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l'honneur d'être avec la confideration la plus parfaite, &c.

MY LORD,

DE VOTRE EXCELLENCE,

1

Le très-humble très

oleffant Serviteur

DE POZZO-BUENO.

Quelqu'animez que paruffent les deux Partis, les, Nonces du Pape à Paris, à Vienne & à Madrid, ne ceffoient de travailler à éteindre le feu de cette difcorde qui menaçoit toute l'Europe; ils eurent la gloire que ce fut par leur canal que furent faites les premieres propofitions d'accommodement, qui avoient été inspirées, d'ailleurs, mais ceci eft encore un mistere qui ne peut être devoilé. Quoiqu'il en foit, le Nonce Grimaldi fut le premier qui rompit la ace à Vienne. Voici comme la chofe fe

le dernier de Decembre 1726.

Mr. de Richelieu fe rendit chez M. Hamel Bruyninx Envoyé Extraordinaire des Etats Genéraux des Provinces-Unies pour l'avertir que le Nonce Grimaldi devoit fe rendre chez lui dans une heure, & qu'il l'avoit prié d'engager Mr. Hamel Bruninx de s'y trouver › ayant à leur confier une affaire de la derniere importance. On peut croire quel fut l'étonnement du Miniftre Proteftant de le voir invité à une Conference par le Miniftre de Sa Sainteté Il convint avec Mr. de Richelieu de la maniere dont ils fe conduiroient en tout ce qu'ils

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purent prevoir; & Mr. de Richelieu étant retourné à fon Hôtel, Mr. l'Envoyé l'y fuivit de près: à peine y fut il arrivé que Mr. le Nonce fe fit annoncer 2 lorfqu'il fut entre ces trois Miniftres s'affirent, & Mr. Grimaldi commença ainfi: Le Pape regardant comme très dangereux pour l'Europe en general & pour lui en particulier, la Guerre qui menace toute Europe, fur tout pour peu qu'elle s'étendit juf ques fur l'Italie, ainsi que l'on a plus d'une raifon de le craindre, raifons que fans doute vous n'ignorez pas, Meffieurs Sa Sainteté a employé fes bons offices il y a déja bien du tems à Cour & à celles de France & d'Espagne, & s'eft donné beaucoup de peine pour la prevenir en remediant aux principaux Griefs qui pourroient y donner lieu,

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Ici le Nonce s'arrêta, & dit aux deux Mintftres,, qu'il ne pouvoit continuer qu'ils ne lui donnaffent parole d'honneur de ne rien reveler de ce qu'il leur propoferoit, à qui que ce foit de la Cour de Vienne, ni à ceux de la Ville, ou qu'il ne continueroit pas, leur laiffant au refte la liberté d'en faire part comme ils le jugeroient à propos aux premiers Miniftres de leurs Maîtres". L'Ambaffadeur de France lui repondit, que la confidence qu'il vouloit leur faire, ne pouvoit que les flater infiniment, mais que fi elle confiftoit en quelques propofitions qui exigeaffent qu'on les communiquât au Miniftre d'Angleterre & à l'Ambaffadeur de Leurs Hautes Puiffances * qui fe trouvoit à Vienne, ils aimoient mieux

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*Mr. Calkoen, Ambaffadeur de Leurs Hautes Puiffances à Conftantinople, étoit alors à Vienne.

ne pas entendre les propofitions, puifque les Alliez de Hanovre étoient fi intimement unis, & leurs interêts fi inféparables, qu'ils devoient éviter toute occafion de donner aux uns & aux autres le moindre fujet de mecontentement ou de defiance.

