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véritable amitié, auffi bien qu'un trés grand refpect, & un attachement fincere à tous fes interêts, avec un défir ardent de vivre avec V. M. dans une parfaitement bonne intelligence & union, Nous avons encore les mêmes fentimens, & nous les conferve rons toûjours, ne fouhaitant rien plus, que d'en pouvoir donner à V. M des preuves les, plus convaincantes..

Après-quoi nous prions V. M. de vouloir refléchir, fuivant les grandes lumieres, G nous n'avons pas jufte fujet d'être furpris de 1 voir arrêter, par un ordre de la part de V. Majefté, donné à nôtre infçu, les operations de l'Armée des Alliez, la plus belle & la plus forte qui peut être foit entrée en Campagne pendant tout le cours de la Guerre, & pourvue de tout le néceffaire pour agir avec vigueur, & celà aprés qu'elle avoit marché, fuivant la réfolution prife de concert avec le Général de V.M., comme en préfence de celle des Ennemis, avec une grande fuperiorité,tant en nombre qu'en quafité de Troupes, animées d'un noble courage & ardeur de bien faire; de forte que fuivant toutes les aparences humaines, avec l'affiftance Divine, que nous avons ressentie fi clairement dans tant d'autres occafions, on auroit, foit par une Bataille, foit par des Sié

Y

ges,

ges, pû remporter de grands avantages fur l'Ennemi, rendre la Caufe des Alliez meil leure, & faciliter les Négociations de la Paix.

Nous nous flatons bien de l'efperance que le Duc d'Ormond à donné, que dans peu de jours il attendoit d'autres ordres; mais nous voyons cependant avec douleur une occafion des plus belles paflée, dans l'incertitude fi elle fera bien auffi favorable ci-après, puis qu'on laiffe aux Ennemis le temps de fe fortifier & de fe précautionner, pendant que l'Armée des Alliez refte dans l'inaction, & confumant les Fourages tout à l'entour, ôte à foi-même le moyens de fubfifter à l'avenir, dans des lieux, où, fuivant les projets, les operations fe devroient faire, ce qui pourroit rendre impoffibles ci-après les entreprises, qui feroient fort praticables préfentement par où toute la Campagne peut être renduë infructueule, au préjudice inestimable de la cause commune de tous les Hauts-Alliez.

Certainement, quand nous confiderons T'Armée, telle qu'elle eft, composée des Troupes de V. M. & des autres Alliez, jointes ensemble d'un commun concert, pour agir au plus grand avantage & avancement de la cause commune; & les affurances que V. M. nous a données par fes Lettres , par

Les

fes Miniftres, & dernierement par fon General le Duc d'Ormond, de ses intentions de faire agir fes Troupes avec leur vigueur ordinaire comme auffi les engagemens dans lesquels V. M. eft entrée, non feulement à nêtre égard, mais auffi, tant féparément qué conjointement avec nous, à l'égard des au tres Alliez; il nous eft bien difficile de conjecturer & de comprendre, comment un or dre fi préjudiciable à toute la caufe commu ne, donné fi fubitement à nôtre infçu, & fans doute auffi à l'infçu des autres Alliez, peut convenir & fubfifter avec la nature de la Societé, & avec ces affûrances, & avec ces engagemens dont nous venons de parler: Car quoi que, fuivant la Déclaration de l'E vêque de Bristol, V. M. fe tienne pour dé gagée de toute Obligation à nôtre égard, il eft evident qu'il ne s'agit point ici de nôtre interêt ou avantage particulier, mais de celui de tous les Alliez, qui fouffriront par le préjudice que cet ordre, fi peu attendu, portera à toute la caufe commune.

1 Mais MADAME, Nous ne pouvons pas nous difpenfer de dire à V. M. que la Déclaration faite par l'Evêque de Bristol à Utrecht, ne nous a pas moins furpris, que celle du Duc d'Ormond à l'Armée. Elle nous paroît & Extraordinaire, que nous ne favons Y &

Pas

pas comment la concilier avec cette grande bonté & bien veillance dont V.M. Nous a toûjours honorez, ne pouvant concevoir comment elles peuvent avoir changé fi fubitement à nôtre égard. Nous n'en fommes pas feulement furpris, mais nous en fom mes affligez. Nous avons examiné avec foin nôtre conduite, & nous n'y trouvons rienqui puiffe avoir donné lieu au mécontentement que Vôtre Majefté nous a fait paroître par cette Déclaration.

Du premier jour que V. M. eft montée fur le Thrône, Nous avons eu pour Elle toute la déference qu'Elle pouvoit défirer d'un Etat Ami & Allié: Nous avons recherché avec foin fon amitié & affection; & confiderant les bons effets que pouvoient produire, & qu'ont produit réellement la bonne intelligence, harmonie & Union entre V. M. & nous, & entre les deux Nations, & l'avantage qui en réfultoit pour l'une & l'autre, auffi bien que pour la caufe commune de tous les Alliez, nous avons pris à tâche &à cœur de les cultiver, & de gagner de plus en plus la confiance de V.M., & de nous conformer à fes fentimens, autant qu'il nous a été poffible.

Nous croyons en avoir donné une preuve éclatante, particulierement à l'égard de la Né

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Négotiation de la Paix; puisque non feulement, après que nous fûmes informez des pourparlers, qui fe font tenus ci devant en Angleterre fur ce fujet, Nous avons attendu que V. M, nous en donneroit connoiffan ce & ouverture, ayant cette ferme confiance en fon amitié pour nôtre République, & en fon zéle pour le bien de la caufe commune, que rien ne feroit fait qui put porter préjudice à nous, ni aux autres Allicz, mais auffi quand V. M. nous a fait communiquer les points Préliminaires, fignez par Mr. de Menager en Angleterre; & quand Elle nous a fait propofer la convocation & la tenuë d'un Congrès pour la Paix générale, & nous a requis de donner à cet effet les Paffeports néceffaires aux Miniftres de l'Ennemi, nous y avons confenti, quoi que nous euffions plufieurs raifons, à notre avis très-bien fondées, de n'entrer point dans une telle Négotiation fans plus de fondement, du moins fans la concurrence des autres Alliez; mais nous avons poftpofé nos fentimens à ceux de V.M., pour lui donner une nouvelle preuve de nôtre déference à fon égard.

Nous n'avons pas moins fait, par raport aux difficultez qu'on a fait naître au fujet du Traité de Garantie mutuelle de la Succeffion dans la Ligne Proteftante aux Royaumes de Y 3 Vô.

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