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repondre de fes difcours, & des intrigues vaines & étrangers du même Duc, qui induifirent enfin Sa Majefté, non feulement à le depofer de fes Emplois, mais auffi à s'affurer de la Perfonne d'un Miniftre auffi dangereux que coupa ble.

Quant au Duc de Wharton, denoté par l'Anonime qui vint de Rome, c'eft un fait notoire & ferme, que le Roi mon Maître, par fa religieufe & fcrupuleufe delicateffe, n'a jamais voulu admettre ce Seigneur, comme toute fa Cour en eft temoin, & qu'il n'a rien voulu favoir du contenu de fes lettres de creance, ni des projets, avec lefquels on fuppofe que ce Duc fut depêché & envoyé de Rome à Madrid; fans qu'on puiffe tirer à consequence par aucune chofe, qu'il ait eu quelque converfation avec le Duc de Ripperda, par ce qui eft déja dit du peu de reflexion que l'on y faifoit, fi toutefois c'eft cela que Mr. Stanhope pretend donner à entendre, par les Miniftres du Roi avec lesquelles le fufdit Duc de Wharton doit avoir traité & conferé.

Sa Majefté ignore de même ce que l'on veut inferer des Vaiffeaux Mofcovites, fur lefquels Mr. Stanhope revient à la charge dans fa lettre, ni quelle intelligence, ni relation ils peuvent avoir eue avec les Ennemis du Gouver nement de Sa Majené Britannique; ne fachant autre chofe, fi ce n'eft qu'ils entrerent & fortirent des Ports d'Efpagne fur le même pié que les frequentent les Vaiffeaux marchands des autres Nations.

Il eft tres certain, que dans cet intervalle de tems, on équipa des Vaiffeaux de guerre, & qu'on fit marcher des Troupes fur les Cô

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tes de Cantabries & de Gallice, parceque le Roi mon Maître fe trouva obligé d'ordonner ces difpofitions, en confequence des avis fûrs. qu'il reçut des Armemens maritimes que l'on preparoit avec tant de diligence en Angleterre; n'étant pas naturel que Sa Majesté laissât ces Côtes, les plus voifines de l'Angleterre, entierement decouvertes, & les Chantiers de St. Andero exposez à être attaquez ou brulez une autre fois.

Mr. Stanhope, dans l'Article 5me, continue fes Difcours fur la confidence que le Duc de Ripperda lui fit, comme auffi à l'Ambaffadeur de Hollande, Mr. vander Meer, d'une Alliance offenfive avec l'Empereur. Sur quoi je dois repondre, que quoique le Roi mon Maître ne fe foit point expliqué fur cette matiere, neanmoins on a refuté & repouffé d'abord la fauffeté d'une telle declaration à la Cour Impériale, en affurant le Miniftre Anglois à Vienne du contraire, & à la Cour même de Londres, par le Ministre de l'Empereur qui y reside actuellement.

Au refte, fi le Roi mon Maître ne fepara point, & n'éloigna point d'abord le Duc de Ripperda de fes Emplois, & s'il n'allegua pas la fauffe declaration d'un Traité fecret & d'une Alliance defenfive pour une des caufes de fa difgrace, il eut des raifons fondées pour ne le point faire, dont Sa Majefté ne le croit pas obligée de donner connoiffance au Pu blic.

Pour ce qui eft de la Compagnie d'Oftende, dont la matière eft le contenu des Articles 6., 7. & 8. de la Lettre de Mr. Stanhope, dans lefquels on affure, fans en donner aucune Aa 3 preu

