Page images
PDF
EPUB

denbourg & Delmenhorst seront annexés à la Couronne de Suede.

XIX. Le Duc de Holftein prend la liberté de recommander à cette occafion les interêts du Prefident de fon Confeil le Comte de Baffewitz pour la Comté de Barmftad.

Les deux pieces qu'on vient de lire mettent au fait de plufieurs circonftances particulieres nous pourions ajouter ici que les Etats de Suede étant alors affemblez, on y reconnut fans peine deux partis, ou pour mieux dire deux factions; l'une que l'on nomma des Halfteniens, & qui étoit la plus foible & l'autre des Patriotes. Le Comte de Horn Marechal de la Diete reputé le Chef de ce dernier parti, fut expofé à mille avanies de la partie qui a du deffous de vomir tout fon fiel contre celui qui triomphe. Cette affemblée des Etats dura très-longtems, on y mit fur le tapis plufieurs affaires très-importantes; le vieux Comte de Willing, Senateur qui s'étoit rendu recommandable dans le Cercle de Baffe Saxe pendant la derniere Guerre, fut une victime que cette affemblée immola au bon ordre & au bien public; les Comtes de Teffin & de Cederhielm Senateurs payerent cher leur attachement à la Maifon de Holtein, enfin tout fe paffa dans cette illuftre affemblée avec un ordre, un fecret & une integrité peu connue dans d'autres Pais. Le Commité fecret aiant travaillé avec aplication à l'affaire de l'acceffion, en fit le raport fuivant.

Raport du Commité Secret des Etats de Suede touchant l'Acceffion au Traité de

Hanovre.

Entre les affaires importantes qui ont été

confiées au Commité Secret, tant en vertu du Reglement de la Diete, que par des Inftructions particulieres; ledit Commité a examiné avec toute l'attention poffible les Propofitions Secretes faites par Sa Majefté aux Etats, touchant l'invitation amiable qui a été faite à Sa Majesté & à la Couronne de Suede, de la part des Alliez de Hanovre, pour entrer dans ce Traité.

On a vû non-feulement nos Voifins, mais auffi la plupart des Puiffances de l'Europe, fort attentifs au denouement d'une Affaire fi delicate, & dont l'importance a été la principale caufe qu'on a fait l'ouverture de cette Diete plûtôt qu'à l'ordinaire.

D'autant qu'il a plû à Sa Majesté, en cette occafion, de demander l'Avis & le Confeil de fes Fideles Etats, fur un Point qui concerne fi fort le Bonheur de ce Royaume; & que Sa Majefté efpere que les Etats regarderont cette marque de fa confiance en Eux, comme un temoignage éclatant de fon tendre foin & de fa vigilance pour le Bien du Royaume: ledit Commité, pour être d'autant plus en état de pouvoir fe declarer avec fondement fur cette importante Affaire, a examiné les Protocoles du Senat touchant les affaires Etrangeres, depuis la Diete de 1723; l'Avis de la Chancel

lerie

,

lerie Royale; les Raports & les Correfcondances Secrets des Miniftres les Conferences avec les Miniftres Etrangers; leurs Memoires, & autres Pieces qui pouvoient donner quelques éclairciffemens; & ayant vû par-là les Raifons de part & d'autre, il les a pelées avec tout le foin & toute l'exactitude imagi nable.

Ledit Commité a auffi examiné avec beau coup d'attention, tous les precedens Traitez de la Couronne avec l'Empereur des Romains, la Ruffie, l'Angleterre, & le Dannemarc, & le raport qu'ils pouvoient avoir avec celui de Hanovre; afin d'être d'autant mieux en état de juger, s'il s'y rencontroit quelque obstacle, & quelle fureté la Suede pouvoit y trouver, foit dans la Conjoncture prefente, ou par raport à l'avenir; & fi ledit Traité pouvoit procurer quelque avantage plus confiderable.

