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fort utiles pour aller en reconnaissance, car on manquait de cavalerie; on les reçut avec joie.

Le lendemain, en effet, ces jeunes militaires allèrent à la découverte sur différentes routes. On entendit tout le jour le canon du côté de Soissons. On conjecturait que l'armée de Bülow, campée sur les hauteurs, attaquait de nouveau cette ville, pour en faire un point de retraite pour le corps d'armée que l'Empereur repoussait de Meaux. Celui-ci l'attaqua en effet, avec toutes ses forces et avec une vigueur proportionnée au besoin qu'il avait de ce passage. Les 1,500 hommes, presque tous Polonais, qui composaient la garnison, après avoir défendu la place pendant trente heures, capitulèrent et obtinrent des conditions honorables'. Bülow ne fit que traverser la ville en toute hâte, pour se porter avec toute sa cavalerie vers Meaux par Villers-Cotterets. Cette opération était pour les ennemis de la plus haute importance et mit Napoléon dans un grand embarras. Le vendredi, 4 mars, à 4 heures du matin, on vit arriver à Compiègne la garnison de Soissons avec armes et bagages et six pièces de canon; elle avait été obligée d'en laisser quatorze faute de chevaux pour les emmener, et de les enclouer pour en priver l'ennemi. Les Polonais disaient qu'ils avaient perdu 200 hommes, entre autres un de leurs meilleurs capitaines, mais qu'ils avaient fait périr un bien plus grand nombre d'ennemis.

1. A son passage à Compiègne, cette garnison comprenait un bataillon du régimeut de la Vistule, 700 hommes; un escadron d'éclaireurs à cheval de la Garde impériale, 80 hommes; une compagnie d'artillerie à pied (vieille Garde et canonniers gardecôtes), 140 hommes; un détachement du train d'artillerie. (M. Montagnon, p. 14; H. Houssaye, p. 138, d'après le rapport du général Moreau, 4 mars.) Il y avait, en outre, 300 gardes nationaux dans la ville.

2. M. Montagnon écrit le 3, dans la soirée (p. 14).

(A suivre).

BULLETIN DE LA « SABRETACHE »

Le Comité de la Sabretache a repris ses réunions le 31 octobre. Il a entendu la lecture de douze lettres de présentation et s'est occupé

du Carnet de 1899.

L'état de santé de M. le commandant Guitry ne lui permettant pas pour le moment de remplir les fonctions de Secrétaire-Trésorier, M. A. Millot en fera l'intérim jusqu'à nouvel ordre.

Le Secrétaire-Trésorier par intérim,

31 octobre 1898.

A. MILLOT.

AVIS IMPORTANT

Les membres de la Sabretache recevront, vers le 15 novembre, sous pli recommandé et par les soins de la maison Boussod, Manzi et Cie, 24, boulevard des Capucines, les deux planches en couleur dont il est parlé page 592 du présent Carnet. Si ces planches tar daient à leur parvenir, ils voudront bien les réclamer à la poste ou

à la susdite maison.

Le Gérant: A. MILLOT.

NOUVELLES DU MUSÉE

Ouverture de la salle Bugeaud.

La section coloniale du Musée.

Une lettre de M. le général Galliéni.

Les quatre principales des salles du Musée de l'armée situées aux 2 et 3 étages, vieilles et vastes chambrées de soldats invalides, soigneusement revernies, parquetées, cloisonnées, et dont on construit actuellement l'ameublement, ont conservé les noms superbes qu'elles portaient dans l'ancienne organisation de l'hôtel : Louvois, d'Hautpoul, d'Assas, La Tour d'Auvergne. Par analogie, comme aussi pour la facilité du langage et des indications, les deux grandes salles des armées» au rez-de-chaussée, porteront désormais les dénominations suivantes: Salle Turenne (ex-réfectoire des officiers), Salle Bugeaud (ex-réfectoire de la troupe). En même temps qu'ils sont un premier indice des périodes différentes résumées dans les deux salles, ces noms correspondent aux souvenirs placés respectivement à l'entrée de chacune d'elles: le boulet qui tua Turenne; la statuette du vainqueur d'Isly en attendant peutêtre la légendaire casquette.

La salle Bugeaud, dont les travées commencent actuellement par les campagnes d'Algérie, la prise d'Alger comprise, sera définitivement ouverte au public en décembre; elle est cependant loin d'être parachevée. De par la nature même du Musée, elle ne pourra se compléter qu'à la longue, par des dons et au moyen des perfectionnements successifs en résultant dans son agencement. Cependant, grâce surtout aux aquarelles du ministre de la guerre, les différentes guerres ou expéditions de nos armées contemporaines que cette salle doit rappeler aux visiteurs, semblent être déjà assez

CARNET DE LA SABRET.

