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d'Actes, rent par-là extraordinairement & avec d'autant plus de raifon, que nous aperçumes qu'on ne nous avoit pas oublié dans notre chere Patrie; mais qu'au contraire, nous pouvions être entierement perfuadez que le Noble Sang Suedois, fi renommé par tout le monde, ne s'émouvoit pas moins en notre faveur dans les Coeurs de nos très-aimez & très-chers compatriotes, que le même Sang le fait & le fera toûjours dans nos veines & nos entrailles, en faveur de la Suede.

Les fentimens de recoonnoiffance dont nous fommes penetrez à ce, fujet, ne fauroient être exprimez fuffifamment, & dans toute leur étendue, par aucune parole: c'est pourquoi nous laifferons plutôt à chaque fincere Patriote, & Habitant de Suede le foin d'exprimer plus au long, felon fes honnetes intentions, & felon que fon cœur Suedois lui fuggerera à lui-même, notre gratitude qui ne peut être dépeinte par de fimples paroles.

Il eft certain que perfonne ne peut conclure naturellement & raisonnablement; finon que notre attachement à la Nation Suedoife eft fincere, parfait & conftant; ce qui fera auffi toujours prouvé & confirmé dans l'occafion par des effets.

Dans cette ferme esperance nous nous promettons entierement, qu'il ne peut étre qu'agreable aux très loüables Etats du Roiaume, que nous ouvrions encore une fois notre cœur devant eux.

Depuis que dans l'Alliance defenfive, conclue avec la Ruffie le 22 Fevrier 1724. on a en même tems ftipulé par un article fecret,

de

de quelle maniere on vouloit entreprendre en notre faveur la reftitution de Sleswick, afin que non feulement nous recouvraffions ce qui nous apartient, mais aufli que la tranquilité du Nord fut affermie, & que cette pierre d'achopement, la caufe de tous ces troubles, & defordres, fut une bonne fois ôtée; Nous avons depuis ce tems-là efperé d'un efprit tranquile que par-là, moiennant la Benedic tion de Dieu, nous pourrions bien-tôt nous réjouir d'un heureux refultat, mais il nous femble jufqu'à prefent, que le tout Puissant a voulu, felon la fageffe fouveraine de fes confeils mettre notre confiance en lui, puifque par pufieurs conjonctures, & incidens il s'eft rencontré tantôt une difficulté, & tantôt une autre, qui ont empêché qu'on ait pû entreprendre avec vigueur notre affaire, moins encore la terminer. La lenteur de la Cour de Dannemark s'eft tellement augmentée par là, qu'elle a fait tout recemment une declaration qui n'eft aucunement équitable, fçavoir que Sa Majefté Danoile ne nous doit rien au fujet de notre Duché de Sleswick, ni ne veut entrer dans aucun accommodement amiable.

Nonobftant tous ces grands obftacles, il femble neanmoins en même tems que la tempête de notre affliction ne menacera pas toujours notre tête mais qu'elle fe diffipera enfin, puifque par la Providence Divine, deux des plus grandes Puiffances fon prêtes à nous affifter de leur Puiffant fe

cours.

Sa Majesté Imperiale des Romains a nonfeulement, accedé à l'Alliance de Stockholm

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ainfi qu'il eft connu, mais auffi fuivant son amour pour la justice, & fuivant la bienveillance ineftimable qu'elle a pour notre perfonne, elle s'eft de nouveau engagée avec Sa Majesté Imperiale, notre très-gracieuse belle-Mere, en vertu de l'Alliance nouvellement concluë avec elle par rapport à nos interêts, d'une maniere que nous avons tout fujet d'en être très

content.

Ainfi, il ne nous refte plus rien à fouhaiter pour notre parfait contentement, finon que Sa Majefté, & le Royaume de Suede veuillent avoir cette complaifance que de confentir à ce qui leur fera propofé à la Diete de la parte ces

Puiffances.

