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consulté à la Bibliothèque impériale de Paris, fait l'apologie de ce forfait et compare l'assassin au Christ. Ce document porte pour titre : « Les cruels et horribles torments de Balthazar Gérard, Bourguigno, vrai martyr, soufferts en l'exécution de sa glorieuse et mémorable mort, pour avoir tué Guillaume de Nassau, ennemi de son roi et de l'Église catholique (1). »

Le quatrième jour d'août 1789, le prince de Conti, les ducs de Montpensier, de Longueville et de Montbazon, le maréchal de Biron et l'élite de la noblesse française vinrent reconnaître et proclamer pour leur roi Henri quatrième.

Chose étrange! ce même palais de Saint-Cloud était destiné à voir tout à la fois l'alpha et l'oméga de la maison de Bourbon: Henri IV et Charles X.

Z.

A l'époque où Monsieur, frère de Louis XIV,

(1) Bibliothèque impériale de Paris. Recueil de 1589. 2284. — Z. d. 1502. Ce même livre, très-curieux et presque unique, renferme aussi le bref recueil de l'assassinat commis en la personne du très-illustre prince, Mgr le prince d'Orange, comte de Nassau, marquis de la Vere, etc., par Jean Jauregui, Espagnol, en 1582. »

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DOMAINE DE LA COURONNE

prit possession de cette résidence, voici de quelles diverses acquisitions elle se composait; nous puisons ces renseignements dans les Archives de la couronne :

1° La maison de Gondi, achetée à Barthélemy Hervard, contrôleur général des finances, par contrat du 25 octobre 1658, passé devant Mouffle et Lefoin, notaires à Paris, moyennant 240,000 livres ;

2o La maison du Tillet, acquise du sieur Martin, trésorier de la marine, par contrat du 29 mai 1659, moyennant 60,000 livres;

3o Une maison appartenant au sieur Duverdier, vendue 39,000 livres, par contrat passé devant Gigault, le 12 décembre 1673;

4o Une autre maison acquise du duc de Charost, par contrat passé devant Béchet, le 13 novembre 1683, moyennant 66,000 livres, et le fief de Villeneuve, vendu par la dame de SaintAndré, par contrat passé devant Bellanger, le 25 octobre 1695, moyennant 57,200 livres;

5o Diverses acquisitions de maisons et terrains. Enfin, pour faciliter l'agrandissement du

parc, Louis XIV fit don à Monsieur, par lettres patentes de décembre 1678, de 31 arpents 67 perches de terres sur le haut de la montagne, derrière les murs du parc de Saint-Cloud, et aussi par lettres patentes de décembre 1677, Sa Majesté donna encore à Monsieur la moitié de la seigneurie de Sèvres. Le prince y joignit le fief de l'arpent franc, une parcelle de terre appelée la pièce des Rivières, acquise du sieur de Longueil; une maison sise à Sèvres, appartenant au sieur Monnerot, et plusieurs autres à Marne, Saint-Cloud et Ville-d'Avray.

La totalité de ces diverses acquisitions se monte à 1,156 arpents, d'après le plan rédigé par Legrand, en 1736, des palais, jardin, parcs et dépendances de Saint-Cloud.

Nous ne retraçons ici que l'histoire générale de cette résidence impériale; chaque fait particulier trouvera sa place au chapitre consacré à la pièce où ce fait se sera produit.

Après être resté plus d'un siècle dans la famille d'Orléans, Saint-Cloud fut vendu, le 24 octobre 1784, par Louis-Philippe d'Orléans, fils de

Louis, qui avait épousé secrètement la marquise de Montesson.

Blessée du peu d'égards que la cour lui accordait, la marquise fit donner le Palais-Royal au duc de Chartres et livrer Saint-Cloud à MarieAntoinette, moyennant la somme de six millions.

Ensuite, elle se retira, ainsi que le duc, à Sainte-Assise, château bâti par Louis-Philippe d'Orléans, sur les bords de la Seine, entre Corbeil et Melun.

Marie-Antoinette confia sa nouvelle acquisition à son architecte Micque; les fossés furent comblés, une nouvelle chapelle élevée; par malheur; le beau salon d'Armide disparut, entraînant, dans son désastre, le plafond de M. Pierre qui représentait les cinq actes de l'opéra d'Armide.

Ce que la jeune reine cherchait, c'était, avant tout, d'échapper à l'étiquette. De là ces jolis boudoirs bourgeoisement décorés avec les toiles peintes de Jouy, et ces meubles coquets si peu en rapport avec le style sévère des grands appartements.

Pendant les jours agités de la révolution, Saint-Cloud est délaissé jusqu'à l'heure où le général Bonaparte y crée le berceau de sa dynastie. La physionomie du château, assombrie durant la terreur, change alors tout à coup; Saint-Cloud retrouve sa splendeur passée après les événements des 18 et 19 brumaire; il devient la résidence d'été du premier Consul, voit disparaître les boudoirs de l'architecte Micque, et se bâtir une nouvelle salle de spectacle à l'extrémité de l'Orangerie.

Bientôt la France vient offrir, dans la galerie d'Apollon, le manteau impérial au nouveau César, par les mains des grands corps de l'État. Lá révolution est terminée, l'anarchie détruite, la France redoutée et admirée, florissante et fière de son chef, et elle donne la puissance suprême à celui qui l'a placée à la tête des nations. Saint-Cloud est associé aux phases les plus heureuses de la vie du nouvel Empereur; les chancelleries de l'Europe disent le Cabinet de Saint-Cloud, comme autrefois le Cabinet de Versailles.

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