" », Votre Majefté n'ignore pas non plus com;, bien nous avons fouhaité non-feulement de "conferver la tranquilité dans l'Europe, mais auffi de vivre en bonne intelligence & de cimenter une amitié ferme & durable entre "Notre Couronne Royale de la Grande-Bre"tagne & celle de Ruffie. " " " Nous n'avons manqué aucune occafion de donner des marques convaincantes de » ces intentions pacifiques & amiables, & Votre Majefté doit fort bien fe reffouvenir de » la preuve qui en a paru lorfque Nous déclarâmes être prêts d'entrer, conjointe»ment avec notre bon Frere le Roi de Fran„ce, en Alliance avec feu Sa Majesté votre Seigneur & Epoux, aux termes & à des con"ditions qui fuffent compatibles avec la Paix du Nord, auffi-bien qu'avec les interêts, la ,,dignité & l'honneur des Puiffances contrac"tantes. Nous ne doutions pas que certe » voye ne fût un fur moyen de menager une " " » reconciliation fincere entre nous & feu vo,,tre Epoux, de rétablir une bonne harmo» nie entre nos Domaines & les Vôtres, pour » l'avantage mutuel des Peuples, & d'affermir la Paix & la tranquilité fur des fondemens » folides & durables. " " Ce fût pour parvenir à ces grandes & heu" reufes fins, conformement aux intentions », de feu Sa Majefté, dont le Miniftre du Roi Très Chrêtien avoit fouvent fait raport, », que de concert avec la Cour de France on 2 dreffa le Plan d'un Traité qui fut envoyé à ,, feu Sa Majesté pour en avoir fon Apro,, bation & fon confentement final; Mais la ›, confommation d'un ceuvre fi defirable fût " » pré » prevenûë par la mort fubite & inopinée de » Sa Majesté. " " " Cependant, comme nous confervions » toujours les mêmes intentions pour le main,, tien de la Paix du Nord & pour le renouvellement de notre ancienne amitié avec la » Couronne de Ruffie, dès que Votre Ma» jefté fut parvenue au Throne, nous lui fi,, mes déclarer conjointement avec le Roi Très-Chrêtien que nous étions difpofez " à conclure ledit Traité, ne doutant point » que Vôtre Majesté n'acceptât volontiers u» ne propofition fi favorable à fes Domaines ,, & Sujets en particulier, & fi avantageuse » pour la confervation de la Paix generale. Auffi devons-nous avouer que nous fumes fenfiblement touchez de voir notre attente ,, fruftrée par la maniere dont on répondit à » nos offres & les inftances que firent les Mi,,niftres de Vôtre Majefté, après de longs & vains délais, , pour que l'on fit dans le Traité " des changemens qui ne concernoient pas les intérêts de l'Empire de Ruffie, & qui non feulement étoient contraires aux engagemens folemnels Nous & le Roi Trèsque Chrêtien avions contractez envers d'autres ,, Puiffances, mais qui auroient jetté dans de nouveaux troubles toutes les Couronnes du Nord. " دو " " " " Nous ne faurions non plus diffimuler à Vôtre Majesté l'extrême furprise où nous ,, fumes d'aprendre, que pendant que nous continuions ces négociations amiables, & » qu'il n'avoit été fait de notre part aucune ❞ provocation, on prenoit des mesures dans », vôtre Cour en faveur du Prétendant à nộ » tre tre Couronne, & qu'on y donnoit de granda » encouragemens à fes adherants. Après tout ce que nous venons de re,, prefenter à Votre Majefté, Elle ne doit pas être furprise que dans l'obligation indifpenfable où nous nous trouvons de pourvoir à ,, la fureté de nos Domaines, de fatisfaire à nos engagemens envers nos Alliez, & de maintenir la tranquilité du Nord, qui nous ", paroît en danger par les preparatifs de guer re de Votre Majesté. Nous avons crû neceffaire d'envoier, une forte Escadre dans la Mer Baltique, avec ordre à notre Admiral de tâcher de prevenir