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passa à Reuss, et resta une demi-heure à l'hôtel-de-ville.

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De Reuss l'Empereur partit pour Coblentz (*), où il arriva le premier jour complementaire. Il parcourut la ville à cheval, et se rendit à la Chartreuse, où il fut question d'établir un fort en état de protéger la navigation de la Moselle et du Rhin. De-là, il traversa le bac à Gultz, village sur la Moselle, où il s'arrêta, goûta du vin du pays, et s'informa quel en était le prix. Le soir, LL. MM. honorèrent le bal de leur présence. Au moment où elles entrèrent dans la salle, de jeunes filles récitèrent des vers, et déposèrent des couronnes et des guirlandes à leurs pieds.

Le 2, l'Empereur quitta la ville à cinq heures du soir, et prit la route de Mayence, où il arriva le 3. Le lendemain, il donna audience

(*) L'Impératrice y était déjà arrivée. Tandis que Sa Majesté jouissait, du haut de la Chartreuse de cette ville, de la vue magnifique qui s'étend sur le Rhin et la Moselle, un fermier du voisinage vint lui offrir un panier de beaux raisins muscats, dont elle goûta avec plaisir. Pour reconnaître cette attention, Sa Majesté tira une pièce de 40 fr. qu'elle offrit au fermier; celui-ci hésitait à la recevoir. « Je sais bien, lui dit l'Impératrice, que » vous n'êtes pas dans le cas de vendre du raisin; mais » n'ayant rien autre chose à vous offrir dans ce moment, je vous prie d'accepter cette pièce comme une médaille » et comme un souvenir.

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aux étrangers de distinction qui étaient dans cette ville; et tous parurent aussi charmés de l'accueil qu'ils en reçurent, qu'étonnés de ce qu'ils entendirent. L'archi-chancelier du SaintEmpire Romain, électeur d'Aschaffembourg, et l'électeur de Bade, avaient une gardé d'honneur tirée de celle de l'Empereur.

Le 3 vendémiaire, l'Empereur monta à cheval, et visita les fortifications de la ville. Le même jour, l'Impératrice passa le pont du Rhin, et alla se promener jusqu'à Hocheim, village célèbre par ses vignobles. Les bons habitans furent enchantés de cette visite inattendue, et témoignèrent leur joie par des vivat. Le soir, le fort Cassel fut illuminé d'après les ordres du prince de Biberich.

Pendant son séjour à Mayence, l'Empereur reçut la visite de plusieurs princes et électeurs d'Allemagne, entendit les réclamations des diverses autorités, et accueillit les pétitions de plusieurs habitans de cette ville, avec cette bonté qui lui est si naturelle, et si capable de lui gagner tous les cœurs.

Le 10, S. M. l'Impératrice quitta cette ville, et s'en retourna directement à Paris, en passant par Landau.

Le 11, l'Empereur partit de Mayence; et, après avoir traversé plusieurs villes, dont il examina avec soin les fortifications, il arriva

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à Trèves le 14. Il était environné d'une foule immense, lorsque le maire de cette ville lui présenta les clefs. Il daigna goûter les vins d'honneur qui lui furent offerts.

Le lendemain, il reçut les autorités civiles, militaires et administratives, et consacra la journée presqu'entière à s'entretenir avec les différens corps, et à accueillir toutes les réclamations qu'on lui fit.

L'évêque de Trèves, en présentant son clergé à S. M. l'Empereur, dit, avec un accent de sensibilité qui ajoutait encore à l'éloquence de de ses paroles :

« SIRE,

«La présence de V. M. I. dans les murs de » cette ville, reporte le souvenir de ses habi» tans vers les premiers tems de son ancienne splendeur. Trèves eut jadis la gloire d'être le séjour des Empereurs du monde, et s'ho>>nore sur-tout d'avoir été la résidence de cet » illustre Constantin, dont le nom si brillant » dans les fastes de l'Histoire, est encore plus glorieusement consacré dans les annales de » la religion; il donna la paix à l'Eglise, et » arrêta ces persécutions furieuses qui l'avaient » si long-tems désolée. Tourmentés naguères >> par des persécutions plus cruelles, mais que >> nous avons oubliées, nous invoquions un

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>> nouveau Constantin : la religion, la patrie » le demandaient au ciel la bonté divine

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prodigue envers nous, a dépassé nos espé»rances vous avez paru.

» Sire, vous arrivez, annoncé par les accla» mations des peuples. A votre approche, les » campagnes, les villes, les temples reten» tissent de chants de gloire; mais au-milieu » de ces bruyans concerts de joie et d'admira» tion, il est des accents plus touchans et plus >> doux qui vous échappent, que vous ne pou» vez entendre, et que les ministres de l'Eglise, qui jouissent du privilège de les re» cueillir, peuvent seuls faire parvenir jus» qu'au cœur de V. M. Oui, SIRE, des millions

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de voix ne cessent de répéter, et vous ne >> pouvez l'ignorer, combien on vous admire; » mais vous ne savez pas assez, et nous seuls >> pouvons vous dire combien on vous bénit.

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» Au récit de tant de merveilles qui ont il» lustré tous les pas de lá carrière la plus mé» morable que nous offre l'Histoire, au récit » de tant de conquêtes, fruits de votre valeur éclairée; de tant d'institutions salutaires, » fruits plus précieux encore de votre bienfai» sante sagesse, les bons et simples habitans » de ces frontières reculées de votre Empire ne » s'étonnent plus d'appartenir à la France, et s'énorgueillissent d'être devenus vos sujets.

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» Mais quand on leur parle du zèle ardent et infatigable qui anime V. M. pour leur bon» heur; de votre existence entière prodiguée >> au soin de leur prospérité ; ah! SIRE, que ne >> pouvez-vous être témoin des émotions dont » nous les voyons alors pénétrés! vous joui»riez de la récompense la plus pure et la plus » douce que le ciel puisse accorder dans ce » monde aux princes qui vous prendront pour » modèle, les bénédictions des peuples».

De Trèves, l'Empereur prit la route de Luxembourg, où il arriva le 17 vendémiaire. Aussi-tôt qu'on vit les courriers qui le précédaient, tous les habitans se portèrent vers la route de Trèves. Il entra dans Luxembourg au milieu d'une foule immense, et au bruit des plus vives acclamations. Une garde d'honneur à pied et à cheval, très-nombreuse et d'une bonne tenue, fut admise à former son cortège. A peine fut-il descendu au palais préparé pour le recevoir, qu'il monta à cheval pour visiter les fortifications. Il ne rentra qu'à la clôture de la nuit. Il trouva toute la ville illuminée : les citoyens s'étaient efforcés d'exprimer, par des transparens multipliés, et la plus part fort ingénieux, les sentimens qu'inspirait son auguste présence.

Sa Majesté Impériale reçut, le lendemain

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