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1. Si ces Peuples font Espagnols ou naturellement, ou politiquement.

Et. 2. Si ne l'étant pas, on doit néanmoins les tenir pour compris dans la probibion ftipulée, à l'égard de ces mêmes Espagnols. Ces deux points éclaircis, toute la queftion fera décidée, & Tintelligence de la Clause ne foufrira plus aucune difficulté.

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VIIe les Habitans du Païs-Bas ne foient point naturellement Efpagnols, c'est une chofe connue de tout le monde. Leur Terre n'eft point celle d'Espagne, elle en eft éloignée de plus de cent cinquante lieuës, & féparée de tout l'espace d'un grand Royaume. Ils ne parlent point le Langage d'Efpagne, ils n'en ont point les mœurs ni les Loix, ni le Gouvernement. Il est vrai, que depuis le tems de l'Archiduc Philippes I., le même Prince, qui a été Roi d'Espagne, s'eft trouvé auffi Souverain des Pais-Bas, mais il ne s'enfuit pas de là, que les Pais - Bas dependiffent de la Couronne d'Efpagne. C'étoient des Etats differents, qui fe poffedoient independamment les uns des autres, & à titres differents. Les Rois Catholiques poffe'doient la Couronne de Caftille du Chef de la Reine Ifabelle, Fille de Jean II., & Soeur de Henri IV. furnommé l'Impuiffant. Ils poffedoient la Couronne d'Aragon, du Chef de Ferdinand le Catholique, Fils de Jean II., & les Pais-Bas étoient venus à la Maifon d'Autriche par l'Archiduc Philippes, Fils & Heritier de Marie de Bourgogne. Ainfi les Pais-Bas lui apartenoient plufieurs années avant qu'elle parvint à la Couronne d'Ef pagne, & en y parvenant elle ne les y a point

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affujetis. Les Princes de l'Augufte Maifon y ont regné comme Ducs, Marquis, Comtes, & Seigneurs des differents Etats qui les compolent, ou qui les compofoient de ce tems-là, & non point comme Rois d'Efpagne, ils ont eu près d'eux à Madrid un Confeil Supreme, pour les affaires de ces Païslà, qui ne dépendoit en aucune manière de ceux de Caftille, & d'Aragon; & à tous les changemens de Regne, ils ont été inaugurez aux Païs-Bas, à la manière des anciens Ducs & Princes. Il eit donc certain, que les Habitans de ce Pais ne font Efpagnols ni par nature, ni par Conquête, ni par aucune forte de fubjection. Refte à fçavoir, s'il eft intervenu entre l'Espagne & eux, quelque union politique, foit d'incorporation ou autrement, qui ait pu donner lieu à les comprendre fous une même dénomination, à peu près comme dans l'Etat des Provinces Unies, où le rom de Hollande, eft devenu en quelque manière celui de toute la République. Surquoi néanmoins il eft à remarquer, que bien que l'ufage autorife cette vicieuse manière de parler dans la converfation, dans les Lettres, & même dans l'Hiftoire, elle ne se trouvera pourtant en aucun Traité de Paix, ni en aucun autre, fur tout dans les endroits, où il a falu contracter quelque grande & fpéciale obligation. Mais qu'on cherche tant qu'on voudra, il ne fe trouvera point que les PaïsBas Autrichiens ayent été incorporés, ni même unis héreditairement à la Couronne de Caftille.

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IX. Ad fecundum. Prouver que les Peuples du Pais-Bas Autrichien ne font Espagnols ni

par

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par Nature, ni par Conquête, ni par aucune
fonte: d'Union politique, c'eft prouver affez
clairement, ce nous femble, que la justice ne
permet pas de les exclurre comme tels, d'un
Benefice, qui leur eft commun, avec tous
less Peuples de la Terre, moins encore de
les attirer en ce Préjudice, à la faveur d'une
Claufe, ou ils ne font pas mêmes nommés.
Faifobs voir maintenant, que cerre Claufe,
lain de les obliger, ne leur est pas même aplica
blejo & que l'Interprétation, qu'on veut lui
donner, pour les y comprendre, implique u
ne manifelte contradiction. La preuve en eft
facile. Il ne faut que retrancher de la Claufe
le nominatif Espagnols & lui fubftituer celui
de Sujets & Habitans du Pais-Bas Autrichien;
Car alors il y aura, En outre a été conditionné,
& ftipulé, que les Sujets & Habitans du Pars
Bas Autrichien retiendront leur Navigation en
telle manière, qu'ils la tiennent pour le préfent
des Indes Orientales fans fe pouvoir étendre plus
avant. Or s'ibest vrai comme on el con
vientique du tems de la Paix de Munter, les
Peuples du Pais-Bas Autrichien ne faifoient
aucun Commerce aux Indes Orientales, &
qu'ils n'y avoient aucune Navigation, com
ment pou
ouvoient ils la retenir dans la manière
qu'ils la tenoient? Et comment pouvoit on ft
puler à leur égard', qu'ils ne s'étendroient pas
plus avant.