En quoi ledit Commité a eu principalement en vûe la conservation du Repos en Europe, & particulierement dans le Nord; & de lever tous les obftacles qui pourroient s'y rencontrer, parmi lesquels on peut regarder l'Affaire du Slefwick comme la principale pierre d'achoppement.

Le Commité Secret, après avoir examiné le tout mûrement, a trouvé que l'Alliance de Hanovre eft purement défenfive, & qu'elle ne tend en aucune maniere au prejudice de qui que ce foit, excepté de ceux qui voudroient exciter des Troubles en Europe: Que par confequent, ceux qui aiment la Paix & le Repos, ne peuvent s'en plaindre avec justice. D'où il s'enfuit fans replique, que ledit Traité, par raport aux Conditions auxquelles la

Sue

Suede y entre, ne peut en aucune maniere étre regardé comme opofé à fes precedentes Alliances avec d'autres Puiffances ; d'autant plus, que notre Traité d'Alliance conclu en 1720. avec l'Angleterre, qui à tous égards eft plus fort que le prefent, ne fut pas regardé par l'Empereur de Ruffie comme incompatible avec celui qu'il conclut avec la Suede en 1724. ; mais, au contraire, on declara expreffement par le XVIme. Article de cette Alliance avec la Ruffie, que ces deux Traitez pouvoient en tout fens fubfifter enfemble, puisque le premier n'étoit que Defenfif.

Il eft donc vifible, que ce qui en ce tems-là n'avoit pas été trouvé prejudiciable à l'Amitié & à l'étroite Union entre la Suede & la Ruffie, ne peut à prefent être regardé autrement : Auffi avons-nous declaré expreffement dans notre Acte d'Acceffion, que par cette Alliance on ne s'écarte en aucun Point de celles que la Suede peut avoir faites auparavant avec d'autres Puiffances, lefquelles refteront en tout tems dans leur force.

La Tranquilité & la Sureté du Royaume, dans l'épuisement où il fe trouve actuellement, ne peuvent, après la benediction de Dieu, trouver un plus ferme Appui que dans l'Alliance avec des Puiffances qui ont avec nous un interêt commun, & dont en cas de befoin, on peut attendre un Secours fuffifant.

On peut encore ajouter, que par cette Acceffior, qui tend à l'Honneur du Royaume & au maintien de la Religion Evangelique, nous conferverons non feulement la Confian ce que les Puiflances Proteftantes ont mife en

nous;

nous; mais nous pourrons auffi, par notre bonne intelligence avec la France & avec les Puiffances Maritimes, faire fleurir notre Com+ merce, qui eft l'unique moyen par lequel on puiffe retablir notre Royaume, & le relever de l'abaiffement où il fe trouve; fans compter que par cette Alliance, la Suede a ftipulé de plus grands Secours, & divers autres avantages, que par le Traité conclu en 1720. avec l'Angleterre.

Quant à l'affaire qui concerne le Slefwick, on regarde l'Acceffion de Sa Majesté au Traité de Hanovre, comme le moyen le plus efficace pour faire éclater la fincere difpofition de Sa Majesté envers Son Alteffe Royale le Duc de Holstein, & remplir en même tems les Engagemens contractez par l'Alliance avec la Ruffie, fans agir contre la Paix conclue avec le Dannemarc, fortifié par les Garanties les plus puiffantes: Au lieu que Sa Majefté, en rejettant cette Acceffion, feroit fruftrée des moyens d'employer efficacement fes bons offices en faveur de Son Alteffe Royale.

Voilà les Motifs que l'on peut manifester : les autres, qni font encore plus puiffans, ont trop de relation avec divers Secrets d'Etat, & trop de liaison avec les Interêts des Puiffances Etrangeres, pour que le Serment & les Instructions du Commité Secret puiffent permettre de les expofer au jour.

Toutes ces confiderations ont engagé le Commité Secret à confeiller à Sa Majefté, notre très-gracieux Roi, d'accepter l'offre o bligeante & amiable des Couronnes de France & de la Grande-Bretagne, & d'entrer dans le

« PreviousContinue »