ONSIEUR le Prefident Jeannin fut fi grand & fi admirable, que c'eft affez du recir de fa vie & de fes he-, roïques actions, pour faire voir qu'il eft au deffus de toute louange, La ville d'Autun, appellée autrefois foeur de Rome, a la gloire d'avoir donné cét Illuftre Senateur à la France; & file Senat Romain euft en-¡ core efté maistre de l'Univers en ce temps-là, il auroit eu jalousie de le voir naistre autre part qu'à Kome. Il fit voir dés fa jeuneffe ce qu'il pourroit eftre qu'il pourroit eftre dans un âge plus avancé, & eftant fils d'un Pere un acces de tres-grande vertu & de tres grand fens, il mef nagea fi bien ce qu'il en avoit herité, que fur ce: fonds il baftit les moyens de parvenir à cette haute capacité qui luy a fait executer tant de grandes luy a fait executer chofes. Il fut d'abord choifi pour Confeil des Eftats du pais,& à la priere des mefmes Eftats pourven * 2 d'une d'une charge de Confeiller au Parlement de Dijon, fans aucune finance ; & quelques années aprés d'une de Prefident, où dans l'exercice de l'une & l'autre de ces charges, il fit voir qu'il portoit avec honneur & dignité, la pourpre que fon merite extraordinaire luy avoit acquife. En fuitte les factions de la Ligue ayant divifé toute la France, fon premier zele en ce rencon tre fut celuy de la Religion, temoignage de fa fidelité pour fon Dieu, & qui l'engagea dans le party de la Ligue où fon ame toute innocente ne fe propofoit que l'avantage de l'Eglife. Ce qui fit que le Duc de Mayenne l'ayant connu d'un fi grand fens le tira auprés de luy, & ce fut le bonheur de la France. Le voyage qu'on luy fit faire en Espagne luy fit bien connoiftre qu'il ne s'eftoit pas trompé; car voyant que Philippe II. ne parloit des Provinces de France que comme des fiennes, & des moyens de fe les conferver, fans dire un mot de l'avantage de la Religion, il fut d'autant plus confirmé dans l'opinion qu'il avoir, que l'Eglife n'étoit que le maf que de l'ufurpation, que depuis il ne ceffoit de ramener le Duc de Mayenne jufques à luy dire en plein Confeil, que fes reffentimens devant eftre efteints dans la mort de Henry III. il falloit tra vailler à faire revenir le Roy de Navarre à la foy somnie, Catholique, & puis le reconnoiftre comme Roy, legitime. La France luy fera à jamais obligée de ce que, dáns ce mefme voyage d'Espagne, aprés avoir perfuadé à fa Majefté Catholique que s'agiffant en reputation fembloit eftre intereffée à ne point abandonner une fi bonne caufe, laquelle avoit befoin d'être fecourue cette occafion de la Religion, fan སྙ་ de |