Page images
PDF
EPUB

dicta la Sentence des Juges. Je ne l'entendis pas, mon fils, cette Sentence. J'étois tombé évanoui, de l'excès de ma joie, entre les bras du Peuple. Quelqu'un me reconnut; car en tombant j'entendis qu'on difoit aus tour de moi: Il eft fon père. On m'emporta dans la falle voiline; & en reprenant mes efprits je me retrouvai dans tes bras. Je ne fais pas fi on peut être plus heureux que je le fus dans ce moment; mais je fais bien qu'un feul degré d'émotion de plus m'auroit couté la vie; &, à dire vrai, fi j'en avois le choix, c'eft d'une mort pareille que je voudrois mourir.

(Par M. Marmontel.)

Explication de la Charade, de l'Enigme & du Logogriphe du Mercure précédent. LE mot de la Charade cft Banqueroute'; celui de l'Enigme eft l'Année 1790; & celui du Logogriphe et Année, où l'on trouve Néc.

A

CHARADE.

mon fecond fouvent s'apprête mon premier; On pleure, on rit, on chante, on danfe à mon entier. Par M. G... d. C... p. M..,)

ÉNIG ME.

D'un jour à l'autre il me vient des enfans Inégaux en efprit, en taille, en caractère ;

J'en ai de bons, j'en ai plus de méchans, Mais l'honneur ou l'affront ne touche que le père ; Les recevoir eft mon unique affaire. Avec raifon aux jeunes, aux brillans

Je vois fouvent que l'on préfère

Les vieux dont en lambeaux s'en vont les vêtemens.

( Par le même. >

LOGO GRIPHE.

EN tout temps, fur fept pieds, je puis dans les

desserts,

Au sèxe un peu friand faire bonne figure;
Sar cinq je puis en ore y briller les hivers ;
De ces cinq, par plaifir, renverfez la structure,
De vore efprit, Lecteur, je fuis une pâture;
Et fans mes deux premiers, je peuple les Enfers.
(Par le même.)

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Du Divorce. A Paris, chez Defenne, Libraire, au Palais-Royal.

IEN n'eft plus digne de toute l'attention des Législateurs que la queftion du Divorce; il n'y en a point de plus inté reffante, il n'y en a point de plus délicate, ni de moins fufceptible peut-être d'une pleine folution.

L'Auteur de l'Ouvrage que nous annon çons la décide, ou plutôt il la croit décidée de tous les temps par la Religion nar l'exemple & l'autorité des Légiflateurs

:

les plus fages, enfin par la Nature, la ju tice & l'humanité. Il feroit dificile det plaider cette caufe d'un ton plus fage & d'un ftyle plus animé le fentiment, la raifon, les peintures les plus vives, les plus touchantes, fe résniffent pour donner à l'éloquence de ce plaidoyer le charme & le pouvoir de la perfuafion.

Mais enfia ce n'eft qu'un plaidoyer; on n'y défend que l'une des deux caufes, & nous allons tâcher de fuppléer à ce qu'on a dérobé à l'autre de fa force & de fes moyens.

L'Ouvrage eft divifé en trois Livres : Hiftoire du Divorce, Néceffité & Avantages du Divorce, Loix fur le Divorce.

Dans le premier Livre, ce font les Loix & les ufages qui autorifent le Divorce; dans le fecond, les raifens morales & po litiques, les motifs d'intérêt public & domeftique qui le réclament; dans le ;e., les Loix nouvelles qui doivent le régler & lé modifier.

La première Partie eft comme fuperflue, bien heureufement pour la caufe; car elle en eft le côté foible: 1°. il n'eft pas bien sûr que Dieu, en créant l'homme & la femme pour être unis, ait entendu qu'il leur ferait libre de fe quitter & d'abandonner leurs enfans.

Moïfe eut fes raifons fans doute pour 11. :......འ:68ris uic permettre à ce qui a p femme, de la répudier après l'avoir connue, fi elle n'étoit pas à fon gré; mais cette Loi, fi commode pour le mati & fi févère pour la femme, ne feroit pas bonne pour nous 2. la réponse de Jétus Chrift, qui ne permettoit le Divorce que dans le cas de l'adultère ou de l'infraction du devoir conjugal, et plus contraire que fa vorable aux conclufions de l'Auteur: 3°. l'exemple des Egyptiens, celui d'Athènes, du temps de Solon; celui de Rome, du temps des Triumvirs, dans les murs de la République, ne peut s'appliquer à nos mours. La Loi de Romulus, qui permet

toit au mari de répudier fa femme, fi elle avoit commis un adultère, préparé du poifon, ou falfifié les clefs, l'obligeoit, dans tout autre cas, de donner à fa fenime, en la répudiant, la moitié de fon bien, & d'en confacrer l'autre moitié à Cérès; condition qui, par tout pays, rendroit le Divorce très-rare: 4. puifque les Pères & les Conciles ont varié fur le Divorce, leurs autorités fe balancent & ne font ici d'aucun poids: 5°. il eft encore plus inutile d'examiner fi, dans nos temps de barbarie, les Peuples fe donnoient pour la répudiation la même licence que les Rois: 6°. l'état actuel de l'Europe à l'égard du Divorce, ne prouve que des convenances; & pour nous-mêmes, en dernier résultat, il ne s'agit que de favoir fi le Divorce nous convient; c'eft ce qui refte à examiner dans la fuite de cet Ouvrage.

Divorce conforme à la Nature, conforme à la juftice, avantageux à la Religion, and mœurs, à la politique; objections contre le Divorce, & réfutations: tels font les titres du fecond Livre.

Pour bien connoître ce que la Nature a demandé à l'homme, il faut voir l'homme dans l'état de nature or dans l'état de nature, la longue enfance de l'homme exige évidemment la continuité de l'union conjugale; & la furvenance des enfans, nés fucceffivement de la même union, la prolonge, & la rend indiffoluble jusqu'à cet

« PreviousContinue »