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X. La même Contradiction, ou à peu près fe trouveroit toûjours dans la Claufe, fi au Jieu du Nominatif les Espagnols; on y mettoit, les Sujets dudit Seigneur Roi, de quelque Pats & Nation qu'ils foient. Ce feroit fupofer, que tous des Sujets du Roi Catholique, indistincteE 3

ment,

ment, avoient part au Commerce, & à la Navigation des Indes Orientales, & le contraire eft connu.

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XI. En un mot il n'y a que les feuls Caftillans, dont le nom fubftitué en cette Claufe, à celui d'Espagnols puiffe effectuer un fens raifonnable. Mettez y par exemple les Araganois, les Valenciens, les Catalans, les Napolitains, les Siciliens, ou tel autre Peuple de la Monarchie d'Efpagne qu'on youdra, qui, du tems de la Paix de Munster, ne jouiffoit point du Commerce des Indes Orientales, & d'abord ils en refultera une abfurdité inexplicable. Mais fi vousy mettez le nom de Caftillans, le fens de la Claufe fera clair, net, & conforme à la vérité du Fait.

XII. On doit croire que Meffieurs les Directeurs de la Compagnie Hollandoife des Indes Orientales, acquiefceront de bonne foi à l'évidence de cette démonstration; à laquelle néanmoins, pour fur abondance de preuve, & de conviction, nous ajouterons ce Silogifme, dont la force & la clarté nous paroiffent irrefragables.

Les Espagnols, dont il eft parlé dans la Clause· de l'Article V. de la Paix de Munfter font ceux qui tenoient le Commerce aux Indes Orientales.

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Les Habitans du Païs-Bas, fupofé même qu'ils fuffent Espagnols, ce qu'on nie, ne faisoient aucun Commerce aux Indes Orientales.

Par confequent ils ne font pas du nombre de ceux, dont parle la Claufe, & les ftipulations', qu'elle contient, ne les regardent point.

XIII. Enfin, fi après cela ils ne fe rendent point encore, nous leur propoferons de

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remettre ce point là à la Décifion de certains Ju ges qui affeurement ne pourront pas leur être fufpects. Ces Juges feront, d'un côté leurs propres Anteceffeurs, ceux-là même, qui du tems de la Paix de Munster, projeterent l'Article V. du Traité; & de l'autre, Meffieurs. les Etats Généraux, qui, après avoir vu, &c. confideré leurs Rémontrances, donnerent leurs Ordres en conformité, pour la Conclufion dela Paix. On en a les Actes dans Aitzema, & l'on y voit, que par raport au Commerce des Indes, les Noms d'Espagnols, & de Caftillans, y font employez par tout indifferemment dans la même fignification, & que fi leur premiere Formule eût été fuivie, le mot de Caftillans le liroit aujourd'hui dans l'Article V. à la place de celui d'Espagnols. Une feule Piece fuffira, entre plufieurs autres, pour le prouver. C'est l'Inftruction de Leurs Hau-, tes Puiffances pour leurs Ambaffadeurs à Munfter, en date du 28. Octobre 1645. Voici com ment ils y parlent.

En de wat belanght het tweede Lit van het felve Articul, werd tot dilucidatie van dien, pofitivement geftelt, dat de CASTILIAENEN fullen blyven by baer Vaert, in foodanige voegen als fy defelve in Ooft-Indien als noch hebben. So dat fy oock uyt Portugaels Indien fullen moeten blyven fonder aldaer te mogen handelen, gelyck oock mede de Inghefetenen defer Landen fich fullen onthouden van de Frequentatie van der CAS

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Aitzema: Verhael der Nederlandfche Vredehandeling in Fol. pag. 204. zacken van Staat en Oorlogh, Liv. 25. An 1645.

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