glante & fatale, nous nous reposions presque Pour ce qui est du trait empoisonné qu'on a à moins que les Russes ne s'avisent d'avancer de nouveau que la Cour d'Angleterre avoit fous main demandé au Czar de corrompre l'Amiral Norris; de sorte que par la connexion même des circonstances, il paroic que sous une accusation aussi bien que l'autre, il y a plus de malice & de mechanceté cachée, que de verité, dans le dessein de noircir l'Angleterre, de faire naître & entretenir une forte méfiance contre elle. Il est certain , que dans l'année 1719. lorsque nous conclumes le Traité avec l'Angleterre , nous faisions plus de reflexion sur cette Couronne, comme le parti le plus fort dans l'Europe moiennant la celebre Quadruple Alliance, par Tome III, R la sous 2 Jaquelle, elle étoit fi étroitement liée avec la fort à coeur ni le retablissement de la Suede, ni la conservation de l'équilibre dans le Nord; & l'on trouva que cette même cons duite fut le commencement de cette jalousie d'Etat, qui regne presentement entre ces deux Puif* Concly a Londres en 1719. par le Comte de Volkyns. Puissances de l'Europe. Par ces raisons la France ne trouvant pas raisonnable de s'engager dans des troubles & des difficultez dans le tems d'une minorité, pendant que l'Empereur se tenoit tranquille, quoiqu'il eut les mains libres, l'Angleterre par consequent fe trouva seule, & ne pouvoit absolument prendre fur elle tout le fardeau de la Guerre, ni rien entreprendre avec quelques apparences de fuccès. A juger donc fainement, fi l'on veut parcourir sans prevention les affaires de ce tem's Felon leurs veritables circonstances, on trouvera que ce n'a pas été par la faute de l'Angleterie q'le nous avons si peu profité de fon Alliance en 1779., & si l'on ne veut ata tribuer nos malheurs à la situation fatale des conjonctures, il faut au moins partager le blame avec une autre Cour, comme on vient de le faire voir. Au reste, à juger de l'avenir par le passé, notre Histoire depuis Charles-Guftave nous oblige de comprer l'Angleterre pour un de nos plus solides Alliez, & la veritable pierre-detouche de la bonne foi des Princes. L'interec nous assure avec certitude de celle de cette Couronne independamment de ce que nous avons demontré ci-dessus fur ce point, & des aprehensions que l'Angleterre pourroit avoir de perdre une des plus fortes branches de son commerce, si le feu Empereur de Ruffie avoit mis à execution fon projet de faire passer le Negoce de Perfe & d'Asie par la Ruffie. La situation delicate où le trouve aujourd'hui l'Europe , & les évenemens qui pourroient troubler fa tranquilité, rendent notre amitié d'autant plus pecessaire à la France & à l'An R2 gles gleterre, que nous sommes situez, en voulant même rester entierement tranquilles, de maniere à pouvoir tenir en échec les Puissances qui pourroient concourir à une fin fi funeftc; car li la France & l'Angleterre, qui en veillant à la tranquilité publique , ne fauroient perdre de vûë, ni abandonner les affaires du Nord, avoient des affaires sur les bras de ce côté-là, il est évident que les Puissances, dont on vient de parler , auroient beau jeu dans le Sud. Mais ceux qui veulent semer si artificieusement parmi nous la defiance contre la France & l'Angleterre, & nous obliger de nous abandonner à la bonne foi des Russes, quel exemple ont-ils à produire qui puisse nous y engager ? Notre Histoire ancienne & moderne est remplie de faits memorables de la foi Grecque, dont l'orthodoxie ne s'est pas même dementie , ainsi qu'on le verra en tems & lieu dans ces dernieres années. Nos voisins, la Pologne & le Dannemarc, tremblent encore quand ils se souviennent du peril que leur trop grande confiance dans l'Alliance Russienne leur a fait courir. Il ne nous resteroit donc qu'à examiner fi la Flotte Angloise est suffisante pour garantir nos Côtes contre les insultes des Galeres Ruffiennes, mais l'exemple de cette année ne nous laisse aucun doute sur ce point, & cette demonstration Philique vaut mieux que tous les raisonnemens qu'on étale pour prouver le contraire. Car quelque bon vent qu'il ait souflé pour faire prendre le large à la Flotte que la Cour de Rullie nous avoit fi souvent afluré devoir sortir, pour éprouver la contenance de l'EC l'Escadre Angloise ; leurs Galeres & leurs Vaisseaux ne l'ont jamais trouvé allez favorable pour se montrer, quoiqu'ils eussent plus d'une raison qui les engageât à donner quelque chose au hazard. Aufli s'est-on jetté sur ce que l'Angleterre se laflera de faire la dépense d'envoyer tous les ans une Escadre dans la Mer Baltique. Mais outre qu'une partie de ces Gardes-Côtes, dont l'entretien est couché sur l'état ordinaire, fufit pour former cette Escadre, on ne peut pas douter que l'Angleterre ne veuille soutenir cette dépense, quoiqu'elle fut extraordinaire , vû qu'elle perdroit le fruit de celle qui a déja été faite, au moins jusqu'au tems que la Suede fe trouvera en état de ne plus craindre la Marine Ruffienne. V. Obje&tion. Si la Suede se croit assez ap. puyée pour ne pas s'allarmer du danger qui la menace elle devroit au moins sacrifier son accession au Traité de Hanovre , aux riches esperances qu'on nous fait entrevoir de la part de la Russie, & qu'aucune offre, que la France & l'Angleterre nous pourroient faire , ne fauroit balancer. Elles ne peuvent non plus ĉere prises pour de faux apas, puisque l'Imperatrice veut contribuer elle même aux moyens de pouvoir faire agir nos forces en nous fourniffint 300. mille Roubles , subside que l'Ambassideur Rullien doit avoir ordre d'augmenter julqu'à un million de Roubles payables dans trois années, c'est à-dire trois cens & quelques tren. te mille par an. Il n'est pas non plus naturel que l'Imperatrice de Russie agisse avec tant de confiance, fi elle n'avoit pas une intention Gncere d'execucer en tems & lieu les defleins R3 qu'el |