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à la Couronne d'Espagne, feroit paffée fous filen ce dans le Traité de Paik, ou que fi l'on en faifoit

mention, ce ne feroit que pour lai men

les deux

Parties chacune en fon Droit, & que nonobstant la Paix, qui fe feroit, le Roi Très-Chrétien pourroit continuer fes affiftances au Roi de Portu gal, & même agir par diverfion, en la faveur par tout, où il voudroit, pourvû que ce ne fut point au Pais-Bas.

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Ce Traité conclu à la Haye le 23. Janvier 1668. entre l'Angleterre, la Suede, & la Hollande, fut fuivi trois mois après d'un autre, qui fe fit le 15. Avril à Saint Germain en Laye entre le Roi Très-Chrétien d'une pärt} & le Roi de la Grande-Bretagne, avec les Etats Generaux des Provinces-Unies d'autre part, pour regler definitivement les Condi tions auxquelles les Efpagnols feroient obligés d'accepter la Paix, fur peine d'y être contraints par les trois Puiffances, unies enfemble, En même temps on leur fit fçavoir ce qui avoit été refolu, & comme il n'y avoit pas moyen de refifter, ils fe foumirent, & la Paix fe fit à Aix la Chapelle le 2. du mois fuivant. Le Roi Catholique y perdit Charleroi, Binchs, Ath, Douay, le Fort de Scarpe, Tournay, Audenarde, Lille, Armentieres, Courtrai, Bergues, & Furnes, & le Roi Très-Chrétien y garda toutes fes Prétenfions à la fucceffion d'Espagne, en cas d'ouverture. On doit convenir, que puifque l'Angleterre & la Hollande ne vouloient point entrer en guerre pour 'PEfpagne, elles ne pouvoient pas obtenir beaucoup davantage en fa faveur, & qu'er facrifiant cette Partie des Pais-Bas Autrichiens, elles fauverent le refte. Mais il ne parois Tome 111. G

pas

pas, que cela puiffe être compté pour affiftance, & l'on peut douter raifonnablement, que Meffieurs les Etats fe cruffent fort obligés à ceux qui en pareil cas leur en donneroient une femblable.

III. Ce cas fe préfenta bien-tôt après, lors que le Roi de France vint fondre fur eux avec routes fes forces unies à celle du Roi d'Angle terre, de l'Electeur de Cologne, & du Prince Evêque de Muniter. On ne fçauroit gueres s'imaginer d'état plus déplorable, ni d'extremité plus grande que celle, où la République tomba à l'arrivée de ce Monarque fur fes Frontieres. La Frayeur & la Coniternation s'emparerent tout d'un coup des efprits, & entrainèrent, en moins de quarante jours, la chûte de quarante Villes, Places, ou Forts. Affiegée du côté de la Mer par deux puiffantes Flottes, environnée, & préfque envahie, du côté de la Terre par trois Corps d'Armée, dechirée de plus interieurement par deux violentes Factions, dont l'une fe prévalut de Poccafion pour renverfer l'autre, reduite en fin a la moitié de foi-même, par la perte de trois Provinces entieres, d'une grande partie de la quatrième, & n'ayant ni Troupes, ni Alliances pour opofer aux Vainqueurs, elle fut obligée, pour conferver ce qui lui restoit, ou plûtôt pour en differer la perte de recouvir au moyen, prefque défeperé, d'une inondation génerale fur toute la Province de Hollande. On peut juger de ce qui feroit arrivé, fl'Empereur & le Roi d'Espagne fe fuffent tenus neutres. s le pouvoient, fans faire tort à perfonne, & leur Interêt particulier s'y feroit rencontré, fur tout celui de l'Empe

réur, qui n'avoit aucune raison pour chercher la Guerre avec la France, & qui en avoit beaucoup pour l'éviter; fans parler des avan tages réels très-grands, & très légitimes, que cette Couronne leur offroit. Ils pouvoient auffi, à l'exemple de Meffieurs les Etats, s'unit d'abord avec la Suede en Triple Alliance, & faire en fuite avec le Roi Très-Chrêtien un fecond Traité de S. Germain en Laye, par lequel ce Prince eut été porté à fe contenter de fes Conquêtés actuelles, en leur laiffant ce qu'ils poffedoient encore, fous peine néanmoins, en cas de refus, d'y être contraints par la force des Armes, & de ne pouvoir plus elperer les mêmes Conditions. On auroit pu auffi l'engager à leur rendre tout ce qu'il auroit gagné fur eux, moyennant une renonciation abfolue au Commerce des Indes Orien tales, avec ceffion, & tranfport de toutes les Poffeffions, qu'ils y avoient, pour être partagées entre l'Espagne, la France, & l'Angleterre, & fi cela eut été fait, comme il étoit faifable, nous ne ferions pas aujourd'hui dans la néceffité de défendre notre propre Commerce, contre les injuftes Prétentions de la Compagnie Hollandoife. Mais la génerofité de l'Empereur Leopold, & de la Reine fa Soeur, qui gouvernoit pour lors en Espagne, ne leur permit point de penfer à tout cela, & quand leurs Majeftez eurent connu, que le deffein du Roi de France, en attaquant la République, étoit véritablement de la fubju guer, & de fe frayer le chemin à de plus grandes Conquêtes, elles ne fongerent plus qu'à la tirer, par un puiffant effort, de l'abî me, où elle étoit plus qu'à demi tombée. G 2

