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tent, n'eut aucune envie d'entrer dans ses vues. Voici, à ce sujet, une anecdote assez remarquable. Lorsqu'en 1792, le ministère jacobin, dont Dumouriez était chef, fit un plan d'attaque contre la Belgique, il y avait dans mes instructions une recommandation de ne pas trop me livrer, dans ce pays, à mes sentiments démocratiques, ce qui contrastait singulièrement avec le genre de reproches que les mêmes hommes et leurs amis, dans le club et dans l'assemblée, me faisaient tous les jours.

A M. DE MONTMORIN,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES *.

Je vous envoie, mon cher Montmorin, la dernière lettre de Sémonville. MM. Torfs et de la Sonde dînent aujourd'hui chez moi. Je voudrais expédier ce soir le courrier de Sémonville, que ces deux messieurs suivront de près. Notre affaire est en bon train, et pour l'intérêt de la liberté qui doit toujours passer devant, et pour celui de notre politique. Il ne faut plus que décision et promptitude. Je vous prie de me donner à mi-marge, vos instructions pour diriger ma dépêche.

Ne dois-je pas louer la conduite de Sémonville, lui re

Paris, 1er février 1790.

Oui, en le priant de

ne pas aller trop vite.

* Cette lettre est accompagnée de notes écrites en marge, de la main de M. de Montmorin.

nouveler nos promesses, et l'engager à la continuation de ses vues et de ses moyens?

J'enverrai à M. de Sémonville le Mémoire de la Sonde; j'y joindrai, comme boussole de sa conduite, la note que vous avez faite et que M. de Ternant a copiée.

Depuis ce temps nous avons fait un grand pas. La convention obtenue par Ternant, de MM. de la Sonde et Torfs, et rédigée par celui-ci, doit être le but de nos efforts, le terme de la négociation de M. de Sémonville. Nous serons alors maitres des affaires, et protecteurs de la liberté belgique. J'enverrai donc à Sémonville ce projet, et l'assurerai que, lorsqu'il sera adopté par les Pays-Bas et l'Empereur, nous nous empresserons de lui donner un caractère *.

Approuvé.

* Nous n'avons pas trouvé dans les papiers du général Lafayette la convention ou le projet rédigé par M. Torfs, agent des états de Brabant en France; mais dans une lettre du 13 février 1790, extraite des archives des affaires étrangères et adressée au marquis de Noailles, ambassadeur de France à

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Il me semble que de notre Les deux premiers côté, nous devons décider l'em- articles seront exécutés; pereur par une conversation quant au troisième, on perdra le moins de

avec M. de Mercy *, un cour- temps qu'il sera possirier de celui-ci à M. de Cobent- ble, et on ne tardera

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zel le renvoi du courrier de pas à se décider.

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Vienne et le départ de M. de Ségur. Le service rendu à l'empereur est assez essentiel, pour qu'il reçoive de nous l'impulsion au lieu de la donner. L'article relatif à la convention nationale belgique est pour moi une condition sine quâ non, à laquelle les souverains de l'Europe voudront bien se soumettre à leur tour.

Ne peut-on pas convenir de

M. de Mercy n'a aucun pouvoir; il n'a reçu

Vienne, M. de Montmorin parle d'une manière vague de ce projet comme ayant pour base la souveraineté de l'empereur ou au moins de la maison d'Autriche sur les Pays-Bas, et le maintien des chefs de la révolution Belgique dans les affaires de leurpays. On voit aussi par cette lettre du général Lafayette, qu'il était question d'une convention nationale Belgique, dont la forme et les conditions nous sont inconnues. L'avènement de Léopold à l'empire mit un terme à de semblables négociations. Le comte Mercy-d'Argenteau, ambassadeur d'Autriche en France, mort à Londres en 1794.

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Le comte Philippe de Cobentzel avait été envoyé par l'Autriche auprès des chefs de l'insurrection belge, pour négocier avec eux.

5 MÉM. DE LAFAYETTE.

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quelque chose avec M. de Mercy,

que vous verriez demain ma

aucune instruction relative aux Pays-Bas. M. de Cobentzel a tous les pouvoirs. Tout ce que pourra faire le premier, sera d'informer celui-ci des propositions qu'on

tin en lui envoyant un exprès? M. de Cobentzel n'a-t-il pas des pouvoirs suffisants? Dans tous les cas, il faudrait que Ségur partit, et les considérations fait. Il sera sûrement personnelles ne peuvent plus utile d'envoyer M. de

nous arrêter.

Ségur le plus tôt possible; mais il faut que les circonstances le permettent, et que les arrangements relatifs à son prédécesseur soient déterminés.

Vous savez qu'il y a six semaines, j'avais obtenu un ras

Je suis absolument de cet avis sur tous les

semblement de troupes qui n'a points; mais si les ras

pas eu lieu. Les décrets de l'assemblée nationale sur l'ar

semblements ont lieu, il faut réellement ne se mêler de rien, afin de

venir.

mée seront passés au milieu de ne pas attirer sur soi la semaine prochaine. Le roi Porage que cette dispopeut d'avance préparer les sition est destinée à prérassemblements, les annoncer alors, et s'exprimer sur les affaires extérieures en chef d'une nation grande, fière et libre. Tels sont, mon cher Montmorin, les objets sur lesquels

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