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plan, tout ce qui pourroit irriter les audacicux enfin, soyez à la mesure des cir

constances.

Vous connoissez, monsieur, les sentimens particuliers que j'ai pour vous.

LOUIS.

OBSERVATIONS

Sur la trentième lettre.

De tous les maux qui assaillirent Louis XVI, nous n'en connoissons pas de pire que ces conseillers intrigans qui assiégeoient la cour, et qui ne cessoient de fabriquer et de présenter des plans de contre-révolution, qu'on pourroit regarder comme une preuve des dispositions secrètes du monarque; et qui, en tenant son esprit dans une agitation perpétuelle, ne pouvoient que le détacher des principes qu'il professoit solennellement aux yeux de l'assemblée nationale, et en face du

monde, dans ses discours, et dans ses proclamations. M. de Rivarol doit être mis dans ce nombre des talens brillans, et une présomption extrême lui assuroient une des premières places, parmi ces hommes entreprenans, que le roi avoit cru devoir attacher à son service.

Il est très-malheureux, sans doute, que nous ne connoissions rien de ce plan de M. de Rivarol, que le roi daigne regarder comme un chef-d'oeuvre de politique et de philosophie, qui auroit fait honneur aux Mably et aux Condillac. Il est impossible de faire un plus grand éloge des talens et des connoissances de M. de Rivarol; et nous ne pouvons que regretter que la modestie de l'écrivain ait fait, en cette seule circonstance, le sacrifice de sa passion dominante pour la gloire, à sa loyauté. Ce n'étoit pas de M. de Rivarol qu'on devoit attendre une pareille réserve. Mais, quoiqu'on ne nous dise rien de ce sublime. plan, la répugnance que le roi montre à employer les moyens qu'on lui indique, nous en prouve assez clairement la nature et le but. M. de Rivarol avoit lu, ou vu, peut

être, avec quelle adresse le roi de Suède avoit comprimé et abattu une aristocratie orgueilleuse et insolente; et il en avoit tiré une conséquence, eu égard à la France, diamétralement opposée à celle qu'un homme d'Etat, digne d'être le rival des Mably et des Condillac, en auroit déduite. C'est sur ce point important, que le roi, en approuvant le plan, et en y donnant les éloges les plus pompeux, ne peut s'empêcher de lui en faire observer les difficultés, et l'impossibilité même de l'exécution. Il ne dissimule pas à M. de Rivarol, « qu'il n'a pas, comme le roi de Suède, que ce grand faiseur de projets lui avoit cité, des soldats sur lesquels il pût compter, pour se faire obéir; ni des amis courageux pour le seconder; et que la contagion révolutionnaire étoit devenue une maladie épidémique, qu'on ne pouvoit guérir, qu'en prouvant au peuple qu'il étoit la dupe de ceux qui lui promettoient les chimères de l'âge d'or. >>

Ce qui paroît surprenant, dans cette lettre, ce n'est pas que M. de Rivarol présente au roi des plans de contre-révolution, ou que le

monarque, reconnoissant leur illusion, les rejette; mais c'est de voir le roi se livrer, imprudeniment, et sans réserve, à un charlatan politique, qui ne se seroit fait aucun scrupule de le trahir, si son intérêt personnel l'avoit exigé. Ce fut à cette époque que le monarque fit une proclamation, dans laquelle il parloit avec la plus haute indignation « des manœuvres de ceux qui faisoient tous leurs efforts pour exciter des fausses alarmes, soit par des interprétations mensongères des décrets, et en faisant naître des doutes, aussi injustes qu'injurieux, sur la sincérité de ses intentions; soit en voilant leurs intérêts personnels sous le manteau de la religion. » L'assemblée nationale, et le peuple de Paris, furent dans l'extase, en recevant cette nouvelle preuve de l'attachement du roi à la révolution; et c'est, en ce moment même, que la lettre du roi au pape étoit en route; et qu'il donnoit, à M. de Rivarol, les plus grands éloges, pour un plan de contre-révolution, que son impraticabilité seule faisoit rejeter.

LETTRE X X X I.

A M. le duc d'Orléans.

MON COUSIN,

3 Juin, 1790.

MADAME la duchesse d'Orléans demande votre retour en France; je répondrai aux instances de la vertu, en lui accordant ce qu'elle désire. On croit cependant que votre retour seroit funeste à la tranquillité publique. On va jusqu'à vous supposer des vues ambitieuses. . . . . venez apprendre de votre roi comme il faut être Français, et comment on est digne d'être du sang de celui qui les gouverne.

LOUIS.

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