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perda étoit criminel de Leze Majesté, & par confequent incapable de jouir d'aucune immunité ni azile, quel qu'il pouvoit être.

Touchant la pretendue violence avec laquelle Mr. Stanhope dit qu'on a forcé le Conful que Sa Majefté Britannique deftinoit pour St. Sebaftien, pour le faire fortir & fe retirer à Salamanque, Mr. Stanhope fait fort bien qu'aucun Conful, de quelque Nation qu'il soit, n'est admis fans que prealablement il ait obtenu le confentement & la Cedule d'aprobation du Roi, même dans les Ports où il y a des Confeils établis, moins dans celui de St. Sebaftien. Outre la raifon fufmentionnée, il y en a une autre encore plus forte, puisque ni la Nation Angloise, ni aucune autre n'ont jamais joui du droit, ni obtenu l'ufage d'avoir un Conful dans la Province de Guipufcoa. Ainfi, non-feulement on ne doit pas trouver étrange qu'on ait refufé l'admiffion d'un tel Conful, qu'on lui ait ordonné de fe retirer ailleurs, mais auffi Sa Majefté pouvoit avec justice se reffentir, que dans cette occafion on allegue la même chofe qu'on a faite en d'autres, d'avoir déja ordonné l'exclufion aux Confuls de la Nation Angloife, dans ce même Quartier, & que l'on lui prefente encore le même Papier.

Ce que finalement ajoute Mr. Stanhope fur l'odre donné à Cadix, pour faire fortir de ce Port les Vaiffeaux de guerre Hollandois, & de ne point permettre l'entrée à aucun Vaiffeau de guerre Anglois, ni Hollandois, a eu, & a une juftification entiere dans ce qui eft déja agité ci-deffus, en parlant des Vaif feaux

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feaux de l'Escadre commandée par l'Amiral Jennings; & les Etats Generaux ne doivent pas être furpris de cette nouveauté; étant fi naturel qu'ils foient traitez fans aucune difference des Anglois, après leur acceffion au Traité de Hanovre.

Mr. Stanhope dans l'Article 11. de fa Lettre, s'echauffe & s'explique avec quelque paffion fur ce que Mr. le Marquis de la Paz, lui infinua dans fa Lettre du 30. Septembre dernier à l'égard de l'Argent diftribué en Hollande, en Suede & en Pruffe, & n'étant pas une chose nouvelle & indigne qu'un Prince, ou un Etat, donne ou reçoive de l'Argent pour égaler les fervices qu'on fe rend les uns aux autres, on ne peut pas croire que Mr. le Marquis de la Paz ait eu l'intention d'en blâmer Mr. Stanhope, ni de s'en plaindre par ordre du Roi fon Maître, mais feulement de repondre à Mr. Stanhope fur le compte qu'il voudroit demander à Sa Majefté, de la part du Roi de la Grande-Bretagne, touchant les fubfides envoyez à l'Empereur.

Lorfque Mr. Stanhope dit à Mr. le Marquis de la Paz, dans l'Article 12., que ref pectivement à la conduite de l'Amiral Hofier dans les Indes Occidentales, il ne pouvoit pas donner reponse, parceque Sa Majesté Britannique n'avoit pas encore reçu aucun avis fur la moindre chofe de celles qui donnerent fujet à la plainte du Roi mon Maître; il ne fe fouvenoit pas aparemment de ce qu'il avoit dit au Marquis de la Paz le 23. Octobre, da Cour étant à St. Laurenzo el Real, qu'il il avoit reçu ordre par un Extraordinaire, de

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communiquer à Sa Majefté les operations de P'Efcadre commandée par l'Amiral Hosier dans les Indes, lequel ne s'étoit pas preffé de le faire, fachant que le Roi mon Maître en étoit déja informé à droiture. Ainfi, on ne peut pas bien concevoir par quelle raison Sa Majefté Britannique à été fi furprise de ce que l'Espagne forme des plaintes de cette nature.

Le Roi mon Maître, à plus jufte titre, doit être furpris de ce que l'on pretend juftifier des hoftilitez fi éclatantes par le pretexte de n'avoir pas fait juftice fur les plaintes reiterées de Mr. Stanhope, par raport à tous les Vaiffeaux Anglois, comme on l'exagere, avoir été pris & pillez par les Garde- Côtes de Sa Majefté dans les Indes; étant évident, qu'on n'a pas encore vû aucun cas specifié de pareilles prifes.