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Le Nonce repondit,,, qu'il comprenoit ,, bien cela, mais que ce qu'il y avoit à leur dire n'étoit pas une propofition qui put paffer » par d'autre canal, que c'étoit une fimple », confidence pour leur inftruction particu,, liere, & à laquelle il s'intereffoit fort perfonnellement qu'elle fut fecrete, ne pou ,, vant avoir en d'autres, qu'il ne connoifloit ,, pas, la confiance qu'il avoit en eux". Hs infifterent encore, mais voyant qu'il ne vou loit point s'expliquer, ils lui promirent tout ce qu'il vouloit, & il continua ainfi :

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Le Commerce & la Navigation d'Oftende font confiderez comme un des principaux Griefs qui pourroit donner lieu à la Guerre, à cause de l'ớctroi que l'Empereur l'Empereur a donné à une Compagnie pour trafiquer aux Indes: ce que les Alliez de Hanovre pretendent que l'Empereur n'est pas en droit de faire, puifque cet Octroi eft contraire aux Traitez de Munfter. Le Nonce du Pape qui étoit à Paris m'a mandé que depuis la derniere declaration faite à l'Espagne de la part de la France de l'Angleterre, il voyoit moins d'efperance que jamais de rien avancer à cette Cour par les inftances du Pape, pour prevenir la Guerre porter par le moyen de la Fran

Par une Lettre de Mr. de Morville du 7. Octobre & une autre du 11. Novembre 1726. à Monfieur Maffei Nonce de Page à Paris.

France les autres Alliez de Hanovre à une Negociation pour un accommodement, à moins que PEmpereur ne donnát au prealable de lui-même une declaration fincere, fur les conditions de la quelle on put faire quelque fond, & qui fiffent efperer que les Alliez de Hanovre voudroient les écouter & preter l'oreille à un pour parler dans la vue de parvenir à un accommodement tant fur Article d'Oftende que fur les Griefs communs aux Alliez de Hanovre, qui paroiffent fouffrir moins de difficultez. J'ai propofe la chofe à cette Cour-ci Continua-t-il, fans pouvoir pendant un long-tems en obtenir cette declaration, » fous pretexte que, puifqu'on avoit rejettté

ou plutôt refufé d'entendre tant d'offres & », de propofitions pour en venir à une Confe»rence amiable, puifque l'Angleterre avoit ,, deja commencé les hoftilitez contre l'Ef

pagne, & que les Alliez de Hanovre avoient » pris la refolution de faire la Guerre à l'Em» pereur & à l'Espagne, il étoit vraisemblable " que toutes tentatives feroient infructueufes & par confequent que l'Empereur fe

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proftitueroit encore plus par là qu'il ne », reuffiroit. Mais après bien de remontrances, ajouta-t-il, & avoir infifté fans me rebuter pour obtenir un oui ou un non, pour faire reponse à Mr. Maffei, j'ai enfin obtenu de l'Empereur une declaration que voici. Sur quoi il leur dicta les Articles ci-joints, qu'ils écrivirent & lui relurent ensuite, afin de prevenir toute équivo que.

Tome III,

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Articles propofez par le Nonce du Pape à Mrs.de Richelieu & Hamel-Bruyninx, le 31. Decembre 1726.

1.

DE E fixer un tems convenable, pour examiner & pour mettre dans tout fon jour cette Question, fi la Chartre & le Commerce d'Oftende font contraires aux Traitez, & fur, tout à celui de Munster, ou non?

11. Que durant ce tems-là, la Navigation Oftende aux Indes fera entierement suspendue, à Pexception des Vaiffeaux qu'on attend de ces Pais là

III. Si le premier Point ne peut être reglé dans le terme marqué; favoir, fi la Chartre eft contraire aux Traitez, ou non? de deux chofes l'une, ou l'on en pourra prolonger le tems, ou toutes les Parties pourront refter fur le pied qu'elles étoient?

IV. Mais fi l'on trouve que ledit Commerce foit contraire aux Traitez, l'Empereur ne fera aucune difficulté d'y renoncer pour toûjours, conformement auxdits. Traitez.

La Cour Imperiale femble même difpofée à re mettre cette Affaire à l'Arbitrage de Fuges defin tereffez, & à fe foumettre à ce qu'ils en decide

ront.

Ces Propofitions furent envoyées aux Etats Generaux des Provinces - Unies, qui, après les avoir examinées, repondirent, qu'ils étoient d'opinion que le Projet d'accommodement, tel qu'il a été propofé à Mr. Hamel - Bruyninx

par

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