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preuve, que la Navigation & le Commerce que ladite Compagnie fait dans les Indes - Orientales, font des infractions & violations des Articles 5.& 6. du Traité de Munster & de plufieurs autres qui ont fuivi & y font relatifs; il eft notoire que Sa Majefté Impériale fouhaita toujours d'entrer dans quelque Accommodement raifonnable fur le Commerce de ladite Compagnie, & qu'Elle en fait encore actuellement des ouvertures à la Cour de France. Le Roi mon Maitre ayant offert fa Mediation, dans le deffein d'apaifer les opofitions & les difputes qu'on manifeftoit contre cette Navigation, les Etats Généraux des Provinces-Unies ne voulurent point admettre l'offre de Sa Majefté; declarant, fans aucune reserve, au Miniftre de l'Empereur à la Haye, qu'on n'écouteroit & qu'on n'admettroit aucune Propofition de la part de Sa Majefté Impériale, fans qu'avant toutes chofes l'Octroi accordé à la Compagnie d'Oftende ne fût revoqué. Ainfi, fi cette Compagnie a été, comme le dit Mr. Stanhope, unachopement à la Paix, ce fut la Republique qui le mit. Au refte, fi Sa Majefté fit entendre qu'Elle étoit d'un fentiment contraire à ladite Compagnie, dans le tems qu'Elle étoit en Guerre & en inimitié avec l'Empereur, on ne doit pas trouver étrange ni nouveau, qu'Elle ait changé d'opinion, après avoir fait la Paix, & s'être unie avec Sa Majefté Impériale, par des liens d'une amitié la plus fincere. C'eft de quoi les Traitez de Paix nous fourniffent à chaque pas des exemples, & dans ces derniers tems on n'a pas chancelé ni mis en doute, pour parvenir au bien de la Paix & de la Tranquilité, de difpofer,

poser, non pas d'un fimple Commerce, mais bien des Royaumes & des Etats entiers.

Pour ce qui eft d'avoir refufé la permiffion d'entrer dans les Ports d'Efpagne aux Vaiffeaux de l'Amiral Jennings, & d'avoir tiré & extrait par force le Duc de Ripperda, deux points que Mr. Stanhope a touchez ensemble dans les Articles 9. & 10. en les exagerant comme des infractions manifeftes aux Traitez & au Droit des gens, & qu'on ne pouvoit les regarder que comme des actes d'hoftilité, de même que la violence qu'on a faite au Conful de la Nation Angloife à St. Sebaftien, en le forçant d'en fortir & d'aller à Salamanque; ajoutant à tout ceci, pour une preuve des hoftilitez pratiquées contre les Alliez de Sa Majefté Britannique, l'ordre donné pour faire fortir du Port de Cadix les Vaiffeaux de guerre Hollandois, & de ne point permettre à l'avenir l'entrée à aucun Vaiffeau de guerre d'Angleterre & de Hollande: Sa Majefté m'a ordonné d'y repondre par ordre.

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Premierement, que le refus d'entrer dans les Ports aux Vaiffeaux de guerre du Com mendement de l'Efcadre de l'Amiral Jennings, étoit très-justement fondé dans le filence que le même Amiral, auffi- bien que Mr. Stanhope, quoique requis, obferverent fur l'arrivée, la deftination, & les deffeins de ladite Efcadre: Intentions que les plus gran-des Puiffances n'ont jamais pratiquées avec aucun Etat Souverain le moins confiderable, & ainfi on ne pouvoit éviter de concevoir des foupçons violens & des craintes; puifque les affurances pacifiques & amiables données par l'Amiral Jennings aux Gouverneurs des Ports, A a 4

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qui n'ont point d'autorité d'en faire juge ment, de les admettre, ni de s'y confier, pouvoient tout au plus tenir lieu en certain cas inopinez, & dans des occafions où à la vûe d'un danger évident d'un Vaiffeau qui imploreroit l'abri du Port, les Gouverneurs pourroient choisir le parti convenable; mais quant à l'Efcadre des Vaiffeaux de guerre, qui notoirement avoient été équipez & envoyez avec des Troupes de debarquement, de deffein connu & premedité, de telles affurances particulieres aux Gouverneurs pour entrer dans les Ports, fous le pretexte frivole de faire de l'eau & prendre des provisions de bouche, après fi peu de jours qu'elle étoit fortie de fes propres Ports, font plus que foupçonneuses, & pourroient être injurieuses entre deux Puiffances qui fe trouvent en Paix, & qui ont actuellement leurs Miniftres dans leurs Cours refpectives, par le moyen defquels on pouvoit, & on devoit envoyer une Declaration franche de la destination & des deffeins d'un tel Armement: même avant que l'Amiral Jennings eut paru fur les Côtes d'Ef pagne.

Et à l'égard de l'extraction du Duc de Ripperda, le Roi mon Maître manifefta, plus qu'il n'y croyoit être obligé, à tous les Miniftres étrangers qui fe trouvoient alors à fa Cour, les motifs & les circonstances de ce pas inconteftable à fon Droit & à fon Autorité Royale, de forte qu'on ne le peut confiderer comme une infraction du Droit des gens, dès que Sa Majesté eut declaré, après qu'une pleine connoiffance & avis du Confeil Royal de Caftille eut precedé, que le Duc de Ripperda

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