée et le Carnet se tiennent forcément, ils poursuivent le même idéal.

31 décembre 1898.

Gal VANSON.

BULLETIN DE LA « SABRETACHE »

Dans sa réunion de ce mois, le Comité de la Sabretache a nommė membres de la Société :

MM. Louis Besson, garde général des forêts; Bolot, sous-intendant militaire; Hulot, capitaine au 16 dragons; Pâris de Bollardière, capitaine d'infanterie de marine; Lucien Sergent, artiste peintre.

Les comptes de l'exercice 1898, présentés par le Trésorier, ont été approuvés comme suit :

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Dépenses.

Impression et expédition du Carnet de 1898. Illustrations du Carnet terminées et en cours d'exécution

Traductions et copies de documents

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Reproduction et tirage de deux planches de l'Album. .

Emballage et expédition sous pli recommandé

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Imprimés divers, liste des membres

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En dehors du solde créditeur ci-dessus, une somme de 2,862 fr. 60 c., reliquat de la « Souscription de la Sabretache» et des crédits alloués par le Comité à la Commission d'achat, reste disponible pour l'acquisition d'objets à offrir au Musée de l'armée.

Le dîner du 19 décembre a réuni, sous la présidence de M. Ed. Detaille, cent vingt-deux convives. Grâce à l'extrême obligeance de notre collègue, M. Paul Gers, ils ont pu assister dans la soirée à une séance de cinématographie dont la perfection a soulevé à maintes reprises les applaudissements des spectateurs.

Le Président informe les membres de la Sabretache que M. Onfroy de Bréville a très aimablement mis à la disposition de ses

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