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Ce font vos propres paroles, je repondis de n'en avoir point, aparement à caufe du peu de fejour que je ferois à cette Cour, que d'ailleurs j'étois bien perfuadé des égards du Roi mon Maitre envers Son Alteffe Royale, Monfeigneur le Duc, & que Sa Majefté fouhaitoit du meilleur Coeur du Monde tout ce qui pourroit lui être agreable.

Votre replique fut que fon Excellence Monfieur de Mardefeldt à Petersbourg s'étoit declaré fur ce point de la même maniere.

Vous ne difconviendrez point, Monfieur, que le tout s'eft ainfi paffè, que rien n'y eft ajouté, ni omis, que jamais il n'a été fait mention entre nous du Traité d'Hanovre, ni des conferences, qui fe font tenues, & qui fe tiendront la-deffus.

Pour chez Monfieur de Reichel, il eft vrai que par occafion de la Gazette d'Amfterdam, où l'on avoit inferé le Traité fufdit, dans lequel Monfr. de Reichel crût avoir vû que les Puiffances Contractantes s'y garantifoient les Conquêtes faites & à faire; après l'avoir relû tous deux, vous ne pûtes jamais trouver cette Claufe; je lui affurai le contraire, étant contre la nature d'un Traité défenfif.

Voila tout ce que j'eus l'Honneur de lui dire là-deffus, fans y joindre jamais la moindre chofe fur l'acceffion que l'on demande.

Je vous prie Monfieur de me donner un mot ́ de reponse, pour que je puiffe mieux renvoyer les perfonnes qui me tiendront à l'avenir des dif

cours de cette nature.

Cela eft d'autant plus neceffaire, que je

trou

trouve à propos d'en donner connoiffance à ma Cour par la pofte d'aujourd'hui, pour la prevenir en cas que pareilles nouvelles parviennent jufqu'à elle.

La pofte part à 5. heures, Monfieur; ainfi d'autant plus accordez moi ma demande. J'ai l'honneur, Monfieur, d'être avec beaucoup de confideration, &c.

(Signé)

BULOW.

Stockholm le 12.

1726.

Reponse à Monfieur le Baron de Bulow.

J'A

MONSIEUR,

'Ai été bien furpris de recevoir une Lettre de vous, Monfieur, datée de la même ville où nous demeurons, & je l'ai été bien d'avantage de fon contenu.

Je fuis fort faché, que votre memoire vous ait fait faux bond für le fujet des converfations que nous avons euës ici.

Vous êtes le maitre, Monfieur, d'en écrire à votre Cour ce que vous trouverez à propos, j'en ferai de même à la mienne.

J'ai l'Honneur d'être avec bien de la confideration.

(Signe)

GOLOWIN.

Con

Confiderations du Comte de Golowin.

Es deux premiers points font vrais, & je me fuis donné l'honneur de mander le premier en Cour.

Le premier point de la feconde vifite eft auffi vrai. Je ne lui ai jamais parlé du Duc d'Holstein, encore moins me fuis-je fervi de ces paroles, mais dans cette vifite il me fit de grandes proteftations de l'eftime particulie re du Roi fon Maître pour Sa Majesté Imperiale & de la fincerité de fes injentions à cultiver fon amitié. Après lui avoir лetorqué ce Compliment, je lui dis, comme il fouhaitoit auffi bien que moi, que nous fuffions bons amis, il me permettroit bien de lui faire une queftion, s'il étoit chargé de fe joindre aux Miniftrês de France & d'Angleterre pour engager la Suede à l'Acceffion au Traité d'Hanovre.

Il repondit, qu'il n'avoit ni ordres ni inftructions pour cela, que Meffieurs les François & les Anglois pourroient faire ce qu'ils trouveroient à propos, que pour lui il ne s'en meleroit pas, qu'il me prioit même d'en affurer Sa Majefté Imperiale auffi bien que des fentimens du Roi fon Maître qu'il venoit de declarer.