N° 71.

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clairement caractérisées pour que la pensée générale du Musée apparaisse.

Les troupes de chaque période commencent aussi à être représentées, en regard des faits, par des uniformes en nature, de manière à montrer les modifications successives dans leur tenue et à laisser voir quelque chose des soldats qui gagnèrent les batailles. Des portraits et des reliques de quelques-uns de leurs chefs, complètent cet ensemble et finiront, on l'espère, par donner au Musée dans quelques années, la signification morale d'un petit panthéon militaire. Dans ce but et en outre des étiquettes explicatives, on s'efforce de réserver des emplacements pour indiquer près des tableaux, la composition des troupes victorieuses. Les trophées plus spécialement régimentaires sont destinés aux salles des étages supérieurs.

Les périodes militaires représentées au Musée y apparaissent dans l'ordre chronologique, la dernière partie de la salle Bugeaud est en conséquence consacrée aux dernières expéditions coloniales, aux troupes de la marine et des colonies qui jouissent maintenant presque exclusivement du privilège de faire campagne, et dont leurs camarades de l'armée de terre envient les prouesses en attendant mieux 1.

Nous sommes heureux d'avoir aujourd'hui une sérieuse occasion de parler de cette partie coloniale du Musée, pour faire con naître ce qu'elle semble appelée à devenir.

Lorsqu'il approuva, à la fin de 1897, la préparation effecti ve au Musée de l'armée d'une partie spéciale à nos expéditions coloniales, M. le général Billot demanda et obtint, sans peine, de ses collègues de la marine et des colonies, la promesse de leur indispensable concours. Le ministre des colonies désigna, le 19 janvier, M. le li eutenant d'infanterie de marine Olivier, attaché à son cabinet (se ction

lirail

1. Les dernières troupes spéciales créées dans l'armée de terre vont aussi pouvoir y être représentées. MM. les capitaines Pierron, commandant la compagnie des leurs sahariens à El-Goléa, et Germain, commandant le premier escadron de Spalis sahariens au fort Mac-Mahon, ont fait parvenir au Musée les uniformes complets de leurs soldats, accompagnés de photographies bien comprises et de notices explicatives. Le second de ces officiers a bien voulu joindre à cet envoi officiel, le don personnel des effets de harnachement du modèle usité dans son escadron.

géographique), pour représenter son département dans la commission d'organisation du Musée. La compétence spéciale de ce jeune officier, arraché au service actif par un accident cruel, avait pour gage la publication, depuis plusieurs années, d'un annuaire des troupes de la marine, faisant connaître l'organisation des services. militaires dans nos colonies et contenant d'intéressantes notices historiques. La collaboration du ministère des colonies ne tarda pas à prendre une forme plus accusée; comme on va le voir, il est permis de penser aujourd'hui qu'elle dotera le Musée d'un élément d'actualité rajeunissant ses vieux souvenirs et répondant aux préoccupations nouvelles du pays. - Pourquoi, par exemple, n'y verrait-on pas bientôt un des drapeaux tricolores arborés à Fachoda par le commandant Marchand et sa vaillante troupe? Tout amer qu'il soit devenu, ce souvenir est certes utile à garder!

Dès le mois d'avril dernier, le ministre avait fait connaître aux chefs de toutes nos colonies, l'organisation d'une section coloniale au Musée de l'armée et les avait invités à en faciliter l'organisation, en insistant sur l'ordre d'idées dont cette création se recommandait. Malgré les complications résultant de l'éloignement et de l'enchevêtrement des services, de premiers résultats ont été obtenus.

Il convient d'en remercier M. le général Archinard, dont l'heureuse initiative y a puissamment contribué.

Deux tenues complètes de tirailleurs annamites sont parvenues de Saigon au Musée, accompagnées de notices et de photographies permettant de les ajuster convenablement sur des mannequins à construire au Musée. L'armement et l'équipement correspondants sont demandés aux services compétents, en France.

D'autre part, M. le capitaine d'infanterie de marine Annet, commandant des troupes stationnées dans les établissements français de l'Inde, a rendu compte, de Pondichery, le 26 septembre, qu'il avait réussi déjà à reproduire les différentes tenues (grandes et petites) portées depuis 1802 dans le corps des Cipahis, qu'il les expédierait prochainement et allait étendre ses recherches au XVIIIe siècle.

1. Nous apprenons que cet envoi est en route.

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