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Vôtre Majefté, & de Nôtre Barriere: Trai té fi important pour les deux Nations, que nous le confiderons comme le lien le plus fort qu'on pourroit trouver, pour unir à ja mais les coeurs & les interêts des deux Nations; conclu après la plus meure déliberation, & ratifié de part & d'autre dans la forme la plus authentique. Car quoi que nous cuffions pû nous tenir implement à ce Traité, cependant nous fommes entrez en Négo ciation fur ces difficultez, & particulierement fur le point l'Affiento; furquoi nous avons, tellement inftruit Nos Plénipotentiaires, que nous ne doutions plus que toutes les difficultez feroient applanies, au contentement réciproque, & que par là nous aurions regagné entierement la confiance de V. M.; d'autant plus, qu'en premier lieu, lorsqu'il s'agiffoit de l'Affemblée d'un Congrès pour la Paix générales V. M. nous a fait décla rer par fon Ambassadeur, qu'Elle ne defiroit que nôtre concurrence en ce feul point, & cette unique marque de nôtre confiance, qu’après cela elle nous donneroit des preuves fortes & réelles de fon affection envers nous, & de les droites intentions à l'égard de la cause commune de tous les Alliez : & qu'enfuite, quand on à fait intervenir les difficultez fur le Traité de Succefon & de Barrie. re,

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re, V. M. Nous à fait affurer de même, que fi nous nous relâchions fur les points les plus effentiels, & particulierement fur l'affaire de J'Affiento, ce feroit le vrai moyen de réta blir la confiance mutuelle & néceffaire, la quelle étant rétablie, V. M. prendroit particulierement à cœur les intrrêts de l'Etat, & iroit de concert avec nous dans toute la Négotiation, pour parvenir à une Paix honora-ble, bonne & fûe.

Mais nous nous trouvons bien éloignez de nôtre attente, puisque dans le temps même que nous nous fommes les plus approchez de V. M., & que nous croyons que nous tomberions d'accord fur les points qui étoient en differend, nous voyons partir le Comte deStraffort fans avoir fini l'affaire, nous voyons arrêter l'Armée dans le commencement de fa carriere, & nous entendons une Déclaration, par laquelle V. M. fe tient dégagée de toutes les Obligations à nôtre égard, dont on allegue pour raifon, que nous aurions mal répondu aux avances qu'Elle nous a faites, & que nous ne voulions point concerter avec fes Miniftres fur la Paix.

Si V. M. veut avoir la bonté de regarder d'un œil un peu favorable & équitable nôtre conduite, nous nous flattons, & nous avons une ferme confiance, qu'Elle n'y trouvera Y. 4

rien

rien, qui lui puiffe donner une idée & des penfées fi defavantageufes à nôtre égard; mais qu'Elle trouvera plûtôt, que nous avons fatisfait, & fatisfaifons encore à tous les devoirs de bons & fidelles Alliez, particuliere ment envers V. M.

Ce que nous avons déja dit pourroit peutêtre fuffire pour l'en perfuader, mais nous devons y ajoûter, qu'ayant toûjours regardé l'affection de V.M., & la bonne harmonie entre les deux Nations, comme un des plus fermes appuis de nôtre Etat & de la Religion Proteftante, & comme un des moyens les plus efficaces pour le foûtien & l'avancement de nos Intérêts communs, & ceux de toute L'Alliance; & ce fentiment fincere étant imprimé fortement dans nos coeurs, Nous n'avons jamais été éloignez de communiquer & de concerter en toute confiance fur les affaire de la Paix avec V. M. & avec fes Miniftres, conformément aux fondemens portez par la grande & autres Alliances, Nous déclarons, que nous y avons toûjours été portez & prêts, & que nous le fommes en. core, autant que nous le pouvons faire, fans préjudice des autres Alliez, & fans contrevenir aux Engagemens, Traitez & Alliances que nous avons contractez. 10.

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Mais MADAME, toutes les propofitions.

tqui nous ont été faites fur ce fujet jusques à préfent, font demeurées en des termes fort Généraux, fans que le résultat des Négociations entre les Miniftres de V. M. avec ceux de France, ni même les penfées de V. M. fur le fujet lequel nous devrions concerter enfemble, nous ait été communiqué. Il cft vrai aque dans quelques unes des dernieres Conferences, les Miniftres de V. M. ont demandé, les nôtres étoient munis d'un pleinpouvoir, & authorifez à faire un plan pour la Paix Mais il auroit été bien juste, qu'avant que d'exiger cela de nous, ou nous cut communiqué le résultat des Négociations traitées depuis long-temps entre les Miniftres de V. M. & ceux de l'Ennemi, du moins les penfées de V. M.

Si ce plan regardoit feulement les interes de V. M. & les nôtres, nous aurions peutêtre tort de n'y avoir pas donné les mains inceffamment, quoi que même alors l'affaire ne feroit pas fans difficulté, puisque la moindre connoillance qui en parviendroit à l'Ennemi, ne pourroit être que fort préjudicia ble: Mais comme le plan, dont il s'agit, doit regarder les interets de tous les Alliez, & prefque de toute l'Europe, nous avons eu de fortes apréhenfions, que comme les Négociations particulieres entre les Miniftres

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de V. M. & ceux de France, & la facilité avec laquelle nous avons confenti au Congrès d'Utrecht, & donné nos Paffeports aux Miniftres de l'Ennemi, ont déja donné beaucoup de foupçons & d'inquietude à S. M. Imperiale & à d'autres Alliez; nous avons apréhendé, difons nous, que S. M. Imperiale & les autres Alliez, venant à aprendre, (ce qu'il feroit bien difficile de leur cacher,) le concert qui fe feroit entre les Miniftres de V. M. & les nôtres, pour un plan de la Paix,. avant même que les Miniftres de France aient répondu fpecifiquement aux Demandes. des Alliez, leurs foupçons & leur inquietude pourroient augmenter, & que ce procedé pourroit leur donner fujet à des pensées préjudiciables, comme fi l'intention de V.M. & la nôtre feroit d'abandonner la GrandeAlliance & la Caufe commune, ou pour le moins de regler feuls avec la France le fort de tous les autres Alliez, par où S. M. Imperiale & d'autres Alliez pourroient être pouflez à prendre leurs méfures à part, & à. faire des démarches qui ne conviendroient - nullement avec les interêts de Vâtre Maje

flé.

Nous croyons ces raif ns affez bien fon dées, pour juftifier auprès de Vôtre Majefté nôtre conduite fur ce point & fi nous ne fommes

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