Monfieur de Reichel affure, qu'il lui a parlé de la même maniere, & que pour ce qu'il dit ici de lui, il n'y avoit pas un mot de vrai, & qu'il voyoit bien, que Mr. de Bulow vouloit lui donner une ridicule par là, dont il s'expliqueroit de bouche avec lui.

Le

Le Roi de Pruffe ayant rapellé Mr. Bulow envoya un autre Miniftre, mais celui-ci ne fe mêla point de l'acceffion. Ainfi Mrs. de Brancas & Pointz chargez feuls dé cette delicate negotiation, eurent en tête le Comte de Freitag, Ambaffadeur de l'Empereur, & le Comte Gollowin, auquel l'Imperatrice de Ruffie joignit bien-tôt l'adroit Prince Dolgoruki, qu'elle rapella de Warfovie pour l'envoyer à Stockholm épauler le Miniftre Imperial; on voulut y envoyer en même tems le Baron de Baffewitz premier Miniftre de fon Alteffe Royale le Duc de Holstein, mais la Cour de Suede fit entendre que fa prefence ne feroit point agreable; enforte qu'on fe contenta d'envoyer en fa place deux Officiers de la Cour de Son Alteffe Royale qui ne firent ni bien ni mal, outre que ce Prince avoit à Stockholm le Major General Reichel Son Miniftre accredité.

Les Etats de Suede, qui étoient affemblez, avoient nommé un commité secret pour tra vailler à l'affaire de l'acceffion avec les Senateurs Commiffaires nommez par Sa Majesté pour conferer avec les Miniftres invitans. Cette affaire alloit avec beaucoup de lenteur, lorfque tout d'un coup l'Amiral Wager, parut dans la mer Baltique avec une Escadre ou plûtôt une petite Flote, puifqu'il avoit fous fes ordres environ 30. Vaiffeaux Anglois fans compter les Danois. Je n'entrerai pas ici dans le detail des raifons qui firent preffer l'envoi de cette Escadre; fi ce fut aux inftances de la Cour de Suede & du parti des Patriotes, ou fi la Cour d'Angleterre l'envoya de fon propre mouvement; quoiqu'il en foit il eft certain que fans attendre l'Escadre Danoife, l'Amiral An

glois fe preffa de fe rendre, non dans le Golfe de Finlande mais dans les Dalres, c'eft-à-dire fur les côtes de Suede, où il ne fut pas plûtôt arrivé qu'il fe rendit à Stockholm pour declarer à Sa Majefté Suedoife, qu'il avoit ordre de fe pofter de maniere que la Flotte Ruffienne ne put rien entreprendre contre la Suede; & quelques jours après ayant remis à la voile, il fut fe pof ter fous l'Ifle Nargin d'où il envoya à l'Imperatrice de Ruffie la Lettre fuivante, où le Roi George declaroit à cette Princeffe les raifons de cet armement.

"

Lettre du Roi de la Grande-Bretagne à l'Imperatrice de Ruffie.

George, par e, par la grace de Dieu, Roi de

la Grande Bretagne, à la très-Haute, ,, très- Puiffante Princeffe, Notre très - chère Soeur & Grande-Ducheffe de toute la Ruffie, feule Souveraine de Moscovie &c. &c. &c. Salut, Bonheur & Profperité.

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Très-Haute, très. Puiffante, & très-Illuftre Princeffe, Votre Majesté ne pouvant ignorer que les grands preparatifs de guerre qu'Elle fait en tems de Paix, tant par mer » que par terre, nous donnent de grands & » juftes fujets d'ombrage, auffi bien qu'à nos Alliez dans le Nord, Elle ne doit pas être furprise que nous ayons envoyé une forte Efcadre de Vaiffeaux de guerre dans la Mer Baltique fous les ordres de notre Amiral le Chevalier Charles Wager, pour prevenir les dangers qui pourroient naître d'un armement fi extraordinaire.

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