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Veritablement elles ne fe trouverent pas d'a bord en état de rompre avec la France. Cela ne fe pouvoit, principalement de la part de P'Empereur, avant d'avoir pris bien des mefu

& renversé bien des Batteries, qui avoient été dreffées contre lui. Mais il ne laiffa pas d'envoyer au Mois de Septembre 1672, une petite Armée fur le Rhin, qui s'étant jointe à celle de l'Electeur de Brandebourg, y effectua une fort avantageufe diverfion, par la néceffité, où fut le Roi de France d'y en envoyer auffi une; quoique, de part mi d'au tre, on n'en vint pas, cette année là, auf Hoftilités. La Reine d'Efpagne de fon côté fournit quelques Troupes à Meffieurs les Etats pour mettre dans leurs Garnifon, & l'année fuivante les deux Cours fe déclarerent ouvertement, ce qui fut d'un fi grand effet, que d'abord l'Electeur de Brandebourg ren tra dans l'Alliance de Meffieurs les Etats; dont il s'étoit feparée. Cologne, & Munfter firent leur Paix; le Roi de la Grande Bretagne auffi; Treves, Palatin, & Neubourg fe rejoingnirent à l'Empereur, & quelques autres Princes fuivirent leur exemple, après quoi le Roi Très Chrêtien aïant déja perdu Coevor den & Naarden, abandonna fes Conquêtes en Gueldre en Utrecht, & dans toute la Géneralité des Provinces-Unies, à la referve de Maeftricht, & de Graves, qui furent re pris dans la fuite. Le refte de l'Hiftoire, juf qu'à la Paix de Nimegue, & depuis cette Paix jufqu'à la Trevede l'an 1684. eft connu de Meffieurs les Etats. Cela fuffit paffons à la rande Alliance de l'an 1689.

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IV. Le danger, où fe trouverent pour fors
Mela

Meffieurs les Etats, ne fut pas moins grands, que celui de l'an 1672., quoique moins fenfible aux yeux du Vulgaire. C'étoit un terrible Labyrinthe, & fans la fidelle Alliance de l'Augufte Maifon d'Autriche, qui les en tira, on ne voit pas comment ils en fercient fortis Quelqu'un répondra peut-être, que l'Alliance deffenfive faite en 1683. entre l'Empereur le Roi d'Espagne, le Roi de Suede, & Meffieurs les Etats, pour le maintien des deux Paix de Weftphale, & de Nimegue, obligeoient réciproquement les Parties à s'entrelecourir en cas de befoin, & que le Roi de France ayant attaqué, prefque d'un même tems, leurs Majestéz Imperiale & Catholique, & Leurs Hautes Puiffances, il en résultoit une obligation de fecours mutuel, dont on ne fe pouvoit difpenfer ni de part, ni d'autre. Mais ce quelqu'un là fe tromperoit en toutes maniéres. Car premierement c'eft une ques tion de fçavoir fi le Traité de l'an 1683. fubfiftoit encore à l'égard de l'Empereur. Secondement fupofé qu'il fubliftât, & que Meffieurs les Etats euffent été attaqués feuls, il n'auroit engagé l'Empereur qu'à un fecours de 6000. Hommes de pied, & non pas à une rupture ouverte. Et Enfin le cas de ce fecours n'exiftoit pas l'Empereur, l'Empire, & le Roi d'Efpagne, fe trouvoient attaqués, auffi bien que Leurs Hautes Puiffances, & même les principales Villes, & Fortereffes du Rhyn, & du Necker avoient été prifes ou occupées par les Armes du Roi de France, plus de deux mois avant que les Hoftilités euffent comme icé entre ce Prince, & elles. L'Empereur auroit donc pû accepter les offres de Paix,

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