de nouveaux troubles » en ces Quartiers-là, en empêchant la fortie de votre flotte, en cas que vous per», fiftiez dans la refolution de la mettre en mer » pour executer les deffeins que vous pourriez avoir en vuë. دو " » Cependant, comme notre intention fir » cere feroit de vivre en paix avec Vôtre Ma»jefté. Nous fouhaitons de tout notre cœur » que reflechiffant ferieusement fur le veritable interêt de fes Peuples, Elle veuille les laiffer jouir des fruits de cette Paix, qu'ils » ont achetée au prix de tant de Sang & de trefors fous la conduite de feu votre Epoux; & que plûtôt que d'entrer dans des mesures » qui plongeroient la Ruffie dans une Guerre ,, inevitable, & tout le Nord dans une nou » velle convulfion, Vôtre Majefté veuille » donner à fon Peuple & à toute l'Europe des >> preuves convaincantes de fon inclination » pour la Paix, & de fes difpofitions à vi» vre en repos avec fes voifins. Sur quot >> &c. » Don Tome III. " Donné en notre Palais Royal de S. James le 11. Avril 1726. la 12. année de no» tre Regne. - Votre affectionné Frere. GEORGE ROI. Cette lettre, qui fut portée à Petersbourg par un Capitaine de Vaiffeau, ne resta point fong-tems fans reponce. On peut voir par ces deux pieces, quels étoient les grièfs, entre les deux Cours. Reponce de l'Imperatrice de Ruffie à la Let tre du Roi de la Grande-Bretagne. Atherine par la grace de Dieu Imperatrice de toute la Ruffie, &c. Très-haut, très-Puiffant & très-Illuftre Roi. Nous avons bien reçu la lettre amiable & Fraternelle de Votre Majefté Royale du 21. Avril, par laquelle il lui plaît de nous déclarer, que les preparatifs de Guerre que nous avons fait, avoient engagé Votre Majesté Royale à envoier une puiflante flotte dans la Mer Baltique, afin d'obvier à toutes les entreprises que nous pourrions faire pour troubler la tranquillité du Nord; & qu'à cet effet, Votre Majefté Royale avoit ordonné à son Amiral Wager d'empêcher notre flotte d'en trer en mer. Nous ne defavouerons pas, que nous a vons été bien furprifes de ne recevoir votre let tre tre qu'au même inftant que votre Flotte parut fur nos Côtes, & après qu'elle avoit jetté l'ancre devant Revel; & puifqu'il auroit été plus conforme à l'ufage établi parmi les Souverains & plus conciliable avec l'amitié qui a fubfifté fi long-tems entre nos Royaumes, & la Couronne de la Grande Bretagne fi Votre Majefté Royale avoit trouvé bon de s'expliquer avec nous fur l'ombrage que lui pouvoit donner notre armement & d'attendre là-deffus notre réponce avant que de paffer à un pas fi offençant. Votre Majefté Royale auroit pû enfuite auffi, fans faire tant d'éclat & de dépense, être affurée de nous que nous cherchons auffi peu à troubler le repos du Nord, que nous aportons tous nos foins & toutes nos attentions à ne pas feulement affermir pour le présent mais auffi pour l'avenir cette tranquilité du Nord, qui nous interefle plus que Votre Majefté Royale, & à éloigner tout ce qui pourroit donner occafion à l'alterer. Et comme Votre Majesté Royale eft pleinement informée de ce qui a été traité dans les 'negociations qu'il y eut entre Sa Majesté Imperiale notre Seigneur & Epoux de glorieufe memoire, enfuite entre nous même & entre Sa Majesté & le Roi de France, elle ne peut qu'être perfuadée de notre très fincere intention; & nous remettons à votre propre jugement, comment nous & tout le monde avec nous doit envifager cette demarche fi extraordinaire de votre Majefté Royale, & fi on en peut préfumer autre chofe, finon qu'elle a formé contre-nous des deffeins fort préjudiciables & que par consequent elle incline de |