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même à son ami *. Je dois vous dire que la proposition de Torfs a dépassé nos espérances. Peuvent-elles se réaliser?

Adieu, mon cher Sémonville, je ne puis assez vous répéter combien l'on est content de vous. Pardonnez le retard de ma correspondance, en faveur de toutes mes affaires qui d'ailleurs vont fort bien. Je remets à vos soins, à toutes vos ressources, le sort de cette négociation, dont le succès assure notre révolution et en prépare d'autres. Vous connaissez tout mon attachement, etc...

Présentez mille tendres hommages à la duchesse de Devonshire; demandez-lui si elle a reçu une lettre de moi, et engagez-la à venir à Paris, comme je le lui ai mandé.

DE M. SCHLIEFFEN,

COMMANDANT DES TROUPES PRUSSIENNES A LIÉGE,

AU GÉNÉRAL LAFAYETTE.

Liége, 22 février 1790.

Monsieur,

Ayant eu l'honneur de faire votre connaissance en Hesse, où je servais, lorsque, précédé du nom

* Le grand pénitencier M. Van-Eupen, et M. Vander-Noot, chefs du parti des états.

que vous vous étiez déjà acquis, vous y passâtes pour aller à Berlin, et me trouvant actuellement officier prussien dans votre voisinage, au moment où l'état des choses de la Belgique semble toucher de si près nos deux nations, où, par rapport à lui, leurs intérêts pourraient bien être les mêmes, mais où, faute de s'entendre, elles courent risque de se traverser, je prends la liberté, monsieur le marquis, de tenter de m'en éclaircir rondement avec vous de soldat à soldat.

Ma nation désirerait la redoutable Autriche moins puissante dans cette province; la vôtre (pacte de famille à part) devrait la désirer telle.

La mienne, en s'occupant du sort de la Belgique, n'a d'autre objet : elle est indifférente à la forme de gouvernement que celle-ci voudra se donner; et si la vôtre est guidée par le même esprit, pourquoi nos mesures s'entr'opposeraient-elles?

M. de Lamark agit-il ou non de l'aveu de votre nation *? Veut-il sérieusement l'indépendance de la Belgique, ou voudrait-il en amener la réconciliation avec ses anciens maîtres, du sein de la fermentation qu'il y excite?

Voilà, monsieur le marquis, ce dont quelques renseignements, dans la position où je me trouve, pourraient prévenir des méprises réciproquement

* Le comte de Lamark, membre de l'assemblée constituante, et plus tard prince d'Aremberg, prit part, comme Belge, aux événements de son pays.

préjudiciables. Je ne vous parle pas de mon séjour à Liège notre politique n'entre pour rien dans les affaires de ce pays-ci. Nous aurions voulu bonnement y rétablir le calme à des conditions équitables, que l'évêque-prince est assez aveuglé pour ne pas agréer *.

Rien n'égale, au reste, la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur de me nommer, Monsieur, votre, etc.

DE M. DE LA SONDE

A M. DE LAFAYETTE.

Douai, 4 avril 1790.

J'ai l'honneur de vous informer que, sur le simple bruit de l'arrivée de MM. les comtes de Mira

* Les Liégeois s'étaient soulevés comme les Brabançons, et avaient chassé leur prince - évêque, pour se donner un nouveau gouvernement. Un décret de la chambre impériale de Wetzlaër condamna cette infraction aux lois de l'empire, et ordonna aux directeurs du cercle de faire rentrer les rebelles dans leur devoir. Frédéric-Guillaume, chargé de l'exécution de ce décret, écrivit, le mars 1790, au prince-évêque, une lettre qui renferme ce passage : « Je crois bien que mes trou» pes pourraient faire à présent une exécution plénière des » décrets de Wetzlaër, depuis qu'elles sont en possession de » la ville et de la citadelle; mais comme cela s'est fait par une

beau et de Lamark en cette ville, le comité des officiers de la milice nationale a résolu de s'assembler extraordinairement, et qu'au moment où j'ai l'honneur de vous écrire, mon hôtellerie est entourée de gardes nationales, qui n'ont pas l'air bien disposées à faire une réception agréable à ces messieurs.

M. le comte Cornet de Grez vient d'apprendre d'une manière positive que l'armée du général Vander-Meersch a adhéré à l'adresse présentée par l'assemblée patriotique de Bruxelles, de la manière la plus formelle, en joignant à cette adhésion des reproches très-vifs, sur la manière dont les états ont traité l'armée, sur les officiers prussiens et hollandais dont on l'a remplie, de sorte qu'il y a grande apparence que, dans très-peu de temps, M. de Grez aura raison.

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Agréez, Monsieur le marquis, etc.

» soumission volontaire, et par une sorte de capitulation, les » lois de l'honneur ne me permettent pas d'abuser de la confiance de la nation liégeoise et d'exécuter contre elle les » volontés arbitraires de Votre Altesse et de ses conseillers. » Mais je me verrais obligé, en conscience, de leur remettre la principauté de Liége dans l'état où je l'ai trouvée, lors» que mes troupes l'ont occupée. Un détachement de l'armée autrichienne, après la convention de Reichenbach, entra sur le territoire de Liége qui avait été évacué par les troupes du roi de Prusse, et y rétablit le prince-évêque au mois de janvier 1791.

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Douai, 6 avril.

Le général Vander-Meersch vient d'adhérer au vœu des officiers de son armée, et à la teneur de l'adresse du comité patriotique, en date du 15 mars dernier *. L'armée demande maintenant que M. Vander-Meersch reste son commandant en chef, que M. le duc d'Ursel soit remis à la tête du département de la guerre, et que M. le comte de Lamark commande en second, sous le général Vander-Meersch. Ce dernier vœu n'a été concerté entre M. de Grez, M. le duc d'Ursel, M. VanderMeersch et les états de Flandre, que pour engager le comte de Lamark et sa maison dans la bonne cause. Il y sera déterminé par l'espoir d'arriver au commandement en chef.

J'ai l'honneur, etc.

DU GÉNÉRAL LAFAYETTE

AU GEN. SCHLIEFFEN.

Paris, ce 7 avril 1790.

Monsieur,

J'ai reçu la lettre dont vous m'avez honoré, et c'est avec beaucoup de plaisir que je profite de

* Cette démarche précéda de quelques jours l'arrestation du général Vander-Meersch, et la réaction du gouvernement des États contre le parti démocratique.

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