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aifé de concevoir que la conduite de l'Amiral Hofier à l'avenir doit être reglée fur celle de l'Espagne.

Par ce recit veritable & impartial de ce qui s'eft paffé entre les deux Corps, il paroîtra, non-feulement combien l'on fait tort au Roi mon Maître, mais auffi combien grande a été fa moderation & fon amour pour la Paix, en s'abftenant de temoigner fon reffentiment de ces infractions notoires des Traitez, des dangereux projets formez contre fa Perfonne, & fes Etats, & des hoftilitez commifes contre fes Sujets; ce qui certainement lui donnoit un plein droit de fe fervir non seulement de tout le pouvoir que Dieu a mis entre fes mains, mais auffi de recourir à fes Alliez pour être prêts à remplir leurs engagemens avec lui; ce que la prefente conduite & les declarations de la Cour d'Espagne rendent inevitable.

Mais, comme Sa Majefté, pár ùn defir fincere de conferver la Paix publique, s'eft jufqu'à préfent contentée de fe mettre en état de defense, en faisant par Mer des armemens qui puiffent réellement garantir fes Sujets & fes Etats de toute infulte & entreprife, & prevenir l'execution de tous les deffeins & projets qui menaçoient la furété & les interêts de fes Royaumes & de fes Alliez, auffi-bien que la tranquillité generale de l'Europe; Sa Majefté Catholique peut être affurée, que, fi Elle eft difpofé à donner fatisfaction & faire reparation à Sa Majefté & à fes Alliez, & qu'Elle veuille faire ceffer toutes les juftes raifons de leurs plaintes & de leurs aprehenfions, & renouveller l'ancienne bonne correfpondance &

con

confiance avec Sa Majefté & fes Alliez; Sa Majefté, conjointement avec eux, eft encore difpofée de fon côté à faire tout ce qui peut contribuer au retabliffement de cette bonne correfpondance qu'Elle a toujours fouhaitée, & fouhaite encore de cònferver & maintenir entre les deux Couronnes de la Grande-Bretagne & d'Espagne.

Voilà exactement, Monfieur, ce que j'ai eu órdre du Roi mon Maître de repondre à vôtre fufdite lettre du 30. Septembre dernier. Je fuis, &c.

GUIL. STANHOPE.

Lettre du Marquis de Pozzobueno au

LE

Duc de Newcastle.

Londres

le 1. Janvier 1726.

MY LORD,

E Roi mon Maître, après avoir vû & été pleinement informé du contenu de la Lettre que Mr. Stanhope écrivit le 25. de Novembre à Mr. le Marquis de la Paz, a bien voulu m'ordonner d'y repondre en cette Cour, Article par Article, pour éviter toute ulterieu re équivoque.

En m'acquitant donc des ordres de Sa Majesté, j'aurai honneur de dire à Votre Excellence , que le Roi mon Maître ne peut pas comprendre la raison de la surprise de Sa Majefté Brittannique, que Mr. Stanhope exagere dans la lettre, lorfqu'on l'informe du contenu de celle de Mr. le Marquis de la Pazdu

30. Septembre dernier, étant certain que Sa Majefté Britannique ne pouvoit pas ignorer les ordres qu'Elle avoit donnez à l'Amiral Hofier, lorfqu'Elle le fit partir avec une Escadre de Vaiffeaux de guerre pour les Mers des Indes; en confequence defquels on doit croi re, que ledit Amiral a executé les hoftilitez dont il s'agit, qui fans doute ont precedé, & font anterieures aux plaintes que Mr. Stanhope fit dans fon Memoire au Roi mon Maitre le 24. Septembre. De forte que Sa Ma jefté Britannique n'avoit aucun motif d'être furprife, & qu'au contraire, Elle ne devoit pas s'attendre à autre chofe, fi ce n'eft que le Roi mon Maitre se plaindroit hautement, & demanderoit fatisfaction d'une infraction de Paix auffi claire, & des hoftilitez auffi manifeftes, dès qu'il en auroit connoiffance, particulierement ayant été pratiquées dans un tems que Sa Majefté fe repofoit entierement fur la bonne foi des Traitez qui fubfiftent avec l'Angleterré; puifque le Roi mon Maitre n'avoit pas la moindre difpofition, ni donné aucun ordre à fes Miniftres & Commandans aux Indes, contraires aux Traitez, pour la continuation du Commerce qui y eft permis & accordé, ni prévenu par des hoftilitez & des infultes reciproques à celles qui ont été pratiquées, & auxquelles on ne s'attendoit pas de la part de ladite Efcadre; comme cela eft demontré très clairement par la livraison amiable & volontaire du Vaiffeau de permiffion, qu'on fit à Porte bello à l'Amiral Hofier, quoi qu'à la rigueur ce Vaifseau devoit avoir attendu que les Gallions fiffent voile pour l'Espagne.

