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L'Etat paye en tout comme ci

deffus

Ainfi trop peu

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4303

Il paroît par le compte ci-deffus, premierement; que la Grande-Bretagne a fourni 14579. hommes par deffus les 40. mille & les 10. mille, & non pas 25178. comme on le prétend. Secondement, que quand même on accorderoit les propofitions erronées de la Grande-Bretagne, favoir qu'au commencement de la guerre, l'Etat auroit accepté de fournir en Flandres 102. mille hommes contre 40. mille, que la Grande-Bre tagne en fourniffant lefdits 40. mille hommes auroit fatisfait aux Traitez ; & que l'Etat devroit payer trois 5 mes des Troupes d'augmentation depuis l'an 1703., & la GrandeBretagne feulement deux 5mes; avec tout cela, la difproportion dont on fe plaint, se reduiroit à 4303. hommes.

Surquoi l'équité voudroit que l'on confiderât: Premiérement; Que l'Etat avoit au gmenté fes Troupes de plus de 50. mille hommes, long-temps avant que la GrandeBretagne eut fait de fon côté aucune augmentation confiderable; Et fecondement,

que

que felon cette même Lifte, l'Etat a payé pendant quelques années 8242. hommes, & en corrigeant l'erreur de cet Article, 7385. hommes, au deffus des 102. mille qu'on prétend abufivement que l'Etat s'étoit engagé de fournir pour fa quote-part, & par deffus fa moitié de 20. mille hommes pris en 1703De maniere que, même en fuppofant pour bien fondées toutes les prétentions de la Chambre des Communes, ce qui n'eft pas, la prétendue disproportion dont il s'agit, feroit tellement balancée, par les deux Articles. ci-deffus, qu'elle difparoîtroit entiérement, & ne meriteroit pas la moindre reflexion.

En voilà affez pour refuter pleinement à cet égard les Refolutions & l'Adreffe de la Chambre des Communes. Refte feulement àrépondre aux reproches qu'on y fait à l'Etat, de n'avoir pas fatisfait à la Condition de la défense du Commerce, fous laquelle l'augmentation des 20, mille hommes avoit été accordée en 1703. Pour refuter auffi cette objection, il fufira de dire, qu'avant de pouvoir afi mer, comme on fait, que l'Etat a manqué à cette prétendue condition, il faudroit avoir prouvé, qu'il l'avoit acceptée; & c'est ce qu'on ne trouvera jamais qu'il ait fait pour plus d'un an. L'Etat confentit à cette défense, malgré les difficultez qu'il y S3

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trouvoit, & qui n'avoient pas lieu en Angleterre, parce que même durant la Paix, le Commerce y étoit comme défendu avec la France. Mais fon engagement ne fut que pour un an, par maniere d'effai, & nullement comme une condition à laquelle l'augmentation des Troupes fut attachée; auffi ne fut ce que par pure déference pour les fentimens de Sa Majeftê Britannique qui le fouhaitoit, & qui en avoit fait faire inftance. La Convention fût exactement obfervée tout le temps qu'elle dura, & après fon expiration, les Etats Généraux firent connoître à Sa Majefté les raifons qu'ils avoient pour ne pas la prolonger; On y aquiefça, on ne parla plus de la défenfe du Commerce, l'augmentation des 20. mille hommes fût continuće, & la Chambre des Communes accorda tous les ans les Subfides nécefaires pour la proportion que la Grande-Bretagne devoit y contribuer; fans jamais faire la moindre difficulté fur la défenfe, ni fur la Condition. N'eft-il donc pas étonnant, qu'après un fi long efpace de temps, cette affaire foit renouvellée, & qu'on en tire un prétexte, pour charger l'Etat de n'avoir pas fatisfait à une condition qu'il n'avoit pas acceptée, ou qu'il n'avoit acceptée que pour un an?

Il y a encore dans l'Adreffe des Communes une Pofition de fait, qui pourroit donner lieu à une grande erreur; fi on la laiffoit fans réponse. On y pofe, que par la Guerre du Pais-Bas, l'Etat à fait de grandes Aquifitions, tant en Revenus qu'en Terres & en Etats; Que des Revenus de ces riches Pro-. vinces conquifes, il auroit pû faire & entretenir une augmentation confiderable de Troupes contre l'Ennemi commun, s'ils y avoient été deûment employez; Mais qu'au lieu de les apliquer à cet ufage, comme cela fe devoit, l'Etat les a fait tourner à fon propre foulagement, & à l'entretien de fa quote-part, comme elle étoit reglée dès le

commencement.

Tout le Monde fait, & on ne peut pas l'ignorer en Angleterre; que depuis la Bataille de Ramilli, la Flandre Françoise & l'Artois ont été le Theatre de la Guerre; Que deux Armées, beaucoup plus nombreu fes que celles d'aucunes des années précedentes, y ont agi& fubfifté; Que l'Ennemi en a toûjours tiré les Contributions; & que le, plat Païs étoit tellement ruiné par les Fouragemens, Livrances de Pionniers, Chariots, Chevaux & plus encore par les Ravages, Pillages, Demoliflement de Maifons, Abbatis d'Arbres, Fuite & mortalité des HomS 4

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mes & Beftiaux, que pour fe remettre en quelque maniere, il aura befoin d'un fort long-temps. Les habitans des Villes ont auffi leur part à toutes ces miferes. Ils font accablez de Garnifons nombreuses, auxquelIts ils doivent fournir le Logement, le feu & la Chandelle. Loin de retirer quelque chofe de leurs Terres, ils font obligez de nourir à leurs frais leurs Païfans, qui fans cela, mouroient de faim, ou abandonneroient tout. Le Commerce & les Manufactures, qui ont ci-devant fait la principale richeffe de Lille & de Tournay, ne vont plus; les Ouvriers defertent, ou font obligez par l'excès de leur pauvreté à prendre parti dans les Troupes. Un Païs fi miferable, ne feroit gueres propre à fournir à l'Etat dequoi entretenir beaucoup de Troupes contre l'Ennemi commun, quand même il n'aporteroit pas avec foi fes dépenfes ordinaires & indiipenfables, comme font la reparation des Fortifications, & des Bâtimens ruinez, ou fort endommagez par les Siéges, le remplif fement des Magafios épuifez par la longue défense des Places, & autres dépenfes femblables,

Mais pour ne pas s'en tenir aux raifonnemens généraux, il fera bon de dire, que depuis l'an 1706. c'est-à-dire depuis la prife

de

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