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l'amiable; qu'elles ne peuvent point s'empê cher en cette occafion de remarquer qu'on a donné à Leurs Hautes Puiffances de très grandes efperances, pour qu'elles duffent attendre, que quand le Sr. Marquis de St Philippe, Ambaffadeur de Sa Majefté, feroit arrivé ici, il leur feroit de très avantageufes propositions, & dont, felon toutes les apparences, elles pourroient être contentes. Que par cette raison, elles n'ont pû voir qu'avec furprise par le contenu dudit Mémoire qu'il ne tend uniquement qu'à propofer une Négociation, & même encore de transferrer cette Négociation à Madrid, & que de plus on demande par ledit Memoire, que les propofitions à faire foient faites de la part de Leurs Hautes Puiffances, favoir que par une Lettre ou par leur Ambaffadeur, elles reprefentent de nouveau à Sa Majefté les raifons de leur mecontentement; fans qu'elles trouvent dans ledit Mémoire aucune propofition specifique ou positive, bien moins des propolitions avantageufes, en forte qu'à présent Leurs Hautes Puiffances, après l'arrivée dudit Marquis de St. Philippe, font auffi peu avancées & auffi incertaines, qu'elles l'étoient auparavant.

Que pour ce qui regarde les fufdites deux propofitions même, tendantes en prémier lieu à reparer le préjudice que les fujets de l'Etat ont fouffert par quelques Traitez anterieurs: Leurs Hautes Puiffances ne comprennent pas clairement le fens de cette propofition; que fi l'on entend par-là le redreffement de plufieurs grièfs dont de tems en tems Leurs Hautes Puiffances fe font plaintes, favoir que leurs fujèts en plufieurs occaTome III. fions

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fions ont rencontrez des traitemens contraires à la teneur des Traitez faits entre Sa Majefté & Leurs Hautes Puiffances, elles verront volontiers & il leur fera très agréable, que Sa Majefté veuille donner fur ces plaintes une fatisfaction équitable & conforme aux Traitez. Mais fi par le préjudice porté par des Traitez antérieurs, on entend ce qui a été réglé par quelques Traitez conclus entre Sa Majesté & d'autres Potentats; Leurs Hautes Puiffances n'y prétendent aucun changement. Mais comme les Traitez entre Sa Majefté & la Republique portent que la République & fes sujets doi vent être traitez auffi favorablement qu'aucune autre nation, tanquam gens amiciffima, qu'elles croyent avoir acquis par là le droit de pouvoir demander tous les avantages, qui ont été accordez à quelque Nation que ce foit, pour autant qu'elles n'y aïent point renoncé; qu'ainfi Leurs Hautes Puiffances ne demandent aucune innovation, mais feulement l'execution & l'observation de ce qui a été ftipulé & promis par les Traitez, qui fubfiftent entre Sa Majesté & la République, & que les contraventions, qui y ont été commifes, foient redreffées, entre lefquelles contraventions Leurs Hautes Puiffances doivent compter particulierément, ce qui par le Traité de Commerce de Vienne a été accordé en faveur de la Navigation des Pais-Bas Autrichiens aux Indes, comme on l'a fait voir par le Memoire du quatriéme Novembre de l'année paffée prefenté à Sa Majefté par le Sr. Vander Meer Ambaffadeur de Leurs Hautes Puiffances, fur lequel elles attendent encore une reponse satisfactoire,

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Que pour ce qui concerne le fecond Point de ladite propofition, favoir l'interpofition de Sa Majefté auprès de Sa Majesté Imperiale pour parvenir à un accommodement amiable des differens, Leurs Hautes Puiffances s'étant expliquées là-deffus, elles ne croient pas qu'il foit neceffaire de le repéter; Elles confidereront comme un très grand fervice que Sa Majefté rendra à la Republique, fi Sa Majefté à la bonté d'effectuer auprès de Sa Majefte Imp. que le Commerce des Pais-Bas Autrichiens aux Indes vienne à ceffer & que par là foient applanies les difficultez & inconvenients qui en refultent, qu'elles compteront ce fervice pour une des plus grandes preuves d'amitié que Sa Majesté leur puiffe donner, qui fans doute pourra contribuer autant qu'aucune autre chofe à la confer vation du repos public.

