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d'établir réellement dans l'Europe une balan ce de pouvoir, & d'augmenter nôtre commerce feroit perdue pour jamais. Si quelqu'un. de nos Alliez pouvoit gaigner quelque chofe par une telle rupture les autres fouffriroient par la calamité générale; Mais j'efpere que moyennant la bénédiction de Dieu, on verra éva nouir des projets fi funeftes.

Vous vous en allez retourner chacun dans votre pays. Je me perfuade que vous n'obmettrez point d'y faire tous vos efforts pour rendre. iuutiles les deffeins de quelques perfonnes mal intentionnées qui pourroient tenter de femer. la fedition parmi mes fujets, & qui voudroient fous des prétextes fpecieux travailler à l'avancement de projets qu'elle n'oferoient avoües.

J'efpere que la premiere fois que vous vous. raffemblerez vous aurez l'occafion de mettre la derniere main aux chofes que je vous ai recommandées, lesquelles la fin de cette Seffion ne vous permet point d'achever..

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Je ne fcaurois finir fans vous affeurer encore une fois que rien ne m'empêchera de poursuivre avec fermeté le véritable interêt d'un peuple fi plein d'affection & qui remplit: fes devoirs avec tant de zélę..

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Déclaration du Roi Philippe à fes Miniftres & Confeillers d'Etat touchant la Renonciation à la Couronne de France faite le 3 Juillet 17120

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Uoique je vous saie fait favoir en d'autres. occafions, diverfes chofes au fujet de la Paix, j'ai pourtant toûjours tâché d'en tenir quelques particularitez fecretes, jusqu'à ce que la Paix fut affûrée. Maintenant, qu'avec: le fecours du Ciel elle eft entiérement régléeavec l'Angleterre, j'ai bien voulu vous com muniquer les principaux Articles en quoi elle. confifte par ce que les avantages qui en réfultent me font tout à fait favorables: Car il ne: fera pas démembré de la Monarchie Espagnole un feul pié de terrain dans les Indes, & j'efpere de poffeder ccs Païs là dans leur entier, ainfi que les a poffedez feu M..mon Oncle de glorieufe memoire; le Roi mon Grand-Pere cedant feulement aux Anglois les Conquêtes qu'ils ont faites dans les Indes pendant cette Guerre, avec la Ville de Dunkerque, afin qu'ils gardent cette Place dans l'état où elle eft, jufqu'à la Paix générale, qu'elle doit enfuite être démolie aux dépens des Hollan dois: Le Commerce aux Indes fera réglé engretes Anglois & les François, comme du tems:

de mon Oncle Charles II.: Et j'attens dans peu un Exprés, avec l'avis d'une générale Sufpenfion d'Armes.

Les inftances du Roi mon Grand-Pere ont été fort grandes, à ce que dans l'Acte de Rénonciation je vouluffe préferer la Monarchie de France à celle d'Efpagne; mais ni ces importantes follicitations, ni la confidération de la grandeur & des Forces de la France, n'ont pû alterer en moi la reconnoiffance & les obligations que j'ai aux Efpagnols, de qui la fidélité a affermi fur ma tête la Couronne que la Fortune avoit rendue chancelante en deux fameufes occafions; de forte que pour demeurer uni avec les Efpagnols, non feulement je préfererois l'Espagne à toutes les. Monarchies du Monde, mais je me contenterois d'en poffeder la moindre partie pour n'abandonner pas la Nation. Et pour preuve de la verité de ce que je dis, & que je defire que cette Monarchie foit affurée à mes Defcendans, j'ai bien voulu qu'ils renoncent à tous leurs Droits fur le Couronne de France en faveur du Duc de Berri mon Frere, & du Due d'Orleans mon Oncle, &c.

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De

Decret de la Renonciation du Roi Philippe à la Couronne de France, &c.

'Affurance que les Couronnes d'Efpagne L'at de France ne feroient jamais mifes fur une même Tête, à été un des principaux & des plus importans motifs de la Guerre qui a affligé l'Europe jufqu'à ce jour: ç'a été auffi comme le Préliminaire dans les vûës qu'on a eues pour la Paix, & principalement dans les Propofitions qui ont été faites depuis peu en Angleterre. C'eft là deffus qu'on a pofé le fon dement de cet Ouvrage, & l'on a jugé à propos d'établir la certitude, qu'en aucun temps, ni par quelque incident & événement que ce foit, les deux Monarchies ne puiffent être unies dans une feule Perfonne; & c'eft fur ce point & fur d'autres Points Préliminaires, qu'on eft convenu du Congrès qui fe tient à Utrecht, pour traiter des autres Articles de la Paix, & les régler; pendant lefquelles Né gociations les morts imprévûes des Dauphins. nôtre Frere & nôtre Neveu étant furvenuës l'Angleterre en prit occafion de porter fes vûës jufqu'à prévenir & anéantir les effets de tous autres accidens qui pourroient encore furvenir un jour; cette Couronne vint à propofer & foûtenir, comme un moyen néceflaire pour

éviter toutes fortes d'inconveniens dans les circonflances qui pourroient arriver, qu'il falloit que je renonçaffe en mon nom & en celui de tous mes Defcendans, dès maintenant & à toûjours, à la Monarchie d'Espagne, ou à celle de France: en telle forte que fi je demeurois dans l'Espagne, aucun de mes Succeffeurs ne pourroit jamais fuccéder à celle de France; & que ceux qui régnent ou régneront en France, ni tout autre Prince qui eft Ju de cette Famille, ou qui en naîtra ci-après, ni fes Defcendants, ne pourront jamais. pofféder la Couronne d'Espagne.

Je ne hefitai pas un moment fur le parti que j'avois à prendre, & auffi on ne me laiffa pas Te moindre loifir de prendre Confeil & de délibérer. Mon affection pour les Espagnols, la connoiffance des obligations que je leur ai, les fréquentes expériences que j'ai faites de leur fidelité, & la reconnoiffance que je dois avoir pour la Providence Divine,,de la grande. faveur qu'Elle m'a faite de m'avoir placé & maintenu fur le Trône, & donné des Sujets fi illuftres & d'un fi haut mérite,, furent les feuls. motifs, les feules raifons, qui eurent accès. dans mon efprit, & influérent dans m'a réfolution; laquelle lorsque je l'cus fait connoître, ne demeura pas fans être combatue par d'autres propofitions &avantages, qu'on me

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