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les prérogatives; il prit rang après les cinq Petits-Vieux et le régiment de Beaumont, qui, depuis, a été Saint-Vallier, lui céda sa place par accommodement d'argent.

Le régiment avoit pour enseigne une croix blanche semée de fleurs de lys d'or, les premier et quatrième cantons ou quartiers rouges, les second et troisième verds; le drapeau a été changé en 1753, et au lieu de verd a été mis en bleu.

1719-1733.

De 1719 jusqu'en 1733, Louis XV voulut voir plusieurs fois son régiment, il le fit camper dans la plaine des Sablons en 1720 et en 1721 à Vincennes, pour être à l'entrée de Mahomet Effendy, envoyé turc. En 1722, il reçut des ordres pour se trouver encore à Vincennes à l'entrée de l'Infante; au mois de septembre de cette même année, il campa près de Versailles; le Roy (qui n'avait pas encore treize ans) voulut que son régiment lui donnât les premières teintures de la guerre; pour cet effet, il fit construire un polygone joignant Versailles, qui fut attaqué et défendu par son régiment l'espace de vingt jours, pendant lequel temps il n'a pas manqué un seul jour d'y venir; on n'oublia rien pour lui donner une idée de tout ce qui se passe dans le siège le plus régulier. Le Roy répandit à la fin plusieurs grâces sur les officiers de son régiment. En 1732, il le fit camper près de Fontainebleau et vint le voir presque tous les jours l'espace de huit jours qu'il y fut.

1734.

Sur la fin de la bataille de Guastalla, le régiment du Roy donna des marques d'une valeur qui n'a guère d'exemples. Lorsque MM. les Maréchaux s'apperçurent que le feu était beaucoup diminué, ils firent relever le régiment du Roy par la brigade d'Auvergne et le firent monter par une petite broussaille qu'il y avait sur la gauche ; il se mit en bataille à la sortie et se trouva sur le flanc de la cavalerie des ennemis, qui étoient toujours aux mains avec la nôtre; ils pouvoient en être à 250 pas, il fit grand feu dessus; s'é

tant aperçu que les coups de fusils ne faisoient pas grand effet à cause de l'éloignement, il envoya ses piquets cinquante pas en avant pour pouvoir faire feu avec plus d'avantage; ils ne furent pas à une vingtaine de pas que quantité de soldats sortirent du rang pour les suivre et un moment après tout le régiment. Lorsqu'ils se trouvèrent à une portée suffisante, les soldats firent grand feu sur le flanc de cette cavalerie qui, dans le moment, prit l'épouvante et abandonna le champ de bataille à l'infanterie. Aussitôt qu'elle eut plié, leur infanterie ne songea plus qu'à faire retraite; le régiment du Roy demanda à les suivre, il perdit beaucoup de monde, les ennemis étant placés de manière à faire des décharges sans qu'on pût les voir.

1736.

La paix étant faite, le régiment du Roy reçut les ordres pour partir le premier de mai; le neuf, il eut séjour à Setho, gros village à trois milles de Turin. MM. les officiers profitèrent de ce séjour pour aller faire leur cour au Roy de Sardaigne, qui les reçut avec toute la politesse imaginable; ils furent présentés à Son Altesse Royale Monseigneur le Duc de Savoye par M. le Duc de Biron. Ce prince leur dit, entr'autres choses très agréables, qu'il n'oublieroit jamais les obligations qu'il avoit au Régiment du Roy. Le Roy établit cette même année des écoles de mathématiques, de dessin, de langues et d'armes pour l'instruction des officiers. de son régiment. Il voulut bien encore, pour donner la facilité aux capitaines de remettre leurs compagnies des pertes qu'elles avoient faites pendant les campagnes de l'Italie, que les commissaires des guerres passassent pendant une année le régiment complet.

1736-1739.

