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OBSERVATIONS

Sur la trente-cinquième lettre.

Le nom de madame de Lamballe, rappelle une de ces horribles époques, qui ont plus contribué à faire détester la cause de la révolution et de la liberté, que toutes les déclamations et tous les sophismes qu'on leur a opposés.

Cette lettre étant sans date, il est difficile de savoir, précisément, le moment où elle fut écrite. Le roi l'a caractérisée, en peu de mots : « le présent est affreux, quel sera notre avenir ?..... 11 paroît, cependant, qu'elle fut écrite dans le courant de l'année 1790, lorsqu'aucun de ces événemens, qui ont déshonoré la révolution, n'avoit encore eu lieu; et où, si le roi eût été sincère dans ses déclarations publiques et solennelles, le palais des Tuileries et toute la France auroient été un asile aussi assuré, et aussi tranquille, que la cour où le pays dont le roi fait l'éloge.

LETTRE XXXV I.

A M. de Malesherbes.

(Sans date, 1790.)

Vous prétendez, mon cher Malesherbes, que je dois demander le veto, et que je dois regarder cet acte de souveraineté comme le plus beau privilége de la monarchie chez un peuple libre. Que peuvent être pour moi des droits royaux, lorsque j'ai fait le sacrifice de ceux dont les siècles avoient sanctionnés la nécessité, et qui faisoient le plus bel ornement de ma couronne? Je ne demanderai rien; mais je laisse aux vrais amis de la révolution, et à votre éloquence, mon cher Malesherbes, le soin d'acquérir ce beau droit que je crois propre à faire aimer la liberté, à la consolider, et à rendre plus auguste et plus digne des Français, le roi constitutionnel qu'on veut leur donner. Agissez, mon cher Malesherbes, et soyez sûr de ma reconnoissance. J'ai fait

droit à vos demandes. Soyez persuadé que les services que vous me rendez ne sortiront jamais de ma mémoire: puis-je un jour les récompenser en roi !

LOUIS.

OBSERVATIONS

Sur la trente-sixième lettre.

CETTE lettre, sans date, paroît avoir été écrite au commencement de 1790, à l'époque où on discutoit, à l'assemblée nationale, la question du veto, qui fut, dans la suite, déclaré seulement suspensif. Le roi ne témoigne pas, d'abord, mettre beaucoup d'importance à cette prérogative, et ne cache pas, à M. de Malesherbes, les regrets que lui causent le sacrifice de ses droits royaux, dont les siècles avoient sanctionné la nécessité, et qui faisoient le plus bel ornement de sa couronne. Cette chagrine indifférence se dissipe, cependant,

de

bientôt ; et il recommande, à son ministre, faire tous ses efforts pour lui acquérir ce « beau droit,» qu'il croit propre à faire aimer la liberté, à la consolider; et à rendre plus auguste, et plus digne des Français, le roi constitutionnel qu'on veut leur donner.

Il n'est pas inutile de remarquer la différence de style des lettres du roi: lorsqu'il écrit aux anciens habitués de la cour, ou au pape, la révolution n'est qu'horreurs et chaos; le présent est hideux, et l'avenir encore plus effrayant. M. de Malherbes étoit l'ami d'une liberté sage; le monarque voyoit, en lui, un Mentor, dont il redoutoit l'austérité; et quoiqu'il ne puisse s'empêcher de lui exprimer ses regrets pour les priviléges, dont on l'a dépouillé, et qu'il regardoit comme les plus beaux fleurons de sa couronne, il cherche, bientôt, à adoucir son vieux ministre, en lui parlant des beaux droits qu'il peut lui acquérir.

LETTRE XXXVII.

A M. l'abbé Maury.

3 Février, 1791.

M. l'abbé, vous avez le courage des Ambroise, l'éloquence des Chrysostôme. La haine de bien de gens vous environne. Comme un autre Bossuet, il vous est impossible de transiger avec l'erreur; et vous êtes, comme le savant évêque de Meaux, en butte à la calomnie. Rien ne m'étonne de votre part. Vous avez le zèle d'un véri table ministre des autels, et le cœur d'un Français de la vieille monarchie. Vous excitez mon admiration; mais je redoute pour vous la haine de nos ennemis communs; ils attaquent à la fois le trône et l'autel, et vous les défendez l'un et l'autre. Il y a quelques jours, sans votre imperturbable sang froid, sans vos ingénieuses réparties, je perdois un Français totalement dévoué à la cause de

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