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Que quant à ce qui eft mentionné dans ledit Memoire touchant le Traité d'Hanovre & l'acceffion de Leurs Hautes Puiffances audit Traité, elles y ont vu avec plaifir que Sa Majefté n'eft pas moins perfuadée que Leurs Hautes Puiffances le font, de ce que ledit Traité n'a point d'autre but, que la Paix de l'Europe, qu'il n'eft pas à croire que les Princes qui l'ont conclu la vouluffent troubler; qu'il ne leur eft pas moins agreable d'aprendre que Sa Majefté leur fait la juftice de croire que dans leurs, deliberations fur ledit Traité & fur leur acceffion il n'entre aucune animofité mais qu'elles y procedent uniquement par precaution; qu'elles ne fauroient point encore dire quelle iffue auront leurs deliberations par rapport à ladite acceffion; mais puifque fuivant la persuasion de Sa Majesté aufli bien que de В 2 Leurs

Leurs Hautes Puiffances ledit Traité d'Hangvre n'a point d'autre but que la confervation de la Paix de l'Europe & que l'acceffion de Leurs Hautes Puiffances, en cas qu'elles vinffent à s'y refoudre, ne pourroit point être confiderée autrement que comme une précaution legitime. Qu'ainfi Leurs Hautes Puiffances ne peuvent pas bien comprendre pourquoi on veut exiger d'elles qu'elles fufpendent plus long-tems leur Refolution à cet égard, ni pourquoi leur acceffion rendroit plus difficile un accommodement entre Sa Majefté Imperiale & la République.

Que quelle que puiffe être l'iffue des deliberations par raport à ladite acceffion, elles declarent dérechef, qu'elles feront toûjours en état d'entendre les propofitions que Sa dite Majefté leur voudra faire, mais qu'elles fouhaitent que ces propofitions puiffent renfermer quelque chofe de reël & de pofitif, furquoi elles puiffent delibrer avec fondement; au lieu que par ledit Memoire on ne propose qu'une Negociation en termes fi géneraux qu'on n'en peut pas bien éfperer un bon fuccès, nonobftant toutes les avantageufes idées, dont Leurs Hautes Puiffances pouroient fe flater, & tout le bien qu'elles pourroient fe promettre de l'amitié de Sa Majefté, auffi bien que de l'habilité & de l'amour du Duc de Ríperda pour la République.

Et fera un Extrait de la prefente Refolution de leurs Hautes Puiffances mis par l'Agent van Baarler ès mains dudit Sieur Marquis de Saint Philippe.

Cette reponse fut fuivie de quelques confe

rences

rences que cet Ambaffadeur eut avec les Deputez de Leurs Hautes Puiffances, & comme on lui infinua que le Roi Catholique dans ses engagemens avec l'Empereur agiffoit contre ceux qu'il avoit avec d'autres Puiffances, en favorifant au delà de tout le Commerce des Autrichiens, même au préjudice des Caftillans, le Marquis de St. Philippe prefenta un second Memoire que voici.

Mémoire du Marquis de St. Philippe Ambaffadeur d'Espagne du 1. Avril 1726.

E fouffigné Marquis de St. Philippe Ambaffadeur d'Efpagne, a par ordre exprès de fon Maître, expofé à vos Seigneuries que Sa Majefté a vuë leur reponfe donnée le 24. Janvier dernier au Secretaire d'Oliver, alors chargé des affaires d'Espagne auprès de Meffieurs les Etats Géneraux. Le Roi y a lû avec plaifir les expreffions de l'amitié fincére de Vos Seigneuries pour Sa Majesté & combien elles paroiffent portées à conferver la Paix & la tranquilité de l'Europe. C'est l'unique objet de tous les mouvemens, que le Roi fe donne pour parvenir à un but fi falutaire & n'en laiffer aucun doute à Vos Seigneuries. Leur repugnance neanmoins à admettre la Mediation de Sa Majesté entre l'Emp. & Meffieurs les Etats Géneraux donnent des raifons fuffifantes pour en defifter & ne plus parler d'une Negociation à entamer fur la Compagnie d'Oftende. Car il est évident que l'indépendance Souveraine se

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