Nous nous croions entierement affurez que les très-loüables Etats du Roiaume, fuivant cette pieté, cette compaffion, cet Amour pour la juftice, qui leur font fi propres, fe feront un fcrupule de confcience qu'une acceffion, qui tend à ma profperité & à ma delivrance d'une oppreffion fi dure, & fi longue, de même qu'au bien public, manque, & foit omise feulement de leur côté; d'autant que tout l'Univers fait que nos Etats hereditaires ont été facrifiez uniquement pour le service de la Suede, & qu'il n'eft pas moins connu, que nous n'aurions jamais pretendu que le Royaume retablit nos affaires feul & feparement. Nous n'entrerons pas dans un long detail, pour faire voir combien il importe à la Couronne de Suede que le Roi de Dannemarck ne fe trouve pas plus en état de caufer fouvent des troubles, & des inquietudes à la Suede, par l'emploi des revenus annuels du Duché de Slefwick; mais nous laifferons feulement aux

très

très-louables Etats du Royaume, à reflechir fur la douleur inexprimable que nous devons fentir, fi après une fi longue patience, & une fi longue attente de conjonctures plus favorables, nous devions encore être expofez à de plus grands rifques.

Il pourra de nouveau fe prefenter des circonftances fi finiftres, que nous ne pourions peut être pas alors tirer le même avantage de l'affiftance des plus grandes Puiffances de l'Europe, que nous en attendons certainement à prefent avec l'aide du tout Puiffant, & fur lequel nous pouvons compter furement.

D'où il refulte qu'il feroit d'une grand importance non feulement pour nous, mais auffi pour la gloire, & j'ose dire pour l'interêt de la Suede, eu égard à ces conjonctures, s'il plaifoit aux très-louables Etats du Royaume, de faire à present de telles difpofitions fauf leur avis) qu'on put fe promettre une activité fuffifante encore après cette Diete & d'une Diete à l'au

tre.

C'eft pourquoi nous remettons tout ceci, de même que tout notre bonheur, avec une confiance parfaite aux fecretes & mures deliberations du Corps des très-louables Etats du Royaume, ainfi qu'a leur amitié & bienveillance cordiale, & nous attendons la-deffus un refultat auffi favorable, que nous nous promettons absolument de leur équité, & de leur amitié.

Pour conclufion, nous fouhaitons du fond de notre cœur qu'il plaise au Tout-Puiffant de couronner & benir les deliberations, & les confeils des très-louables Etats du Royaume d'un heureux ficces, pour le bien general de no

tre

tre chere Partie & pour la profperité particu→ liere d'un chacun de fes Habitans.

Au refte nous demeurons toujours avec toute forte d'affection, de tendreffe, & d'eftime &c.

Les Etats ne repondirent point à cette Lettre qui fut apuiée des intrigues du parti que ce Prince avoit dans les Etats; mais voici comment le Roi repondit au Duc, & au Memoire du Comte de Freytag.

Reponse du Roi de Suede à la Lettre écrite i par le Duc de Holftein aux Etats affemblés.

14

L nous a été très-agreable d'aprendre par la Lettre amiable qu'il a plu à votre Altef fe Royale de nous écrire le 12. d'Août dernier, la joye que Votre Alteffe Royale y témoigne fur ce que nous avions refolu d'affemqler les Etats du Royaume. Nous remercions Votre Alteffe Royale de fa felicitation fincere & cordiale fur cette Diete alors aprochante, & fur l'heureux fuccès des deliberations. Pour fatisfaire aux defirs de Votre Alteffe Roiale, à la Confiance qu'elle nous témoigne, & à notre inclination, à la fincere bienveillance & la conftante affection que nous portons à la perfonne de Votre Alteffe Royale, nous avons conjointement avec les Etats du Royaume pris fort à cœur d'avancer les Interêts de Votre Alteffe Royale autant que ce la s'eft pu faire, fans le rifque du Royaume. Nous efperons auffi par la Benediction Divi

ne

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