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l'attention et la sensibilité de l'Assemblée ont été encore réveillées et attachées par des offres d'un ordre tout nouveau.

Les Députés des Provinces appelées Pays d'Etats, se livrant à l'impulsion de leur générosité, ou se prévalant de celle de leurs Commet. tans, exprimée par leurs Cahiers, ou enfin la présumant, et se rendant en quelque sorte garants de leur ratification, ont offert la renonciation aux priviléges de leurs Provinces, pour s'associer au régime nouveau que la justice du Roi et celle de l'Assemblée préparoient à la France entière.

Les Députés du Dauphiné ont ouvert cet avis, en rappelant ce que leur Province avoit fait à Vizille sur cet objet, et l'invitation qu'elle avoit adressée à tous les autres Pays d'Etats, de vouloir l'imiter. A l'heure même les Députés des Communes de Bretagne s'approchant du Bureau, alloient témoigner leur adhésion, conçue en termes divers suivant la nature de leurs mandats, lorsque M. le Président de l'Assemblée a réclamé le droit que sa place paroissoit lui donner, de présenter lui-même le vœu de sa Province

,

à la Nation: il a exposé les motifs de pru. dence qui avoient engagé quelques Sénéchaussées, et notamment celles de RENNES, de Nantes, Guerande, Vannes, Dol, Fougère, Dinan, Quimperlé, Carhaix et Chantelin à lier en partie les mains de leurs Mandataires, jusqu'à ce que le jour du bonheur et de la sécurité, succédant, pour toute la France, à des jours d'attente et. d'espoir, les autorisât à confondre les droits antiques et révérés de la Bretagne, dans les droits plus solides encore et plus sacrés, que les lumières de l'Assemblée assuroient en ce moment à l'Empire François tout entier.

D'autres Députés de Rennes ont fait re-. marquer, combien il étoit naturel de présumer et d'attendre cet engagement et ce sacrifice de la part de leur Ville, qui, la première › de toutes, avoit adhéré aux Arrêtés de ́ l'ASSEMBLÉE NATIONALE; qui, la première aussi, avoit voulu que la Loi et l'Impôt se déterminâssent dans l'Assemblée, afin de ne compromettre aucun droit particulier mais de les réunir et de les fortifier tous par l'adhésion générale, au moment même

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où se formeroit l'acte destiné à défendre les droits de tous les Citoyens.

Un autre Député Breton a déclaré que dès ce moment il adhéroit au sacrifice des priviléges de la Province

point lié

ne se trouvant

par son Cahier ; il a stipulé seulement pour la Bretagne, la garantie mutuelle, établie par les clauses du traité de réunion de sa Province, avec une Monarchie dont toutes les parties alloient désormais s'appuyer, se soutenir, se fortifier et se défendre par une fédération dont le cœur du Prince lui-même seroit le centre, comme l'amour des Peuples pour lui en seroit le nœud. Les Députés, du Clergé de Bretagne, des Mandats impératifs, ont témoigné le regret de ne pouvoir renoncer aux droits et franchises de leur Province, et déclaré qu'ils alloient informer leurs Commettans du sacrifice patriotique fait par d'autres Députés, et solliciter de nouveaux Pouvoirs.

gênés par

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A peine l'impatience des Députés de Provence et de Forcalquier a-t-elle pu laisser achever aux Membres qui venoient de parler, leur

déclaration patriotique; tous les Membres des Sénéchaussées de cette Province se sont

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avancés au milieu de la Salle, et là, ils ent annoncé, que, lorsque leurs Commettans leur ont prescrit impérativement de ne pas renoncer aux priviléges dont la Province jouit depuis sa réunion libre et volontaire à la Couronne ils ne prévoyoient pas sans doute l'heureuse réunion de tous les Ordres ; qu'ils savent que leurs Commettans n'ont pas moins de zèle et de patriotisme que les autres François ; qu'ils ne doutent pas qu'ils ne s'empressent de réunir leurs intérêts à ceux du reste du Royaume, et de confondre leurs droits dans la Constitution que cette auguste Assemblée va don→ ner à toute la France et qu'ils vont leur rendre compte de cette mémorable Séance, et les engager envoyer sur-le-champ leur

adhésion.

à

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En ce moment un Membre des Communes exprime la renonciation de la Ville de Grasse aux priviléges pécuniaires, desquels elle jouit comme propriétaire de fiefs.

Le Député d'Arles annonce qu'il forme

depuis plusieurs jours, et qu'il a déjà communiqué à ses Commettans le desir de les voir se réunir, sur cet objet, aux Députés des Provinces.

La Principauté d'Orange n'insiste que sur la conservation d'une administration particulière, réclamée par sa situation même au milieu d'une terre réputée étrangère.

A cet instant les Députés de la Bourgogne réclament la parole, mais ils sont interrompus par un Député du Clergé de Provence: celui-ci revenant sur ce qui avoit été allégué au sujet des Mandats, rappelle co principe salutaire, qu'ils ne peuvent lier aucune partie de la France sur la part contributoire , que chacune des Provinces du Royaume doit supporter en proportion de ses forces dans l'Impôt général, quoiqu'en vertu des Cahiers il faille le vœu des Commettans pour renoncer aux formes de l'administration, de la répartition et de l'assiette des cottes-parts.

Le Député Noble de Dijon se rend garant du vœu de son Bailliage pour la renonciation

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