Page images
PDF
EPUB

Traité de fubfides, dont l'Ambaffadeur Knées Dolgoruki dans la Conference du 3. du mois paffé a auffi fait mention, la Ruffie voulant à cette fin s'engager, moyennant que la Suede s'abftienne de tout nouvel engagement avec la Grande-Bretagne, non feulement de payer. annuellement 150000. écus argent de Suedede la fomme déja offerte, mais auffi de les augmenter jufqu'à 200000. par an, fans que de ce côté on s'engage à rien, fi non à observer ces Traitez anterieurs & à rejetter toutes propofitions y contraires.

Sa Majefté ayant murement reflechi fur tout ce qui eft raporté ci deffus n'a pas pu trouver les raifons alleguées contre l'acceffion au Traité de Hanovre affez fortes pour la convaincre que ledit Traité ne foit purement defenfif. Sa Majefté a trouvé qu'il ne tend qu'à une defenfe mutuelle, & par confequent à l'offence de perfonne, fi non de celui qui voudroit attaquer quelqu'un des Alliez. Ces fortes de precautions innocentes ont été mifes en ufage de tout tems, & regardées comme des moyens propres pour la confervation de la tranquilité publique. Comme en pluGeurs occafions Sa Majefté Imperiale a donné des preuves éclatantes de fon zele pour le maintien d'un bien fi précieux, Sa Majesté fe fatte d'autant plus, que fadite Majesté Imperiale ne voudra ni ne pourra prendre en mauvaife part l'acceffion innocente à l'Alliance de Hanovre faite fur les inftances amiables des Couronnes de France & de la GrandeBretagne, que la vûe principale de Sa Majefté en cette occafion a été le maintien du re pos de l'Europe & particulierement celui du

Nord.

Nord. Sa Majefté a eu ces mêmes vûës pures & innocentes lorfqu'elle invita, il y a quelque tems Sa Majefté Impériale à acceder à l'Alliance defenfive entre la Suede & la Ruf fie, laquelle fuivant le fentiment de Sa Majesté ne perd rien de fa vigueur par fon acceffion à celle de Hanovre, ces deux Alliances ne fe trouvant nullement contraires; Sa Majefté s'affure, de donner à Sa Majesté Impériale en toutes occafions, des preuves convaincantes, combien elle eft fermement refolue de remplir exactement les engagemens pris avec Sa Majesté & Sa Majefté l'Imperatrice ne Ruffie, & de donner des marques de l'Eftime particuliere & de l'amitié fincere qu'elle porte à Sa Majefté Impériale, & eile efpere, qu'étant en bonne intelligence, comme elle eft actuellement avec les Couronnes de France & de la Grande Bretagne, il fe prefentera des occafions où Elle pourra de maniere ou d'autre être utile à Sa Majefté Impériale & à Sa Majesté l'Impératrice de Ruffie, & leur rendre des offices agreables, deforte que loin de craindre quelque refroidiffement dans la confiance dont elle s'eft vûë honorée jufqu'à prefent, Sa Majesté fe tient affurée que cette même confiance s'augmentera de plus en plus, fachant bien qu'elle ne donnera jamais de juftes raifons pour la faire dimi

nuer.

Sa Majesté fe tient très-obligée à Sa Majesté Impériale de l'avis que, par Zéle pour le bien de la Suede, il lui a plû de donner, par fon Envoyé Extraordinaire, touchant la Navigation & le Commerce des Sujets de Sa Majelté en Espagne & en Portugal. Ce

[ocr errors]

pen

pendant comme Sa Majesté a toujours culti vé une bonne amitié avec les Couronnes d'Efpagne & de Portugal, & qu'elle tachera toujours de ne leur donner aucune raison de juftes plaintes, auffi ne veut elle pas efperer que lefdites Couronnes fermeront leurs Ports pour les Sujets de Sa Majefté, fur tout fi elles veulent confiderer que les dommages & pertes qui en pourroient refulter feroient plus prejudiciables à leurs propres Sujets, qu'aux Sue

dois.

