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quoique la Paix continuât toûjours en Eu

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XXII. La difficulté étoit de fçavoir précifément jufqu'où les Navigateurs, de part & d'autre, étoient obligés de garder la Paix, & en quels Parages il leur étoit permis de faire la Guerre. Il paroit par la Déclaration du Roi Très-Chrétien donnée à S. Germain en Laye le 1. Juillet 1634, qu'il s'étoit fait auparavant quelque Convention là-deffus entre la France d'une part, & l'Efpagne avec le Portugal d'autre part; en vertu de laquelle, Les boftilitez n'étoient permifes aux uns, & aux autres, qu'au delà du premier Méridien pour P'Occident, & du Tropique du Cancer pour le Midi; mais qu'on ne s'étoit pas entendu fur la Pofition de ce premier Méridien, qui felon les Bulles du Pape Alexandre VI. doit passer à cent lieues des Ifles Azores, & de celles du Cap. Verd, vers l'Occident, & le Midi; felon le Traité de Tordefillas à deux cents feptante lieues plus loin, vers l'Occident, & felon quelques Géographes plus modernes aux Azores même. Sur quoi Sa Majefté ordonne à tous fes Pilotes, Hidrographes, & faifeurs de Cartes, de le placer deformais fur rifle de Fer, la plus Occidentale des Canaries, fuivant l'opinion de Ptolomée, & autres anciens Géographes; avec défense à tous Les Sujets de quelque qualité ou condition qu'ils foient, faifant Voyages par Mer, d'attaquer, ni courir fur aucuns Navires Espagnols, & Portugais, qu'ils trouveront, pour l'Occident, au deca dudit premier Méridien, & pour le Midi, au dega du

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Tropique du Cancer; voulant que dans les efpases defdites Lignes Jes Sujets laiffent, & foufrent librement aller, naviger lesdits Espagnols, & Portugais, mêmes allaus & revenans des Indes, Pais de l'Amerique, fans leur faire, ni donzer aucun trouble, ni empêcher en leur Navigation, pourvû que fes Sujets reçoivent d'eux à l'avenir pareil traitement, & qu'il ne fait rien entrepris fur eux par lefdits Efpagnols, & For tugais, au deca defdites Lignes, fauf à fesdits Sujets d'entreprendre comme par le paffé à l'encontre desdits Espagnols, & Portugais, au delà defdits termes, ainsi qu'ils trouveront leurs avan* fages, jufqu'à ce que lefdits Espagnols, & Portugais, ayent fouffert le Commerce à sesdits Sujets en l'étendue defdits Terres, & Mers des Indes, de l'Amerique, & leur ayent donné libre en4xée, & accès pour cet effet dans tous lefdits Pais, dans les Ports, & Havres d'iceux, pour y traiter & negotier, aînfi qu'au deça defdites Li

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XXIII. Cette Guerre conditionelle, limitée aux Regions Indiennes, fe changes labientôt après en une Guerre génerale, quelle ayant ceffé, entre les Couronnes d'Ef gagne, & de France, par le Traité des Pyrenées, on y convient Article II d'une. Celletion de toutes fortes d'hoftilités entre les deux Rais leurs Sujets, Vaffaux, & Adherants, tant par Mer, que par Terre, generalement en tous les Lieux, où la Guerre s'étoit faite, jufqu'alors, entre leurs Majeftez. Ce qui fut renouvellé & confirmé par la Paix de l'an 1668., & par celle de Nimegue, fuivie dixneuf ans après de celle de Ryfwick, fans autre stipulation particuliere; la Cour de France

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ayant

ayant jugé, que fon Droit de Navigation, de Commerce, d'Habitation, de Colonie, & de Conquêtes, par toute Mer, & par toute Terre; découvertes, & à découvrir, n'avoit pas befoin du confentement de l'Espagne.

XXIV. Elle en ufa de la même maniere avec les Portugais, après la Révolution de l'An. 1640. en forte qu'il n'en fut pas même parlé, dans le Traité d'Alliance, qu'elle fit avec le Roi Jean IV. au Mois de Janvier, 1641. On y convint feulement en termes géneraux de la Liberté du Commerce entre les Royaumes, & Etats l'un de l'autre, comme du tems des anciens Rois de Portugal; & tout ce qu'on y ayouta de plus par celui du mois de Mars 1667., fut, † Que les Sujets du Roi Très-Chrétien, & principalement les Mar chands de Portugaladega & delà la Ligne, jouiroient de toutes les Commoditez, Libertez Frivileges, Droits, Exemptions, & Prérogatives, qui par les derniers Traités avoient été concedées aux Nations Angloifes, & Hol landoifes.

