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douteuse avec la Ruffie & le Duc de Holftein.: C'eft neanmoins une preuve de la mauvaise volonté des Anglois, qui tachent à conduire les chofes au point de faire perdre à Sa Majefté Impériale & à la Ruffie toute confiance enl'amitié de ce Royaume & même à en attendre toutes fortes de facheuses fuites dès qu'en confentant dans la conjoncture prefente à l'acceffion propofée, on s'allie plus étroitement avec l'Angleterre. En effet dans ce cas l'examen & le jugement des avantages ou des préjudices d'une telle Alliance ne depend pas feulement des Alliez qui font de nouveaux Traitez, mais auffi de ceux qui veulent maintenir les anciens; car dans la conjoncture presente il ne s'agit pas du pretexte d'être ami de tout le monde, mais de conferver la bonne foi & la confiance par l'obfervation des Traitez precedens.

4. Votre Majefté & fes louables Etats doi vent être convaincus du deguisement, dont font accompagnez les motifs pacifiques que les Anglois propofent ici pour apuier la de mande de l'acceffion au Traité d'Hanovre, puifque le Miniftre fouffigné à notifié ici que les entreprises publiques des Anglois contre la Couronne d'Espagne font allées jufqu'à une Guerre declarée, nonobftant toutes les propofitions que l'Espagne a fait inutilement pour la prevenir, ainfi que j'en ai donné ici connoiffance de bouche & par écrit; en forte que le Roi d'Espagne a été obligé de repouser la force par la force par un jufte reffentiment de la conduite des Anglois infuportable entre des Têtes couronnées, & pour prevenir à tems de

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plus

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plus grands affronts; Sa Majefté Catholique preferant d'être en Guerre ouverte avec l'Angleterre, qu'à fe voir expofée à l'opreffion qui accompagnoit la feinte amitié de cette Couronne; c'eft pourquoi Sa Majesté Cath. a fait actuellement affieger Gibraltar.

Sa Majefté Impériale est obligée en vertu de fa tendre inclination pour ce Royaume & de la ftipulation contenue dans les Traitez, d'avancer les interêts reciproques, & de prevenir les dommages, de déclarer à Votre Majesté quelles en feront les fuites, afin que l'on prenne les furetez neceffaires pour l'important Commerce qui fe fait entre ce Royaume & les Etats des Rois d'Espagne & de Portugal: puifque l'on peut prevenir les pertes des Negocians Suedois & procurer leurs avantage, d'autant plus que le double mariage qui eft fur le point de fe conclure entre l'Espagne & le Portugal doit tellement unir les Interêts de ces deux Couronnes, que les Ennemis de l'une le feront de l'autre, & par consequent que ceux qui s'allieront avec leurs Ennemis feront traités fi non comme Ennemis déclarez, du moins comme pouvant le devenir, en forte que le Commerce d'ici en feroit troublé & interrompu & les Ports d'Efpagne & de Portugal feroient fermez à tous les Vaiffeaux Suedois.

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En fuppofant l'acceffion, on feroit encore plus embaraflé de ce côté-ci en ce que dans la prefente rupture avec l'Efpagne, l'Angleterre prétend n'être pas agreffeur & en demandant l'acceffion de ce Royaume Ad caufam fæderis defenfivi, elle s'ouvre la porte à la

deman

demande qui fuivra de près des fecours ftipulez.