Au refte, Sa Majefté ayant ci-dessus donné les affurances les plus fortes, que fon acceffion à l'Alliance d'Hanovre n'affoiblit aucunement fes engagemens avec Sa Majesté Impériale & la Ruffie, il est évident que Sa Majefté ne veut en aucune maniere deroger à l'Article fecret. Par cet Article Sa Majefté s'eft obligée, en cas que les bons offices employez pour Son Alteffe Royale le Duc de Holstein à l'égard de Schlefwig, ne reuffiffent, de convenir avec Sa Majefté Impériale & les autres Puiffances intereffées dans cette affaire des moyens pour la porter à une heureufe fin. Il eft notoire que la France & la Grande-Bretagne font du nombre des Puiffances y intereflées. En vertu dudit Article ces Couronnes ne peuvent pas être éxclues de ces deliberations, Sa Majefté efpere, que Sa Majefté Impériale fuivant fes grandes lumieres & da penetration connue, trouvera Elle même, que par l'acceffion à l'Alliance de Hanovre & une bonne correfpondance avec ces deux Puiffances, Sa Majefté fera en état de contribuer avec plus de fuccès, qu'elle n'a pû faire jufqu'à prefent, aux avantages de Son

Altef

Alteffe Royale le Duc de Holstein, lefquels Sa Majefté aura toujours fort à cœur.

Sa Majesté ne peut au refte se dispenser de temoigner à Sa Majesté Impériale la plus fincere reconnoiffance, de fa bienveillance pour le Royaume de Suede, & de fes intentions louables à vouloir contribuer au bien & aux avantages dudit Royaume. Et Elle regarde comme une preuve finguliere de l'amitié & des bonnes intentions de Sa Majesté Impériale pour Elle, les offres que fon Envoyé Extraordinaire a faites par l'Ambaffadeur de Ruffie au Protocole des Conferences, de vouloir concourir avec l'Imperatrice de Ruffie à un nouveau Traité de Subfides. Comme Sa Majefté de fon côté aura un foin particulier de convaincre en toutes les occafions Sa Majesté Impériale de fon intention fincere d'entretenir inviolablement, & d'affermir la bonne intelligence qui regne entre Elle & Sa Majesté Impériale, auffi bien que de remplir de tous points fes engagemens: auffi efpere-t-elle fortement, que Sa Majefté Impériale perfiftera dans les fentimens favorables qu'Elle a temoignez, & cela d'autant plus, que Sa Majesté n'eft entrée, & n'entrera jamais dans aucun engagement, qui pourroit en quelque maniere que ce foit, être contraire à ceux, où elle fe trouve envers Sa Majesté Impériale. Sa Majefté affure le Sieur Comte & Envoyé Extraordinaire de fa bienveillance Royale.

D. N. VAN HOPKEN.

Les Miniftres Ruffiens avoient eu de lon

Q3

gues

gues conferences dans lesquelles ils joignirent 'de grofles offres à toutes les raifons que leur fourniffoient les circonftances; furquoi l'on publia la pièce fuivante qui fit affez de bruit, & qui repond affez à fon titre.

Lettre inftructive fur les affaires du Nord, &particulieremenr fur l'acceffion de la Suede au Traité de Hanovre.

JE

E ne fuis pas furpris, Monfieur, que dans votre Province, où l'on ne peut avoir qué des connoiffances & des informations fuperficielles des affaires prefentes, on fe declare avec tant de chaleur pour ou contre notre acceffion au Traité de Hanovre, Dans un Etat libre chacun croit avoir le droit, & affez de lumieres pour prononcer fur les incidents les plus grands & fur les affaires les plus importantes; & tel qui ne voit le dehors des Cours que par les yeux du gazetier, ou des gens preoccupez, decide fouvent avec plus de fuffifance des melures qu'elles ont à prendre, que d'autres qui font au timon des affaires, fes prejugez lui paroiffent des principes inconteftables, & fes conjectures des demonstrations ma thematiques.

Mais je fuis encore dans un plus grand étonnement, de voir ici, que des perfonnes très-éclairées, qui ont affez de connoiffance des interêts des Cours étrangeres, tant à l'égard de leur propre Païs que par raport aux autres Puiffances, puiflent fe méprendre dans

le

« PreviousContinue »