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de fon côté à de nouveaux troubles dans lė Nord, en prenant au défaut d'autre fujet legitime, le dit Armement pour pretexte, quoiqu'il n'y bute aucunement. L'aprehenfion où nous fommes à cet égard, paroît d'autant mieux fondée que Votre Majefté Royale nous charge encore dans fa lettre de chofes dont nous aurions lieu de nous plaindre avec beaucoup de juftice.

Il eft inutile d'alleguer ici l'amitié fincere que Sa Majefté Imperiale, notre Seigneur & Époux de glorieuse memoire, vous a portée, & toute la terre fait combien cette amitié vous à été utile & avantageufe. Votre Majefté Royale n'ignore pas non plus de qu'elle maniere elle en agi en échange avec mon dit Seigneur & Epoux que par une grandeur d'ame Sa Majefté Imperiale a mieux aimé diffimuler fur tout cela que d'entreprendre la moindre chofe, qui auroit pû donner atteinte à l'amitié conftante qui a toûjours fubfifté entre la Ruffie & la Grande-Bretagne. Sadite Majefté Imperiale n'auroit jamais pû donner des preuves plus convaincantes de fes intention finceres à conferver cette bonne amitié, qu'en acceptant genereufement les bons offices, offerts par Sa Majefté le Roi de France, pour le retablissement d'une parfaite intelligence avec Vôtre Majefté Royale & en fe declarant difpofée à vouloir non feulement enfevelir dans un oubli éternel toutes les in→ jures reçûes de Vôtre Majefté quoique fans les avoir meritées, mais auffi d'entrer à des conditions raisonnables, avec Elle, & avec la Couronne de France,dans un engagement plus étroit & dans une Alliance defenfive.

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Les conditions propofées par Sadite Ma jefté Imperiale, à la requifition du Roi de France, n'ont pas feulement été trouvez juftes dès le commencement, mais Sa Majesté Très - Chretienne a fait efperer plus d'une fois, que tout ainfi que ces conditions. pourroient fort bien être conciliées avec les . engagemens pris avec la France, avec Vôtre Majefté & d'autres Puiffances, elles pourroient de même, à l'égard de cette Alliance être ajustées & reglées felon l'équité & la juftice par l'affermiffement entier de la tranquilité du Nord: & par confequent ce ne font pas des conditions nouvelles, mais les mêmes que Vôtre Majefté Royale fait tant éclater préfentement, & puifque dans la derniere reponce qui nous a été communiquée du côté de la France, Vôtre Majefté declare elle même la chofe équitable, il eft bien fenfible; que ce nonobftant Vôtre Majefté ne rejette pas feulement tous les moyens amiables & équitables pour l'ajufter, mais qu'elle veuille nous obliger à accepter des conditions directement oppofées à notre interêt, &, qui plus eft, à nôtre honneur & reputation, & même à la juftice. Nous ne pouvions croire par ces circonftances, que les Miniftres de Vôtre Majefté ayent eu une intention ferieuse de conclure cette Alliance, mais que l'envoy de l'Efcadre des Vaiffeaux de Guerre accompagné des Ordres qui ne peuvent que faire entrevoir une interruption d'amitié, & la naiffance de nouveaux troubles dans le Nord, n'eft qu'une fuite de l'animofité que quelques-uns de vos Ministres ont témoigné par tout & publiquement contre nous, pendant 03

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tant

tant d'années. La chofe paroît évidemment par le fait que Vôtre Majefté allegue, & nous met encore à charge au fujet du Pretendant. Vos Miniftres ont fort bien compris que toutes les raifons par eux alleguées, qui, fans cela, ne regardent pas proprement les interêts de la Grande-Bretagne, mais qui font plutôt entierement opofées au Traité folemnel qui fubfifte entre la Grande-Bre tagne, & d'autres Puiffances, ne font point fuffifantes à juftifier auprès des perfonnes defintereffées leurs violentes entreprises: & comme ils ne peuvent trouver d'autres raisons, il faut que cette accufation frivole & furannée vienne au jour, & que fur le même pié que du paffé, elle ferve de pretexte principal pour toutes les demarches fi peu amiables faites contre nous.