5. Ces motifs & les obligations de l'Alliance engagent Sa Majefté Imperiale à avertir Votre Majefté & fes louables Etats d'exami ner à fonds & avec la derniere attention l'affaire de l'acceffion, & de confiderer jufqu'où il eft de l'interêt des Alliez de Hanovre & combien il eft de leur avantage de contribuer à relever ce Royaume avec le tems, ou plutôt fi raisonnablement les prefentes offres de l'amitié de l'Angleterre ne cachent pas quelques vues fecretes, fur tout de brouiller cette Couronne avec l'Empereur & la Ruffie, pour lui ôter par ce moyen toute efperance de recou vrer fon ancienne fplendeur, de la mettre dans une dependance abfolue de l'Angleterre, de priver Son Alteffe Royale le Duc de Holftein des fecours qu'il peut attendre de ce Royaume, & qui lui coûtent fi cher, pour le retablir dans fes Etats, & lui enlever l'amitié, l'affection & les prerogatives dont elle jouit ici, dans la vue de procurer avec le tems la fucceffion de cette Couronne au plus jeune Prince de la Ligne Electorale de Hanovre, foit en pretextant la neceffité que l'on auroit de la protection de l'Angleterre, foit en employant la force ouverte; & qui fait ce que l'on a peut-être déja fait pour la reuffite de ce projet ?

Sa Majesté Impériale foumet tous & chaque Article de cette remontrance au judicieux & fage examen de Votre Majefté & de fes louables Etats, fans s'ingerer à leur rien prefcrire fur la Refolution qu'ils prendront à P 3

cet

cet égard, elle a voulu feulement en bon & fidele Allié, vous propofer en peu de mots les remarques dont cette acceffion est susceptible & qui n'ont pour but, à fon avis, que l'interêt futur de ce Royaume.

C'est pourquoi auffi elle a jugé à propos de declarer de nouveau naturellement & ouvertement les raifons pour lefquelles l'acceffion requife au Traité de Hanovre eft entierement contraire à l'Amitié & à l'Alliance avec Sa Majefté Impériale, quoiqu'en puiffent dire ceux qui s'imaginent & qui veulent perfuader aux autres que l'on peut rendre compatible l'Alliance de l'Empereur avec ladite acceffion au Traité de Hanovre.

Les louables Etats ne peuvent avoir oublié les motifs qui porterent la Diete de 1724. à rechercher l'amitié & l'Alliance de l'Empereur follicitée encore depuis ce tems-là; Sa Majesté Impériale ne voit pas que depuis ce tems-là il y ait eu aucune raifon d'Etat de fa part ou de ce côté-ci pour rompre cette amitié, bien loin de-là il y en a plufieurs qui en confirment la neceffité & les avantages.

Sa Majefté fe repofe fur les lumieres & la Prudence de Votre Majefté & de Vos Louables Etats, qu'ils n'ignorent pas les vûës particulieres de quelques partifans declarez des offres de l'Angleterre, & par confequent qu'on ne les prefe rera pas aux interêts du Royaume & à la confervation de fideles amis au dehors, & encore moins qu'on ne voudra pas expofer, par cette acceffion, la validité des Traitez futurs à la defiance du refte de l'Univers, en negligeant d'obferver ceux qui font déja faits.

Le

Le Miniftre fouffigné demande une prompte declaration fur le prefent Memoire & fe recommande avec un profond respect à la protection & à la clemence du Roi.

Signé,

Le Comte de FREYTAG.

A Stockholm le 17.

Fevrier 1727..

Ces pieces font connoitre quelle étoit la difpofition des efprits de part & d'autre, voici comme le Duc de Holstein s'y joignit; il écrivit à la Diete de Suede, la lettre suivante, qu'il adref fa au Roi de Suede.

Lettre du Duc de Holftein aux Etats de
Suede.

Rès refpectée & très eftimée Affemblée des Etats du Roiaume de Suede. Nous ne pouvons nous dispenser, à l'occafion de l'agreable aproche de la Diete generale, de temoigner au très-loüable Corps des Etats, par cette lettre bienveillante, qu'à la conclufion de la derniere Diete, nous avons été confolez, & foulagez de la maniere la plus touchante, par la declaration, & l'affurance pleine de bienveillance, qu'il a plû alors aux très-loüables Etats du Royaume, de nous faire donner par Sa Majesté.

Notre Esprit & notre Coeur accablez de la dure oppreffion du Dannemarck, fe ranime

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