XXV. Or ces derniers Traitez étoient celui du mois de Juillet 1654. avec l'An gleterre, & celui du mois d'Août 1661. avec la Hollande; tous deux Traitez de Paix, & d'Alliance, où le Droit commun des Naviga tions du Commerce, & des Etablissemens aux Indes Orientales & Occidentales, étoit pareillement Suppofe pour incontestable, & non exprimé. ‡ Il est vrai que par la Treve du mois de Janv. 1641.

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Meffieurs les Etats avoient trouvé bon de convenir avec le nouveau Roi, Que de part,

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d'autre, les Navigations des Indes Orientales, fe feroient en toute liberté, fans aucun empechement, que l'on y pourroit feurement traiter, contracter avec les Gens du Païs, & que l'on y demeureroit en Poffeffion des Lieux, & Places dont on fe trouvoit actuellement Maître, Mais, comme il n'étoit plus queftion de cette Treve en 1661., & que dans la Situation avantageufe où ils fe trouvoient en Orient, par la Superiorité de leurs Armes, les Portugais fe devoient tenir heureux d'y pouvoir garder ce qui leur reftoit encore de leurs anciennes Conquêtes, ils n'eurent garde d'infe rer dans leur Traité une ftipulation de cette forte. Les principales Conditions de cette Paix furent, Que le Roi de Portugal leur feroit payer en Argent, ou en Sel quatre Millions de Cruzades, faifant huit Millions de Florins Monoye de Hollande; & que tous leurs Sujets auroient la Liberté de naviger, & de trafiquer à leur volonté, du Portugal au Brefil, & du Brefil en Portugal, comme auffi dans toutes les Côtes, Tertole res, & Places de l'obeïfance de Sa Majestéen A'Afriqne, y compris l'lfle de St. Thomas. Cette même Liberté avoit été accordée aux Anglois par leur Traité de l'An 1654. avec extenfion * à toutes les Places, Ports, & Poffeffions du Ros de Portugal aux Indes Orientales, outre le Droit de fournir aux Portugais, † à l'exclufion de tous autres Etrangers, les Vaiffeaux dont ils pour

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* Aux Preuves Lett. K.
↑ Ibid. Lett. I

roient avoir besoin, au défaut des lëurs propres, pon; te Commerce du Bréfil.

XXVI. En fait de Commerce, c'est la ĉoufumes des Princes fages & prudents, de stipuler pour leurs Sujets, quand ils en ont Poccas fion, les mêmes avantages, qui ont été accor dées à d'autres Nations; le Roi d'Angletërrë Charles II. eut foin de fuivre cette Regle, en renouvelant fes Alliances, avec le Roi d'Ef pagne, par le Traité du 23. Mai 1667. * Ēnfuite de quoi le fit le Traité du mois de Juil let, 1670: † pour établir la Paix en Amérique entre les deux Couronnes, & terminer, d'un même tems, les differents, qui pourroient être reftes entr'elles, au fujet de leurs Poffeffions en cès Païs

là.

XXVII. Les Hollandois n'avoient pas ättendu fi tard à régler leurs intérêts avec PER pagne, touchant le Commerce des Indes. Ils y avoient pourvu provifionnellement dès l'An 1609. par les Articles + IV. & V. de la Trê ve conclue à Anvers le 9. Avril pour les tems de douze années. Elle porté, Qu'il y aura une entière liberté de Commerce, pour les Sujets refpectifs dans les Etats l'un de l'autre, ce que neanmoins le Roi d'Espagne entend devoir être limite aux Etats qu'il poffede en Europe, & autrés Lieux, Terres & Mers, où les sujets des autres Rots & Princes, qui font fes Amis & Alliez, ont ledit trafic de gré, & qu'à Pégard des Lieux, Ports, & Havres, qu'il tient hors defdites Limites, lefdits Sieurs Etats, & leurs su

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