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a donne aux propofitions les plus dures, & les engagemens que Sa Majesté confentoit de prendre pour lever toute défiance, & pour avancer la Paix.

D'autre part, on pourra remarquer une af fectation continuelle à s'expliquer obfcurément, afin d'avoir lieu de prétendre roûjours au delà des conditions accordées; en forte qu'à peine nous avions confenti à une demande, qui devoit être la derniere, qu'on s'en défiftoit pour en fubftituer une autre plus exorbitante.

On remarquera auffi uhe variation réglée feulement, ou par les évenemens de la Guer re, ou par les facilitez que le Roi nôtre Maî tre aportoit à la Paix. Il paroît même par les Lettres, que Meffieurs les Députez nous ont écrites, qu'ils n'en difconviennent pas.

L'année derniere les Hollandois & leurs Alliez regardoient comme une injure, qu'on les erût capables d'avoir demandé au Roi, d'unir fes forces à celles de la Ligue, pour obliger le Roi fon Petit-Fils à renoncer à fa Couronne. Ils prenoient à témoin les Préliminaires mêmes, qui ne parlent que de prendre des melures de concert. Depuis ils n'ont fait aucune difficulté de l'exiger hautement.

Aujourd'hui ils prétendent que Sa Majesté sien charge feule; & ils ofent dire, que fi

auparavant ils fe contentoient de moins, leur interêt mieux connu les porte à ne s'en plus. contenter. Une pareille déclaration, Monfieur, eft une rupture formelle de toute Négociation; & c'eft après quoi les Chefs des Alliez foupirent.

Quand nous demeurerions plus long-temps à Gertruydenberg, quand même nous passes rions des années entieres en Hollande, nôtre féjour y feroit inutile, puifque ceux qui gouvernent la République font perfuadez qu'il eft de leur intérêt, de faire dépendre la Paix d'une condition impoffible. Nous ne prétendons pas leur perfuader de continuer une Né gociation qu'ils veulent rompre; & enfin quelque defir qu'eût le Roi nôtre Maître de procurer le repos à fes Peuples, il fera moins fâcheux pour eux de foûtenir la Guerre, dont ils favent que Sa Majefté vouloit ache. ter la fin par de fi grands facrifices, contre les mêmes Ennemis qu'Elle a depuis dix ans à combattre, que d'y ajoûter encore le Rois fon Petit-Fils, & d'entreprendre imprudem ment de faire en deux mois de temps la Conquête de l'Espagne & des Indes; avec l'aflurance certaine de retrouver, après ce temps expiré, fes Ennemis fortifiez par les Places,. qu'Elle auroit cedées; & par conféquent en crat de tourner contre Elle les nouvelles

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Armes qu'Elle auroit mis entre leurs mains. Voilà, Monfieur, la réponse pofitive, que le Roi nous a donné ordre de vous faire aux nouvelles propofitions de Meffieurs les Députez. Nous la faifons au bout du fixiéme jour, au lieu de quinze qu'ils nous avoient accordé comme une grace. Cette diligence fervira du moins à vous faire connoître, que nous ne cherchons point à vous amufer; & que fi nous avons demandé fouvent des Conférences, ce n'étoit pas pour les multiplier fans fruit; mais pour ne rien omettre de tout ce qui pourroit nous conduire à la Paix.

Nous paffons fous filence les procedez qu'on a tenu envers nous, au mépris de nôtre caractére. Nous ne vous difons rien des Libelles injurieux, remplis de fauffetez & de calomnies, qu'on a laiflé imprimer & diftribuer pendant nôtre féjour, afin de mettre de l'aigreur dans les Efprits qu'on travailloit à réconcilier. Nous ne nous plaignons pas même de ce que contre la Foi publique, & au préjudice de nos plaintes, fi fouvent réîterées, on a ouvert toutes les Lettres, que nous avons ou reçues ou écrites: l'avantage qui nous en revient, c'eft que le prétexte, dont on couvroit tant d'indignitez, s'eft trouvé mal fondé. On ne peut pas nous reprocher d'avoir tenté la moindre praD: 4 tique

tique contraire au Droit des Gens, qu'on vio foit à nôtre égard. Et il eft fenfible, qu'en empêchant, qu'on ne vint nous rendre vifire, dans nôtre espece de prifon, ce qu'on craignoit le plus, étoit que nous ne décou vriffions des véritez, qu'on vouloit tenir cachées.

Nous vous prions, Monfieur, de vouloir donner à nôtre Exprès la réponfe qu'il a or dre d'attendre ; ou fi vous ne voulez point répondre, de lui donner un Certificat, comme vous avez reçu cette Lettre, Nous fom mes très-parfaitement,

NONSIEUR,

Vos très-humbles & très-obéiffans
Serviteurs,

Etoit Signé,

HUXELLES.

L'ABBE DE POLIGNAC

RE

RESOLUTIONS

De Leurs Hautes Puiffances au fujet de la Lettre précédente:

Extrait du Regiftre des Réfolutions de Leurs Hau tes Puiffances les Seigneurs Etats Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas

Du Mecredi 23. Juillet 1710. à 5. heures & demie du foir

LEs Sieurs de Randswiek, & autres De

putez de Leurs Hautes Puiffances pour les affaires étrangeres, ont rapporté à l'Af femblée, que le Sr. Confeiller Penfionnaire: Heinfius leur avoit communiqué une Lettre: que les Sieurs le Maréchal d'Uxelles & Aba bé de Polignac lui avoient écrit, datée de Gertruydenberg le 20. de ce mois, ponse à ce qui leur avoit été propolé par less Sieurs Buys & Vander Duffen, dans la derniére Conférence, & qui avoit été le fujet de la Négociation.

en: ré-

Lesdits Sieurs Députezont ajouté, qu'ils avoient jugé que le contenu de cette Lettre interefloit non feulement l'Etat, mais tous les Alliez en général; & qu'ainfi ils avoient

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