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Quoique la nullité de cette accufation ait été prouvé tant de fois, & que le tems, auffi bien que l'experience fafle voir que ces pret tendus engagemens n'ont exifté en aucun ent droit, que dans l'imagination des Miniftres de Vôtre Majefté Royale, & que la facilité que nous avons aporté de notre côté aux dernieres negociations, ne doive pas moins convaincre Vôtre Majefté de leur malice & faufleté, que les difpofitions que nous avons temoigné à accorder la Garantie qu'elle nous a demandée: Nous voulons cependant enco re par deffus tout affurer Vêtre Majesté Royale, , que nous lui portons trop d'amitié pour vouloir caufer à Vôtre Majefté, & à la Nation Britannique aucune inquietude par des engagemens que nous pourrions prendre

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avec le Prétendant. Au refte, il depend
bien du bon plaifir de Vôtre Majesté Royale
de donner à fon Amiral les Ordres qu'elle trou-
ve à propos; mais Vôtre Majesté Royale
conviendra auffi avec nous, que votre defen.
fe ne nous empêcheroit pas de faire fortir no-
tre Flote, fi nous le trouvions à propos, &
qu'en qualité de Souveraine & Imperatrice,
qui ne depend que de Dieu feul, nous pré-
tendions auffi peu de recevoir des loix de per-
fonne, que de nous oublier au point d'en
vouloir donner aux autres. Nous fommes
fans cela prêts & difpofez à entretenir a-
vec Vôtre Majefté Royale une bonne har.
monie, & nous n'entreprendrons rien qui
puiffe interompre d'amitié fi bien établie en-
tre les deux Royaumes depuis tant d'an-
nées. Et comme de notre côté nous decla-
rons franchement que cette amitié ne peut
être que fort utile à nous, à nos Royau-
mes, & nos fujets, nous efperons auffi
que vous avouerez que jufqu'à prefent elle
n'a pas été moins avantageufe pour Vôtre
Majefté, pour vos Royaumes, & pour vos
fujets, & qu'à l'avenir elle ne pourroit pas
êtte infructueufe. Enfin, il eft bien affuré,
que Sa Majefté Imperiale de glorieuse mé
moire, après avoir été abandonné par tous
fes Alliez, a eû des peines & des fraix in-
croïables à fe procurer à foi-même, & à fes
Royaumes la Paix tant defirée : nous apor-
tons auffi tous nos foins à en maintenir la
jouiflance à nos Royaumes & à nos fu-
jets.

Nous fommes même perfuadé de ne pouvoir mieux reuffir dans ces vûes falutaires,

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qu'en

qu'en nous tenant toujours à l'exemple de notre Seigneur & Epoux, de glorieuse memoire, dans une posture à pouvoir en tout tems fecourir en ças de befoin nos Alliez, fatisfaire aux engagemens pris avec eux, proteger nos fideles Sujets contre toutes infultes, & nous opofer à ceux qui voudront nous ôter & à eux le trefor de la Paix.

C'eft auffi dans cette vue, & point dans d'autre deffein que nous avons fait les armemens qui ont donné tant d'ombrage à Votre Majefté Royale, quoique fans aucun fujet & fondement. Nous fouhaitons que le ToutPuiflant vous donne une parfaite fanté/& un Regne toujours heureux. A S. Petersbourg le 25. Juin 1726. & en la feconde année de notre Regne de Votre Majefté Royale la très-affec tionné Sœur. 7 eb st a volu

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219{LI

La prefence continuelle de cette Efcadre 'Angloife au coeur du Golfe de Finlande émpêcha que l'on decouvrit quelles avoient été les vûës de la Ruffie en armant, car fa Flote ne mit en mer que par échantillon pour exercer la Marine, le refte demeura dans le Port, enforte qu'elle fut la maitreffe de dire qu'on avoit pris l'alarme fans raifon, qu'elle n'avoit aucun deffein, & que fi elle en eut formé quelqu'un, ce n'auroit pas été cette Efcadre qui auroit empêché fes forces de mettre

en

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