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fois à partir; & nous vous prions de remercier Mrs. Buys & Van der Duffen pour leurs Civilitez. Nous nous fouviendrons toûjours d'eux avec plaifir, & vous aurez la bonté de les bien affûrer de nôtre gratitude. Nous fommes, &c.

De Gertruydenberg le 10. Mai.

UXELLES.

POLIGNAC

LETTRE

Des Plénipotentiaires de France à Mr. le Grand Penfionnaire de Hollande.

A Geertruydenberg ce 20. Juillet 17 10.

MONSIEUR;

Vous favez, que nous avons confenti à tout ce que Meffieurs les Députez nous avoient propofé, fans qu'on puiffe dire, que nous avons varié, fur quoi que ce puifle être, encore moins que nous ayons retracté les paroles que nous avions données par l'ordre du Roi nôtre Maître, dans la vûë de parvenir à la Paix, fi néceffaire à toute l'Europc.

Mef

Meffieurs les Députez n'en ont pas jugé de même vous n'avez point oublié ce qui s'eft paffé entre eux & nous, depuis le commencement de la Négociation: trouvez bon, Monfieur, que nous vous remettions devant les yeux les Propofitions nouvellement inventées, injuftes & impoffibles dans leur exécution, que ces Meffieurs, pour toute réponse aux nôtres, nous firent dans nôtre derniere Conférence. Ils nous dirent.

Que la Résolution de leurs Maîtres & de leurs Alliez étoit de rejetter abfolument toute offre d'argent de la part du Roi, pour les aider à foutenir la Guerre d'Espagne, de quelque nature qu'elle pût être, & quelque fûreté, que Sa Majefté voulût donner pour le

payement.

Que la République & fes Alliez prétendoient obliger le Roi nôtre Maître, a faire feul la Guerre au Roi fon Petit-Fils, pour le contraindre à renoncer à fa Couronne; & que fans unir fes forces à celles de Sa Majefté, il falloit que ce Monarque fut depoffedé de l'Espagne & des Indes

de deux mois.

dans le terme

Que ce terme étant expiré, fans que le Roi Catholique fût réellement chaffé de fon Trône, la Tréve, dont les Alliez feroient convenus avec le Roi nôtre Maître, ceffeD

roit,

roit, & qu'ils reprendroient les Armes contre Sa Majefté, quoi qu'elle eût exécuté toutes les autres conditions, contenues dans les Articles Préliminaires.

Qu'avant que de les figner ils vouloient bien moyennant l'engagement ci-deffus, s'expliquer pofitivement fur le Partage, qu'ils confentiroient de laiffer au Roi d'Espagne, & qu'ils faciliteroient même les moyens de convenir des demandes ulterieures.

Qu'enfin ils pourroient permettre, comme une grace, que les Troupes, qu'ils ont en Portugal & en Catalogne, concourruffent avec celles de France, pendant l'espace de deux mois, pour faciliter la conquête de l'Efpagne & des Indes, que Sa Majesté feroit obligée de faire en faveur de l'Archiduc; mais qu'auffi-tôt, que ce terme feroit expiré, ces mêmes Troupes des Alliez cefferoient d'agir, & que la Tréve feroit rompuë.

Nous reprefentâmes à Meffieurs les Députez, que ces Propofitions étoient contra dictoires, tant à celles qu'ils nous avoient toûjours faites, qu'aux Articles IV. & V. des Préliminaires, auxquels l'Article XXXVII., qu'il s'agifloit entre nous de régler, étoit relatif.

Quant à la maniere d'affeurer aux Alliez l'Espagne & les Indes, Ils nous dirent que

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la conceffion d'un Partage, dont ils s'expli queroient dans la fuite, & qu'ils n'ont point encore declaré, les mettoit en droit d'exiger plus à prefent, que ne portoient les Ar ticles IV. & V.

Nous leur répondîmes, par une raifon fans replique, en leur demandant, fi dans toutes nos Conférences, il n'avoit pas été queftion d'un Partage, & fi fur ce fondement ils avoient jamais exigé de nous autre chofe, que les mesures de concert & l'union des for

ces.

Meffieurs les Députez ne le niérent pas,' car ils ne pouvoient le nier, mais ils nous dirent, que s'ils avoient propofé les mesures de concert & l'union des forces, ils ne le faifoient plus; qu'ils avoient ordre de nous le déclarer au nom des Alliez, & de nous dire, qu'ils pretendoient en un mot, foit que le Partage fût accepté, foit qu'il ne le Ofût pas, recevoir des mains du Roi nôtre Maître la Monarchie d'Efpagne & des Indes; en lui laiffant le foin d'employer feul les moyens, ou de perfuafion, ou de contrainte, qu'il jugeroit les plus efficaces pour mettre actuellement l'Archiduc en poffef fion de fes Etats, dans l'efpace de deux mois.

Un defaveu fi formel de toute la condui

ie paffée, & de toutes les demandes faites de la part des Alliez, auffi bien que le refus de tout ce qui étoit poffible de la nôtre, marque affez, Monfieur, un deffein formé de rompre toute Négociation.

Pour avoir la réponse du Roi nôtre Maître, à ces demandes nouvelles, jufques à préfent inouies, & dont l'accompliffement eft hors de fon pouvoir, il étoit inutile de nous donner le terme de quinze jours.

Il y a long-temps que Sa Majesté a fait connoître, qu'Elle accorderoit pour le bien d'une Paix définitive & füre, les conditions, dont l'éxécution dépendroit d'Elle; mais Elle ne promettra jamais ce qu'Elle fait lui etre impoffible d'éxécuter. Si toute esperance de parvenir à la Paix lui eft ôtée, par l'injustice & l'obftination de fes Ennemis, alors fe confiant à la protection de Dieu, qui fait humilier quand il lui plaît ceux qu'une profpérité inefperée éleve, & qui ne comptent pour rien les malheurs publics, & l'effufion du fang Chrétien, Elle laiffera au jugement de toute l'Europe, même à celui des Peuples. d'Angleterre & de Hollande, à reconnoître les véritables Auteurs de la continuation d' une Guerre auffi fanglante.

On verra d'un côté les avances que le Roi nôtre Maître a faites, le confentement qu'il

a donné

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