Pendant cette dernière année, le Roy fit camper son régiment à Compiègne, il y avoit aussi quelques détachements d'infanterie et un d'artillerie; on y avoit fait construire un poligone, dont on fit le siège en règle. M. Dallemans, lieutenant-colonel, étoit gouverneur de la place; outre les batteries ordinaires, on avoit fait faire

des bombes de carton qu'on chargea avec de la poudre; l'une d'elles, partant du fort, tua en tombant un sergent suisse. On y donna aussi des simulacres de bataille et de passage de rivière'.

Le Roy accorda plusieurs grâces à son régiment. M. le chevalier Dallemans fut fait commandeur de l'ordre de Saint-Louis, avec la pension de 3,000#.

M. Destrée, commandant le deuxième bataillon, obtint un bon pour être fait brigadier à la première promotion; il lui fut en outre accordé 1,000" de pension sur le 4 denier.

M. de Vesne, major, qui, la même année qu'il obtint la majo

1. Le sixième abrégé de Lemau de la Jaisse contient sur ce camp une relation dont nous extrayons les détails complémentaires qui suivent :

Camp de Compiègne, formé depuis le 14 juillet 1739 jusques et compris le 21 de ce mois.

Le Roi, ayant voulu donner à Monsieur le Dauphin une idée de la manière d'attaquer et de défendre une place, et de plusieurs autres opérations de guerre, Sa Majesté fit élever un poligone vis vis de la terrasse du château de Compiègne, dans la plaine qui est entre cette ville et la forêt. On fit venir de La Fère le bataillon du régiment Royal-Artillerie, composé de 52 officiers et de 560 hommes, commandé par M. de la Bory, brigadier d'armée, avec l'École d'artillerie, commandée par M. le Che valier d'Abouville, lieutenant provincial, pour l'attaque du poligone, sous les ordres de M. de Valiere, lieutenant général des armées et lieutenant général de l'artillerie; et on établit de l'autre côté de la rivière une batterie de canons et de mortiers, pour en faire une école d'artillerie.

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Le régiment du Poi, Infanterie, composé de 216 officiers et de 2,040 soldats, destiné à attaquer et à défendre le poligone, se rendit le sept de ce mois au village de Venette; et le Roi, accompagné de Monsieur le Dauphin, le vit arriver et former son camp dans la prairie. Le neuf, le Roi fit la revue de son régiment; Sa Majesté, après avoir passé à la tête des bataillons et dans les rangs, fit faire l'exercice, après lequel toutes les compagnies défilèrent devant le Roi, qui parut très content de l'éclat dans lequel il avoit trouvé son régiment, et qui eut la bonté d'en marquer sa satisfaction au Duc de Biron.

Le douze, le régiment du Roi, s'étant partagé en deux corps, donna à la Reine et à Monsieur le Dauphin le spectacle de l'attaque d'un camp et d'un combat. Le lendemain, le régiment du Roi passa la rivière d'Oize sur un pont de bateaux, dont l'établissement fut favorisé par une fausse attaque, faite au-dessus de l'endroit où on vouloit le jeter. Le quatorze, la tranchée fut ouverte devant le poligone par deux boyaux conduisant à une parallelle qui embrassoit tout le front de l'attaque. Les jours suivans, ces travaux furent perfectionnés; on établit des batteries de canons et de mortiers, on forma une seconde parallelle, on ouvrit des sapes, on fit porter des fascines par les détachemens des compagnies des Mousquetaires de la Garde; on attaqua les lunettes, on emporta le chemin couvert; on y établit des logemens, qui furent renversés par l'effet de plusieurs mines; on fit la descente du fossé, et le 21 au soir on se prépara à donner un assaut, lorsque M. le Chevalier d'Allemans, brigadier d'armée et lieutenant-colonel du régiment du Roi, qui défendait le polygone, se voyant serré de près, arbora le drapeau blanc et battit la chamade, puis demanda et obtint une capitulation qui lui fut accordée, après laquelle le Roi vit défiler la garnison, qui sortit avec les honneurs de la guerre et deux pièces de canon et salua Leurs Majestés.

rité, avait eu une pension de 1,000# sur le 4° denier, en obtint une de pareille somme à la même revue.

