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Paix, qui lui furent faites, peu après de la part de la France pour lui, pour l'Empire, & pour l'Espagne, fans fe mettre en peine du fort de la Hollande, & de l'Angleterre. Af fez de gens le lui confeilloient, & le Roi Très-Chrêtien ne manquoit ni de bons amis, ni de fortes perfuafions pour l'y porter. Mais au milieu de toutes les grandes confiderations qui entroient en cette importante affaire, & qui fe contrebalancoient entr'elles d'un poids à peu près égal, l'ancienne affection, qu'il portoit à la Republique, le détermina en fa faveur, & la fauva une feconde fois. Ce fage Empereur comprit fort bien, que les Interêts de la Religion n'y étoient pas engagés auffi avant, qu'on vouloit de lui perfuader, que s'il acceptoit les propofitions du Roi de France pour la Paix, les fuites infaillibles, & prochaines, qu'on en devroit attendre, feroient, que le Roi Jaques, rétabli fur fon Trône avec plus de gloire, & de Puiffance, qu'auparavant, joindroit toutes fes forces à celles du Roi fon Allié, & fon Bienfaiteur. & que la Republique, impuiffante pour réfi fter à de tels Ennemis, fubiroit bien-tât le joug de leur Domination, felon le partage qu'ils en voudroient faire entr'eux. Comme le tems eft paffé, & le peril auffi, on peut à préfent donner à cette affaire telle tournure qu'on voudra, mais ce que nous difons, eft la verité & il nous fouvient fort bien, que des perfonnes de merite, qui en ce tems-là avoient quelque part aux affaires de l'Etat, nous ont avoué plufieurs fois, , que pendant tout l'hyver de l'année 1688. & 1689. ils ne purent jamais dormir d'un fommeil tranquil

le,

le, tant ils étoient frapés du danger, où ils voyoient leur Patrie. Il faut bien que Mef feurs les Etats fe cruffent eux mêmes en grand peril, puifqu'en envoyant Monfieur le Penfionaire Hop à Vienne pour l'Allance qu'il y conclut heurement le 2. Mai 1689, ils le chargerent d'offrir à l'Empereur, pour premier Article, la Garantie entiere de tous fes Droits à la Succeffion d'Espagne, pour t lui & fes Heritiers, avec la concurence de leurs bons offices auprès des Electeurs de l'Empire, afin que le Roi Jofeph, Fils aîné de l'Empereur, fut élu au plutôt Roi des Ro main. Ces deux Points, fi juftes & fi rai. fonnables en eux mêmes, fervirent de fondement à toute la Negociation, & l'on en fit (*) un Article féparé, qui fut auffi ratifié féparement par les deux Puiffances maritimes. Car bien que l'Empereur n'eût pu être porté, à traiter immediatement avec le nouveau Roi d'Angleterre, il étoit dit dans le Traité, que la Couronne de la grande Bretagne pourroit y être invitée, & admife de la part de Leurs Hautes Puiffances. Monfieur Hop fut regardé à fon retour, comme un Homme, qui avoit rendu à l'Etat le plus fignalé fervice, qui fe put attendre d'un de fes Miniftres, & non fans raifon, puifqu'à la faveur de l'heureufe Alliance, qu'il venoit de conclurre, il conferya toutes fes Poffeffions pendant la Guerre, & fe fit accorder au tems de la Paix prefque tous les avantages, qu'il fouhaittoit.

V. Voilà donc la Hollande deux fois fauvée, par les affiftances amiables, & purement

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(*) Aux Preuves Lett, Z.