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Sur les plaintes qui avoient auffi été prece-
Tome III.
A a
dem

demment exposées dans la Representation de Mr. Stanhope du 24. Septembre, & qu'on a propofée comme une explication claire & diftincte des raisons qui obligerent le Roi d'Angleterre à envoyer & à faire paroitre en differentes Mers des Armemens fi confiderables; quoique Mr. le Marquis de la Paz eût deja repondu pleinement, & demontré fon infuffifance & le peu de fondement, neanmoins, j'ai ordre de fatisfaire encore plus precifement fur ce Point, dans l'étendue de la prefente Reponse, fur les Articles relatifs à ce fujet.

Repondant au fecond Article de la Lettre de Mr. Stanhope, je dois affurer, que le Roi mon Maitre n'a rien plus à cœur, ni ne fou haite rien davantage, que la Paix & la Tranquilité de fes Etats & de toute l'Europe; & qu'en confequence, il accepteroit avec la fatisfaction la plus accomplie, les proteftations que Sa Majefté Britanniqne fait d'une ardeur fincere de conferver la Paix & bonne intelligence avec la Couronne d'Espagne, s'il étoit poffible de combiner des expreffions fi amiables, avec des infultes & des hoftilitez com. mifes en pleine Paix.

Pour ce que dit Mr. Stanhope dans fon troifieme Article, des difcours menaçans que peut avoir tenu le Duc de Ripperda à Vienne, on ne peut nullement rendre responsable Sa Majefté, de ce que ledit Duc (dont le genie prompt & violent eft d'ailleurs fi notoire,) peut avoir dit dans la ferveur d'une converfation; peut être auffi, qu'il y a eu des gens affez mal-intentionnez, qui y auront ajouté des chofes de leur propre invention.

Mais à l'égard de ce qu'on declara alors à

Mr.

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Mr. Stanhope de vive voix & par écrit, que la bonne correfpondance & amitié avec l'Angleterre dependoit abfolument de la promte reftitution de Gibraltar; je ne puis me difpen fer de le confirmer de nouveau à Vôtre excellence par ordre du Roi mon Maitre, comme une Declaration fondée en toute juftice, infiftant fur cette reftitution, après que le Roi de la Grande-Bretagne fur ce Point eût don né, comme il donna, une promeffe politive; butre qu'auffi, d'un autre côté, la conceffion que Sa Majesté avoit faite precedemment de cette Place s'eft trouvée annullée à caufe des infractions commifes dans les conditions, avec lesquelles on promit que la Garnifon Angloife refteroit dans la poffeffion de Gibraltar puifque, contre toutes les proteftations faites, elle a non-feulement étendu les Fortifications, en excedant les limites preferites & ftipulées: mais qui pis eft, que contre la teneur expreffe & literale des Traites, elle reçoit & admet les Juifs, & les Maures, de la même maniere que les Efpagnols, & autres Nations confondues & mêlées, contre notre fainte Religion, fans parler des fraudes & contrebandes continuelles qui s'y font, au grand prejudice des Revenus de Sa Majefté.

Mr. Stanhope, dans le 4me. Article de fa lettre, parle encore de nouveau du Duc de Ripperda. Surquoi je repete, que quoique Sa Majefté eût trouvé à propos de recompenfer ce Miniftre des Emplois de fa Royale confiance, lorfqu'il retourna de Vienne à Madrid, en vûe d'une Paix que le Roi mon Maitre fouhaitoit, & qu'il avoit conclue à fa fatisfaction; il n'eft pas dit pour cela, que Sa Majesté doive Aa 2

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