Page images
PDF
EPUB

MONTPELLIER

PENDANT

LA RÉVOLUTION

I.

Montpellier et le Languedoc au commencement de 1789.

Comme à cette époque il y avait en France autant d'organisations différentes que de provinces, il nous faut dire un mot de l'organisation de la province à laquelle appartenait Montpellier.

Dans ses Mémoires pour servir à l'histoire de Languedoc, un intendant de la Province, Basville, commence ainsi qu'il suit son « chap. II; » DU GOUVERNEMENT DE LANGUEDOC :

» Je divise ce chapitre en quatre parties: le »Gouvernement ecclésiastique, le Gouvernement » militaire, la Justice, l'ordre intérieur de la Province» (pag. 43).

Division remarquable, en ce qu'elle résume fidèlement l'organisation de la France et de chaque

province avant 1789! Au premier rang était le gouvernement ecclésiastique, le plus puissant, celui dont on se préoccupait le plus, celui auquel tout devait se rapporter, celui avec lequel les rois avaient dû toujours compter et devant lequel ils avaient cédé plus d'une fois. Après lui, le gouvernement militaire; au troisième rang, la justice; au dernier rang, l'ordre intérieur, autrement dit les intérêts généraux et tout le peuple.

Ces éléments se trouvaient ainsi classés suivant l'importance qu'on y attachait, et en même temps suivant l'ordre de leur apparition et de leur développement dans le temps. Les croyances de la superstition et la force militaire tout d'abord, la justice plus tard, l'intérêt général en dernier lieu. C'est précisément l'ordre inverse qui s'établit dans notre société moderne et tend à prévaloir dans l'avenir.

Les diocèses du

Gouvernement ecclésiastique. Languedoc étaient au nombre de 23, avec trois archevêques et vingt évêques, et les circonscriptions en étaient d'une révoltante inégalité, comme le montre le tableau suivant, emprunté à Basville, pag. 61 et 65; et même le dernier qui y est porté, celui de Comminge, avait 12 de ses paroisses en Languedoc, ce qui donnait à son évêque entrée »dans les Etats de Languedoc », et 342 dans la Gascogne.

Le signe indique les évêchés conservés.

[blocks in formation]

Les diocèses étaient non-seulement des juridictions ecclésiastiques, mais ils formaient aussi des divisions civiles et administratives dont la circonscription ne répondait pas toujours à la leur. Ainsi, les impositions étaient réparties par diocèse, et ensuite, dans chaque diocèse, il était procédé à la confection des rôles par une assemblée de répar

titeurs dite assiette du diocèse et composée de l'évêque, président, d'un baron et de quelques maires, consuls ou syndics des lieux principaux. Mais, indépendamment de cela, il y avait dans chaque diocèse une chambre du clergé, composée de l'évêque, président, de chanoines et de curés, élus tous les ans dans le synode2; c'était à elle qu'appartenait le droit de déterminer les impositions qui pouvaient tomber sur les habitants ecclésiastiques du diocèse. L'appel se faisait devant la chambre ecclésiastique de Toulouse, dont tous les membres étaient prêtres.

Auprès de chaque évêque était l'officialité, sorte de tribunal qui, composé de l'official, prêtre nommé par l'évêque, assisté d'un procureur et d'un greffier, devait connaître des actions personnelles entre ecclésiastiques, et, entre laïques, des dîmes, de la validité des mariages, des vœux, de la simonie et de l'hérésie. Il ne prononçait que des peines canoniques et devait recourir au juge royal pour les peines afflictives.

C'était du gouvernement ecclésiastique que relevaient tous les hôpitaux de la Province, Louis XIV ayant, par son édit de 1695 et sa déclaration du

1 « L'Assemblée particulière des Diocèses doit être convo» quée suivant les Règlemens, un mois après la tenuë des » États, pour faire l'Assiette sur toutes les Communautez » du Diocèse de la portion des impositions qui lui a été départie dans les États. C'est pour cela que ces Assem» blées sont appelées Assiette.» (Basville; Mémoires, » pag. 167.)

[ocr errors]

2 Synode; réunion des ecclésiastiques d'un diocèse faite d'après un mandement épiscopal.

« PreviousContinue »