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sacrifices, qu'ils resteront en arrière je laisse à votre sagesse, mon cousin, de prendre les mesures qui peuvent coïncider avec les travaux de l'Assemblée nationale. Sur ce, je prie Dieu, mon cousin, qu'il vous ait en sa sainte garde.

LOUIS.

OBSERVATIONS

Sur la vingt-cinquième Lettre.

L'ORDRE monastique-militaire de Malte, n'avoit pu échapper à l'oeil examinateur de l'assemblée nationale, au moment où l'esprit réformateur qui la dirigeoit, lui faisoit rechercher tous les abus, et anéantir ainsi tous les priviléges. Les biens qui appartenoient à cet ordre, se trouvoient compris dans le décret, qui avoit mis, sous la main de la nation, toutes les propriétés ecclésiastiques; et les chevaliers de St.-Jean de Jérusalem, qui formoient la

langue de France, étoient devenus pensionnaires de l'Etat.

Quoique ces chevaliers n'eussent pas eu l'honneur et la satisfaction d'avoir fait l'abandon de leurs priviléges, comme les premiers ordres de l'Etat ; on en comptoit, cependant, plusieurs parmi eux, qui avoient des dispositions aussi généreuses et aussi patriotiques. On trouve, dans un mémoire rédigé à Malte, àpeu-près à cette époque, par le chevalier de Ransijat, qui occupoit une des premières places dans l'île, «que les abus qui s'étoient introduits dans l'ordre, étoient si nombreux et si évidens, que tous les membres paroissoient sentir, également, la nécessité de les réformer. » Mais, en interrogeant des personnes instruites, sur la réalité des dispositions réformatrices de ses collègues, il m'a paru qu'il étoit, à-peuprès le seul qui y mît une véritable bonne-foi. La partie du mémoire, qui traite de l'esclavage des Maltais, et des moyens de les en affranchir, lui fait autant d'honneur commne homine que comme citoyen.

Le style de la lettre du roi, au grand-maître,

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est plein d'urbanité, et même d'affection. Il lui rappelle le souvenir de ces siècles pieux, que les novateurs du nôtre se permettent de qualifier de temps de ténèbres, d'ignorance et de superstition. Il le console, en lui parlant de l'utilité de cet ordre, généralement reconnue, pendant long-temps, par le monde chrétien ; ce monde ingrat, qui ne craint pas, aujourd'hui, de la contester. Il n'oublie pas de lui parler aussi du dévouement des rois ses aïeux, pour ces illustres chevaliers; et rend ainsi plus douloureux le contraste, que lui offre la phrase suivante, où il lui annonce que des circonstances impérieuses ont amené un changement, dans l'ordre politique de la France.

Dans la lettre que le roi écrivit à l'archevêque d'Arles, à la suite des fameux décrets du 4 août, après avoir fait l'énumération des services rendus par les premiers ordres de l'Etat, et des honneurs et avantages qui en avoient été la juste récompense, il déclare sa ferme résolution de leur conserver leurs priviléges, malgré l'abandon qu'ils en avoient fait euxmêmes. Comme cette générosité du monarque n'avoit été d'aucune utilité à ceux qui étoient

les plus intéressés à s'en prévaloir, il a, em cette occasion, la prudence de ne pas faire de semblables déclarations à l'ordre de Malte. Il présente, au contraire, à son imitation, son propre exemple, et celui des sacrifices de tous les ordres de l'Etat. Les chevaliers furent forcés de céder à des ordres supérieurs, et d'obéir aux décrets de l'assemblée nationale. Mais, ni les sacrifices du roi, ni ceux de la noblesse, ni ceux du clergé, n'eurent beaucoup d'influence sur eux. Au milieu de la défection générale, ils restèrent fidèles à leurs sermens; et si l'expression de leurs sentimens avoit pu parvenir jusqu'au trône, il n'y a guère de doute que leur réponse, à cette missive, auroit été une parodie complète de la lettre du roi à l'archevêque d'Arles; et lui auroit offert de le maintenir dans la jouissance de toutes ses prérogatives, en dépit de lui-même.

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LETTRE XXV I.

A M. de Mirabeau,

8 Janvier, 1790.

J'AI trop de plaisir, monsieur, à croire aux sentimens que vous m'assurez avoir pour ma personne et pour ma famille, pour ne pas déférer à la demande que vous me faites d'un entretien particulier. M. de la Porte a reçu l'ordre de vous introduire aujourd'hui sur les neuf heures du soir; je souhaite vivement, monsieur, que vous éprouviez autant de facilité à réparer le mal qui est fait, que je serai empressé de seconder, de tout mon pouvoir, les moyens qui peuvent tendre à ce but.

LOUIS

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