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12 novembre 1698, reconnu au clergé le droit de présider tous les bureaux établis pour l'administration des hôpitaux et des lieux pieux.

C'était du gouvernement ecclésiastique que relevaient les deux Universités de Toulouse et de Montpellier.« UNIVERSITÉS, disait le Dictionn. de droit » canonique, Corps établis pour enseigner toutes les » sciences par l'autorité de l'Eglise et du Roi. » L'évêque de Montpellier prenait même le titre de «< chancelier et juge de l'Université de cette ville, et » conservateur des droits, libertés et priviléges royaux »et apostoliques de l'Université de médecine de cette »même ville». C'était réellement sous la « suprême »autorité de l'évêque que fonctionnait, au XVIIIe siè>>cle encore, comme par le passé, notre Ecole de >>médecine. L'évêque n'avait pas cessé d'y exercer >>pleine juridiction, soit par lui-même, soit par son »>vicaire général.» (Germain, in Mém. Acad. Montp., Sect. Lettr., VI, pag. 400.) Dans les concours pour les chaires de médecine, l'évêque occupait, comme président, le bout de la table; les professeurs étaient de chaque côté. Le 9 mai 1732, un disputant s'étant servi, à l'égard d'un concurrent, « de termes insultants », fut exclu du concours, « à cause du peu d'égards qu'il avait eu pour »l'évêque présent ». (Germain, o. c., pag. 399.) Avant que les juges émissent leur opinion sur les concurrents, l'évêque ou son représentant disait le Veni Creator, et un professeur, même nommé par le roi, n'était installé par l'évêque « qu'après enquête « de ses bonne vie, mœurs et religion catholique ».

C'était du gouvernement ecclésiastique que relevaient les quinze colléges du Languedoc. Celui de Pézenas était dirigé par les Oratoriens, ceux de Toulouse, Beaucaire, Lavaur et Narbonne l'étaient par les Pères de la Doctrine chrétienne, et dix, à Toulouse, Alby, Castres, Carcassonne, Béziers, Montpellier, Nimes, Tournon, le Puy et Aubenas, étaient occupés par les Jésuites. Quand l'arrêt du 26 novembre 1764 eut expulsé de France les Jésuites, le college de Montpellier fut, en exécution des lettres-patentes du roi du 19 janvier 1765, administré par un bureau composé de l'évêque ou de son délégué ecclésiastique, président, du juge-mage, du procureur royal de la sénéchaussée, de deux officiers municipaux, de deux notables choisis par le bureau et du principal du collége (art. 8); ce qui subsistait encore en 1789.

Les quelques maîtres et maîtresses qui donnaient l'instruction primaire étaient absolument sous la surveillance du clergé, qui leur accordait l'autorisation d'exercer.

Ce gouvernement ecclésiastique était vraiment une société dans la société, un Etat dans l'Etat.

Sur la portion du territoire qui forme le département actuel de l'Hérault, étaient cinq évêchés: ceux de Saint-Pons, de Lodève, de Béziers, d'Agde et de Montpellier. Ce dernier correspondait à l'arrondissement actuel de Montpellier, moins Marsillargues, Vacquières, Sauteyrargues et Claret, qui étaient du diocèse de Nimes; Montoulieu, Ferrières, Moulès et Baucels, qui étaient d'Alais; SaintGuilhem-le-Désert, qui était de Lodève; Villevey

rac, Loupian, Bouzigues et Cette, qui étaient d'Agde1.

Depuis 1774, l'évêque de Montpellier était JosephFrançois de Malide.

Gouvernement militaire.-Le gouvernement militaire s'exerçait par un Gouverneur général de la province, lequel ne pouvait être pris que parmi les princes du sang, les maréchaux de France et les lieutenants généraux des armées du roi. Il avait sous ses ordres trois lieutenants généraux pour commander en son absence ou quand il ne pouvait le faire lui-même 2.

Ces trois lieutenants généraux étaient : - le lieutenant général du Haut-Languedoc, résidant à Toulouse; le lieutenant général du Bas-Languedoc, résidant à Montpellier, et commandant les diocèses d'Alet, Limoux, Narbonne, Saint-Pons, Béziers, Agde, Lodève et Montpellier;- le lieutenant général des Cévennes, des diocèses d'Uzès et Nimes, résidant en la citadelle de Pont-Saint-Esprit.