Il fut accordé en outre 5 pensions de 500" chacune, en augmentation de celles qui existoient alors dans le régiment, que l'on donna à l'ancienneté des capitaines, premiers à en avoir.

Il fut donné encore quelques augmentations de celles qui existoient à quelques officiers qui en avoient déjà.

Le Roy accorda aussi neuf croix de Saint-Louis.

Le double des gratifications qu'il accorde chaque année pour être distribuées aux capitaines.

1742.

... Le régiment se fit le plus grand honneur dans la sortie qui eut lieu, à Prague, le 22 août à 2 heures de l'après-midi. Le régiment ayant eu pendant l'affaire un de ses drapeaux brisé en deux par un boulet, le comte de Chapt, enseigne et pour lors très jeune, le portait dans cet état; quelques soldats ne voyant pas le drapeau crient qu'on l'a perdu, ils décident qu'il faut aller le chercher. Tout le régiment marche aux ennemis, les attaque et se rend maître une seconde fois de leurs ouvrages. Le duc de Biron, son colonel, s'y couvrit de gloire; quand on mit le premier appareil aux deux blessures très dangereuses qu'il avait reçues, il s'écria: Peu importe! je suis content, le régiment du Roi a soutenu sa réputation!

1747.

Le régiment continua à servir dans l'armée du Roy, il se trouva à la bataille de Laufeld; il fut placé en arrivant sur le terrein vis-à-vis le village de ce nom, où, en attendant son tour de marcher, il souffrit beaucoup d'une batterie de canon qui étoit en face de lui; plusieurs brigades firent trois attaques différentes pour s'emparer de ce village, où étoient les principales forces des ennemis, sans avoir pu y parvenir; le gain de la bataille dépendoit de sa prise.

M. le Maréchal de Saxe envoya ordre à M. le marquis de Salières d'y marcher avec les brigades de la Tour-du-Pin, du Roy et

d'Orléans, mais n'ayant pas assez de munitions de guerre on dut leur en distribuer. Le tems qu'il falloit y employer devenoit précieux; M. le Maréchal de Saxe, impatient de ce qu'elles ne marchoient pas, en envoya sçavoir la cause; M. le comte de Guerchy, colonel du régiment du Roy, alla lui en rendre compte; il lui représenta qu'en attendant que les deux autres brigades eussent reçu leurs munitions, on pourroit faire marcher la sienne, suffisamment pourvue de poudre et de balles. Ce général lui sut bon gré de son zèle, et lui montra du doigt la besogne. Le colonel partit sur-le-champ et saisit très bien l'objet, jugeant que tant que les ennemis pourroient faire filer des troupes dans le village, on ne pourroit jamais s'y maintenir. Sans s'amuser à demander de nouveaux ordres, et voyant que ses deux bataillons de la droite et ses quatre compagnies de grenadiers étoient entrés dans le village, il tourna les hayes avec ses deux bataillons de la gauche et se porta tout de suite au chemin creux, par où la colonne des ennemis communiquoit avec Laufeld'; la brigade de la Tour-du-Pin, celle d'Orléans suivirent avec vivacité les deux derniers bataillons du régiment du Roy. M. le Maréchal de Saxe courut sur-le-champ se mettre à la tête de ces troupes et attaqua les colonnes des ennemis qui soutenoient le village; il les força à se replier en désordre sur le reste de leur armée, qui se retira sous Maëstrick.

Le régiment du Roy perdit à cette bataille 500 hommes, tant tués que blessés, et plusieurs officiers. M. le comte de Guerchy y fut blessé.

1753.

Le Roy fit venir son régiment à Compiègne pour en faire la revue, les grâces principales qui y furent accordées furent:

1o Le cordon rouge à M. de Croismare, lieutenant-colonel, qui n'a jamais porté la croix de Saint-Louis, et pour lequel on obtint du grand maître de Malthe la permission de garder la croix de l'ordre avec le cordon rouge;

2o Les deux derniers commandants de bataillon qui n'étoient pas encore brigadiers obtinrent ce grade;

29° Les deux derniers capitaines de grenadiers qui n'étoient pas

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