volontaires, de la Très-Augufte Maifon d'Au triche. A cela on opofe l'Alliance de l'an 1701., la longue & fanglante Guerre, qui en fut la fuite, les Dépenfes infinies, où elle engagea l'Etat d'une maniere dont il n'eft pas encore bien rétabli; les fubfides payés en Portugal, en Savoye, en Dannemarc, & à divers Princes de l'Empire, les mombreuses Armées de Terre, & dè Mer, employées tous les ans contre l'Ennemi commun; les Troupes envoyées en Espagne, & en Italie, aux fraix de Leurs Hautes Puiflances; la glorieu Te part qu'elles eurent à la Bataille Hogftedt, qui fut le falut de l'Empire, à celle de Turin, qui délivra toute l'Italie, & à celle de Ramillies; d'Audenarde, & de Malplaquet, qui avec les fameux Sieges de Lille, de Tournai, de Douay & de Mons &c. expulferent les François d'une grande partie du Païs-Bas, & tout cela, dit-on, pour la Maifon d'Autriche, & particulierement pour l'Empereur, à qui l'on a enfin procuré une grande partie des Etats de la Monarchie d'Espagne. ceux-là mê, mes qui étoient le plus à fa bienféance. Cependant ajoute-t-on, c'est ce même Empereur, qui autorife maintenant les entreprises de fes Sujets, contre nôtre principal Commerce, & qui les y protege, le fervant pour cela des mêmes Places, & Provinces, que nous lui avons aquifes, au prix de tant de Sang, & d'Argent, & tournant ainfi contre nous mêmes, les importans fervices, que nous lui avons rendus. Tels font les Difcours, qui fe tiennent en Hollande, & qui, tout mal digérés qu'ils font, ne laiffent pas d'y faire impreffion fur beaucoup d'honnêtes gens, qui

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pleins de zèle pour leur Patrie, mais peu informés de la verité des chofes, ne se défient pas qu'on veuille les tromper. Il nous fe roit aifé d'y répondre plus amplement, que nous ne ferons. Mais le refpectueux attachement, que nous confervons pour le fervice de Leurs Hautes Puiffances, & la perfuafion, où nous fommes, qu'elles n'y ont aucune part, nous obligent à beaucoup de ménagemens. Le deffein de ces Gens-là ne peut-être que de femer la Divifion, & la Mefintellig gence entre l'Empereur, & Meffieurs les Etats, à l'occafion du Commerce d'Oftende; & le nôtre eft, au contraire, d'arracher, s'il eft poffible, cette pernicieufe femence, avant qu'elle ait pouffé fon germe. On convient avec plaifir de la gloire, que Meffieurs les Etats s'acquirent pendant toute la derniere. Guerre, par le puiffant concours de leurs Forces à celles des autres Hauts Alliez, tant par Terre que par Mer, & de la fermeté qu'ils y montrèrent jufqu'au tems du Congrès d'Utrecht. Mais on croit, que la même Justice doit être rendue à l'Empereur, & à fes Auguftes Prédeceffeurs. Tout le monde fçait, que le Sereniffime Prince Eugene partagea la gloire de la journée de Turin, avec fon Alreffe Royale le Duc de Savoye, maintenant Roi de Sardaigne; que l'heureux fuccès de celle de Hogftedt, d'Audenarde, & de Malplaquet ne fut pas moins dû à fon Héroïque Valeur qu'à celle du Duc de Marlborough, qui y commandoit avec lui; & que les vaillantes Troupes Imperiales, dont il étoit Géneraliffime, n'eurent pas moins de part aux Sieges de Lille, de Tournay, de Douay, &

de Mons, & à la délivrance de tout le Païs-Bas, que celles d'Angleterre, & de Hollande. Les trois Puiffances y contribuerent, chacune de fa part, très-glorieusement & très-utilement; mais il ne s'enfuit point de là que ce que Meffieurs les Etats y ont fait, doive être compté préfentement à l'Em pereur pour une affiftance pure & fimple, Nous fommes perfuadées auffi, que Leurs Hautes Puiffances, ne le prétendent pas, & dans cette fupofition, que nous croyons certaine, nous fuprimerons encore, tout ce qui se pourroit dire là-deffus des deux Traitez, de Partage faits en 1698., & en 1700., & des Negotiations de l'an 1701., avec le Comte d'Avaux. Il fuffira de remarquer, que Meffieurs les Etat, & avec eux le Roi d'Angleterre, reconnurent enfin, dans ces mêmes Négociations, que leur exceffive, prudence les avoit trompés; que l'Interêt de la Maifon d'Autriche étoit veritablement celui de toute l'Europe, & que dans l'Etat, où fe trouvoient leurs affaires, il étoit devenu l'Anere derniere, & unique de leur Salut. Co fut auffi ce qui produifit l'Alliance (*) de l'an 1701. Il eft bon d'en raporter le Préambule, rien de plus clair pour montrer les differens motif, & Interêts, qui obligeoient l'Empereur, l'Empire, la Couronne de la GrandeBretagne, & l'Etat des Provinces-Unies, à fe réunir en Cause commune, jufques à ce qu'ils euffent obtenu par une Paix, auffi commune, les Satisfactions, que chacun d'eux pouvoit prétendre. On y expofe, qu'en ver

(*) Preuves Lett- A a.

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