'Le département actuel de l'Hérault comprend aussi quelques communes qui n'appartenaient pas aux évêchés sus-nommés. Ainsi, Capestang, Creissan, Montels, Nissan, Poilhes, Puisserguier, Quarante, étaient du diocèse de Narbonne; Castanet, Saint-Gervais, Rosis, Saint-Geniès-deVarensal, étaient de celui de Castres. D'autre part, la Bastide-Rouairoux et Marniès, qui étaient du diocèse de Saint-Pons, sont passés au département du Tarn.

2 Ainsi, en 1682, Louis XIV eut la fantaisie de nommer gouverneur général du Languedoc le duc du Maine, un bâtard de 12 ans qu'il avait eu de la Montespan.

Chacun de ces lieutenants avait au-dessous de lui trois lieutenants de roi. Il y avait en outre près de vingt gouvernements particuliers, « dont les gou»verneurs avaient acheté des gouvernements hérė»ditaires.» (Basville, Mém., pag. 86.) Ainsi, le gouvernement de Montpellier avait, comme gouvernements particuliers, ceux de Narbonne, du fort de Brescou, de la ville et citadelle de Montpellier; ce dernier n'était point héréditaire, mais était à la nomination du roi.

En outre des régiments que payait le roi, la province entretenait à ses frais, d'abord huit régiments d'infanterie payés et que le roi pouvait faire servir ailleurs; ensuite 52 régiments de seconde milice, non payés, répandus dans toute la Province, mais toujours prêts à marcher au premier ordre. Ils avaient été formés d'anciens catholiques et étaient destinés à comprimer tout mouvement religieux. « Ces régiments étoient de 8, 10 ou 12 compagnies, >>suivant la force des lieux, avoient des colonels, »des capitaines, lieutenans et sergens, et s'assem>>>bloient tous les huit jours pour faire la revue et >>l'exercice. Ils étoient composez de tout ce qu'il y >>avoit d'hommes dans les paroisses plus propres à >>servir. On avoit choisi pour officiers ou des gen>> tilshommes ou des officiers retirez du service, ou »des plus riches bourgeois et des plus distinguez »dans leurs paroisses, et ces offices étoient hérédi»taires pour ceux qui vouloient financer, ce qui pro>>duisoit au roi près de 200,000 livres; en outre, ces >>>officiers étoient exemptez de l'arrière-ban et des >> charges ordinaires. Chaque colonel avoit une quan

»tité de poudre et de plomb pour marcher sans re» tardement, au cas qu'il fût commandé; ce qui ôtoit >>aux gens malintentionnez toute espérance de réus»sir.» (Basville, Mémoires, pag. 81 et 87.) Comme on le voit, cette force armée se rattachait au gouvernement ecclésiastique, et était mieux organisée contre la liberté de conscience que d'autres armées pour défendre la liberté du pays. Cet état de choses dura jusqu'après l'Edit de tolérance rendu en faveur des protestants, le 20 novembre 1787; ce fut seulement en décembre suivant que le commandant de la Province, «estant à Montpellier, reçut des ordres >>>du Roy pour faire faire un désarmement général, »ce qui feut exécuté de suite par les cavaliers de la » mareschaussée et un nombre de grenadiers en pre»nant village par village. » (Giroud, in Delort, Mẻmoires, II, pag. 290.)

1 Cet édit, dont les écrivains légitimistes ont fait si grand honneur à Louis XVI, n'eut d'autre effet que d'accorder un état civil aux protestants, et il ne leur « donnait aucune » existence religieuse ». Leur culte demeurait supprimé; il ne leur était pas permis d'exposer devant leurs maisons le corps de leurs morts (art. 7), et ils demeuraient « exclus de >> tous les emplois publics et surtout des places qui don» naient le droit d'enseignement ». (Art. I, % 3.) Mais il leur était rendu un cimetière; depuis 1685, il n'en n'avaient plus et ils devaient enterrer leurs morts sans convoi dans des propriétés privées. « Le 25 mars 1788, M. Farel, négo»ciant, est inhumé à son jardin près de Boutonnet, » 5 heures du soir. C'est le premier convoi d'un protestant >> fait publiquement. » (Giroud; in Delort; Mémoires, II, » pag. 290 et 291).

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