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les mœurs font bonnes, il eft poffible que le Divorce les rende encore meilleures. Mais dans un pays où les mœurs font mauvaifes, nous perfiftons à craindre que le Divorce les rende encore pires; & hormis les cas de démence déclarée incurable, d'adultère prouvé, d'abandon volontaire & de peine infamante ou févices graves, nous croyons au moins très-douteux qu'il foit, quant à préfent, convenable aux mœurs de Paris. (M.....)

LA Liberté, Ode, avec des notes; par M. DE LA VICOMTERIE. A Paris, chez Leroy, Libraire, rue St-Jacques, No. 1 Prix, 11 f. br.

IS.

C'ÉTOIT un beau fujet d'Ode que la Liberté. Il ne paroît pas que l'Auteur l'ait ni conçu ni rempli; il ne manque pas d'une forte de verve, mais dont le déréglement ne produit que du vague dans les idéesles tableaux & les expreffions, ce qui eft fort différent du défordre qui eft un effet de l'art. Voici les meilleurs vers de cette Ode. L'Auteur dit, en parlant de la Baftiile dé

truite :

D'un pied libre, sûr & tranquille,
Jeffoulé ce bail are afile

,

Où l'homme entroit épouvané ;
Et repofant fur ces décombres,
Le Temps, le Silence & les Ombres
Parloient à mon cœur agité !

L'apostrophe fuivante à M. le Marquis de la Fayette, eft d'un ton noble & lyrique.

toi, jeune Guerrier, brave & doux la Fayette, Héros de l'Amérique & de la Liberté;

La Gloire a dit ton nom, la France le répète,
Et le Temps le préfente à l'Immortalité.
Villars, & Maurice, & Turenne,
Vous aviez ferré notre chaîne,

Et Vainqueurs, vous portiez des fers;
Mais qui dompte la tyrannie
Eft le vengeur de la Patrie
Et le Héros de l'Univers.

Tous les bons Citoyens applaudiront à cet hommage. Le nom de la Fayette s'eft, pour ainfi dire, confondu avec celui de la Liberté, au point que c'eft dans fon cœur que nos ennemis voudroient la frapper. Heureufement il peut dire comme l'intrépide Matthieu Molé: Il y a encore loin, » du poignard d'un fcélérat au cœur de l'homme de bien ".

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Vaux d'un Solitaire, pour fervir de fuite aux Etades de la Nature; par JACQUES-BERNARDIN-HENRI DE SAINTPIERRE. A Paris, de l'Imprimerie de MONSIEUR, chez P. F. Didot le jeune, Libraire, quai des Auguftins.

CET Ouvrage commencé à l'époque de la convocation des Etats-Généraux, n'a pu paroître qu'au mois de Septembre dernier, & déjà une partie des questions fur lefquelles M. de Saint-Pierre donnoit fon avis, étoient décidées par l'Affemblée Nationale, conformément ou contradictoirement à l'opinion de l'Auteur. Cette production n'avoit donc plus, même à sa naisfance, la forte d'intérêt qui a fait rechercher alors la plupart des écrits où ces queftions étoient difcutées. Mais nul Ouvrage ne pouvoit fe paffer plus aifément de cette faveur paffagère des circonftances. Le talent & le génie font l'àpropos de tous les temps, & l'un & l'autre brillent dans l'écrit que nous annonçons. Il eft vrai qu'on retrouve dans les Vœux d'un Solitaire, plufieurs des idées que l'Auteur avoit déjà répandues dans fes Etudes de la Nature. Mais la variété des afpects fous lefquels il les reproduit, le furcroît de preuves, foit

en raifonnement, foit en exemples, dont il les fortifie encore, le fentiment dont il anime les nouveaux développemens qu'il leur donne, tout attefte la plénitude de fa conviction, l'abondance de fes pensées, la ficheffe de fon talent, & fur-tout ce vif & profond défir du bonheur des hommes, feul mobile digne d'un talent fi rare & fi précieux.

Il eft inutile d'en dire davantage fur un Ouvrage qu'on peut confidérer comme le cinquième Volume des Etudes de la Natúre. Il feroit trop long d'en relever les beautés; & il fembleroit faftidieux de combattre quelques opinions politiques de l'Autéur, d'jà peut-être abandonnées par lui-même depuis la publication de fon Livre, & que, par le fait, la Nation a laiffées bien loin derrière elle.

('C......)

MEMOIRES intéreffans, par une Lady, traduits de l'Anglois par feu M. Le *TOURNEUR. 2 Parties in-12. Prix,3 l. broc. A Londres; & fe trouve à Paris, chez Leroy, Libr. rue St-Jacques.

C

Il y a peu d'action dans ce Roman; mais les mils & les caractères intéreffent.

Mylord Grandville, & le Colonel Scy mone, deux Militaires retirés, & unis part l'amitié la plus tendre, vivent dans deux châteaux voifins l'un de l'autre. Le Colonel Scymone & fa femme, enlevés par une mort imprévue, laiffent une fille, Milf Scymone, qui eft l'Héroïne de ce Roman." La mère a recommandé, en mourant, fa fille à l'amitié de Mylord & Lady Grandville, qui, de leur côté, ont un fils à peu près du même âge. L'amitié qui unit ces, deux jeunes gens dès leur enfance, fe change avec le temps en un fentiment plus tendre; mais comme leur fortune & même leur naiffance font inégales, Milf Scymone croit que la délicateffe & la reconnoiffance lui font un devoir de cacher fes fentimens, & de ne pas encourager la paffion du jeune, Lord. Mais à la fin la vertu de Miff Scymone trouve la jutte récompenfe, & elle s'unit au jeune Lord, de l'aveu de fes parens.

On voit que ce fonds- là ne peut être piqstant que par les détails; & il faut avouer qu'il y en a fouvent d'inutiles. Le caractère de Charlotte, amie de Milf Seymone, eft d'une gaîté aimable, quoiqu'un peu forée quelquefois. Tous les perfonnages de ce Roman font d'une honnêteté peut-être un peu trop uniforme : mais le caractère de Milf Scymone, qui est bien foutenu, eft de la plus touchante fenfibilité. :

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