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LE RÉGIMENT DU ROI

(105 D'INFANTERIE EN 1791)

(Fin'.)

(Avec une planche en couleur.)

Le régiment du Roi à Nancy.

Nous ne raconterons pas ici l'insurrection militaire qui termina si trisment à Nancy la brillante histoire du régiment du Roi, les détails en ont été publiés dans les relations du temps. Notre intention est simplement de terminer cette notice en publiant une série de lettres qui sont beaucoup moins connues, bien qu'elles éclairent les origines de cette malheureuse affaire. On les trouvera plus loin.

Auparavant, nous demandons au lecteur la permission de revenir de quelques années en arrière, pour mettre sous ses yeux une communication due à la courtoisie d'un membre de la Sabretache, M. Georges Marquiset, de Besançon. La bibliothèque de cette ville possède un manuscrit où, entre autres souvenirs locaux, se trouve relatée en détail une fête Connée par le régiment du Roi à ses vétérans, le 5 février 1772. Après le camp de Fontainebleau en 1770, le régiment était revenu à Besançon, d'où il se transporta à Nancy en septembre 1772.

Le récit du chroniqueur bizontin est accompagné du texte d'une longue chanson, faite pour la circonstance, sur l'air: Malgré la bataille qu'on livre demain, et dont nous reproduisons les principaux couplets, afin de conserver toute sa couleur à cette fête caractéristique du régiment qui la

donna.

1. Voir le présent volume, page 98.

2. Annales de Besançon, par Grimont, 3 volumes.

CARNET DE LA SABRET, — N 65

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Fête des vétérans.

MM. les officiers du régiment du Roi ont donné une fête des plus brillantes pour la réception de leurs vétérans. Premièrement, ils ont fait aplanir le manège couvert qui est devant le quartier de la cavalerie, y ont fait mettre une table de quatre-vingt-seize pieds de longueur sur dix-huit de large, où l'on avait mis le couvert.

On y servit le dîner auquel était invité Son Éminence le cardinal de Choiseul, archevêque de Besançon; Chifflet, premier prési dent; de Grammont, lieutenant-général; Cossigny, directeur du génie; de Masy, commandant l'artillerie, maréchaux de camp; Damoiseau, brigadier, et tous les officiers de la garnison, ainsi que les vétérans des régiments d'Auxonne et de la Reine (dragons). La Feuillade, le plus ancien des vétérans, était à côté de M. le maréchal de Lorge, et Saint-Antoine, tambour-major, était vis-à-vis. On dîna bien, et MM. les officiers du régiment du Roi étaient debout et avaient attention de faire servir les convives; on rit beaucoup, on chanta, on but à la santé du Roi, à Son Éminence, au maréchal, au premier président, ensuite à toute la table; ce fut un divertissement des plus complets.

Le dîner fini, on passa dans le manège découvert, que MM. les officiers du régiment du Roi avaient fait planchéier et où ils avaient fait mettre un plafond. Une charpente tendue de toile formait une belle salle, laquelle était tapissée et garnie de glaces, de lustres et de gradins; aux quatre coins étaient de petits échafauds pour mettre les musiciens qui devaient jouer au bal. Au bout de cette salle était un petit salon, aussi tapissé et orné de glaces, où il y avait un fourneau pour l'échauffer, lequel était destiné pour ceux qui voudraient jouer. Au bout de la salle du bal étaient deux grands cabinets, destinés, l'un pour les liqueurs fraîches, et l'autre pour les vins. Les restes du diner furent donnés aux soldats du régiment qui étaient de garde pendant le dîner et à ceux qui servaient à table.

Le nommé La Feuillade commença le bal avec la marquise de Saint-Simon, épouse de M. le marquis de Saint-Simon, commandant en second, et quand il eut dansé il eut l'honneur d'embrasser

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