Ce qui eft certain, c'eft que les Vaiffeaux Anglois & d'autres Nations, qui ont eté attaquez & pris dans ces Mers, étoient de contrebande & de prife, à caufe du Commerce illicite qu'ils pratiquoient ou tachoient de pratiquer dans les Indes. Les endroits feulement où ils ont été rencontrez & pris, eft une preuve fuffifante d'une Navigation defendue par la teneur des Traitez., Ainli il eft neceffaird de fe perfuader, que le fejour de l'Amiral Hofier dans les Indes n'a d'autre but, que de Pproteger le Commerce defendu & de contrebande, & fi contraire à ce qui a été fi folemnellement ftipulé & traité.

Pour ce qui eft du Commerce tacite & permis, Sa Majefté a laiffe jouir jufqu'à prefent la Nation Anglolle en toute fûreté des avantages

tages & preferences notoires, avec lesquels le Roi mon Maître l'avoit diftinguée de toutes les autres Nations, quoique de ce côté-là on ait abufé de ce benefice, en l'y étendant beaucoup au delà des conceffions ftipulées. Le fejour ulterieur de l'Escadre Angloife dans ces Mers, fera donc une continuation des hoftilitez volontaires & autorifées par Sa Majesté Bri'tannique, & comme telles le Roi mon Maître les regarde déja & les regardera.

Après tout ce qui a été dit, il ne reste seulement qu'à faire comparaifon de la force que des pretextes mendiez & des foupçons fans fondement peuvent avoir, à la vûë des hoftilitez réelles & pofitives, defquelles on nous menace encore. Par cet examen, on pourra faire un jugement de la fincerité & impartialité de ce qui a été expofé par Mr. Stanhope. Toutes les Perfonnes raisonnables & indifférentes connoitront & conviendront, que le Roi mon Maître eft celui qui fe trouve attaqué contre toute raison & justice, & qui experimente déja actuellement des prejudices fi notoires, par l'embaras qu'on a mis à la Foire de Panama, & au retour de ses armemens, de la Flote & des Gallions; en quoi la Nation Angloife même avec toutes les autres qui

font intereffées dans le Cours de ce Commerce, fouffrent, conjointement avec les Sujets de Sa Majefté, les grands dommages qui refultent de ce reardement & de ces fecours.

Le Roi mon Maître fe trouve justifié de-. vant Dieu, & devant les Hommes, pour repouffer ces injures & hoftilitez avec toute la force que la Bonré & Providence Divine lui

a mise en main, & en droit de requerir de fes Alliez les fecours auxquels ils le font engagez.

Sa Majefté, qui n'a pas avec moins d'ardeur & de fincerité que fes Alliez, toûjours fouhaité la Paix & la Tranquillité de l'Europe, feroit fatisfaite des expreffions avec lefquelles Mr. Stanhope conclut fa Lettre, fur les mêmes defirs & inclinations de Sa Majesté Britannique, toutes les fois que les paroles auroient quelque raport avec les faits.

Le Roi mon Maître proteste & affure de n'avoir jamais fait, ni cherché de faire aucun tort à la Nation Angloife, & que tous les deffeins qu'on lui fupofe contre Sa Majesté Britannique & fes Domaines, font inventez, & fans fa connoiffance: Mais Sa Majesté declare auffi en même tems, que dans l'état violent où les chofes font à la fin reduites par le Miniftere d'Angleterre. Elle ne veut, ni ne peut écouter aucune Plainte, Instance, ou Accommodement, pendant que Sa Majesté Brittannique fera avec les armes à la main dans les Royaumes de Sa Majesté, comme Elle l'eft effectivement avec une Efcadre fur les Côtes & Mers d'Espagne, & une autre dans celle des Indes, & que l'on continue dans les fufdits Royaumes les hoftilitez, comme on l'en menace, par le fejour ulterieur de l'Efcadre Angloise dans la Mer de l'Amerique; particulierement lorfqu'il eft notoire, que pour renforcer la même Efcadre, on aprête quatre autres Vaiffeaux de Guerre en Angleterre, & deux autres pour celle qui eft dans les Mers & fur les Côtes d'Efpagne. J'ai

l'hon

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