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leurs, il n'y en eft pas refté affez pour former une Efcadre.

Comme ces fentimens là étoient bien fondez, on les a le plus fouvent fuivis, & on s'en eft fort bien trouvé. La preuve en eft claire, car depuis la perte que la France fit à Vigos en 1702., & celle qu'elle fouffrit à la Bataille pres de Malaga en 1704-, elle ne s'eft plus trouvée en état de mettre en Mer aucune Flote confidérable. La feule qu'on y âit vûë fut dans la Mediterranée en 1706,, pour foûtenir le fiége de Barcelone; mais elle étoit fi peu confiderable, qu'cile fe retira à la vue de la Flote combinée, fans ofer haZarder le Combat,

Après avoir montré, comme on vient de faire, fur quels fondemens l'Etat a fait & iéglé chaque année fes Armemens de Mer, il eft à propos d'examiner s'il a fourni fa quote-part, proportionnément à celle de S. M. Brit; ce qui fans doute ne feroit pas, Gi l'on devoit s'en raporter au Memoire de Mrs. les Commiffaires de l'Amiranté de la Gr.Br. Mais en premier lieu, pofé le cas qu'il n'y ait rien à dire à la Litte qu'on y donne des Vaiffeaux fournis par S. M., & qu'on la reçoive aveuglément, telle qu'elle fe trouve dans ledit Memoire, on pourroit encore demander, fi tous les Vaiffeaux que l'on y mar◄

que

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que, comme ayant été employez dans la Mediterranée & dans la Canal, y étoient né ceffaires? Cette question ne feroit point de ftituée de fondement. On y voit des années, ou le nombre des Vaifleaux employez. pour ce fervice-là, excede de beaucoup ceJui que S. M. même avoit fait propofer. Par exemple, on y compte 74. Vaiffeaux pour l'année 1704., & 79. pour l'année 1705. Cependant, les Projets fournis par l'Amiraï Mitchel, pour ces années là, ne demandent que 24. Vaiffeaux de l'Etat, contre 60. Vaiffeaux de S.M., tant pour le fervice de la Mer Mediterranée

que pour celui du Canal & de la Mer du Nord. D'où vient donc que Mrs. les Commiffaires de l'Ami rauté mettent préfentement en compte, de la part de S. M. 74. & 79. Vaifleaux pour Te feul fervice de la Mediterranée & do Canal, & que l'on y requiert de la part de l'Etat 44. Vailleaux pour une année & 47. pour l'autre? On laisse, au refte, au jugemene d'un chacun, fi ce nombre de Vailleaux n'auroit pas été trop grand, eu égard au fervice qu'on en pouvoit retirer, & aux forces que l'Ennemi pouvoit alors mettre en Mer, Le fentiment de l'Etat fur, que 24. Vailleaux de fa part, & 40. de la part de S.M. (uffirojent pour le fervice de ces années-là,,

T

Il faut remarquer de plus, que de tous les Vaiffeaux que l'Etat à fournis, on ne tient compte en ce Memoire que de ceux qui ont fervi dans la Mediterranée ou dans le Canal, conjointement avec ceux de S. M., & que l'on n'y fait aucune mention de la Mer du Nord, dont le foin & la fûreté ont été laiffez prefque entiérement pendant quelques années à la charge de l'Etat. Il ne faut pas s'étonner après cela, de ce que le nombre des Vaiffeaux fournis par les Etats Généraux paroît fi petit dans le Memoire de Mrs. les Commiffaires de l'Amirauté, en comparai fon de ceux de la Reine de la G. B., puis qu'on en retranche tous ceux qui ont fervi dans la Mer du Nord, & qu'on n'y emplo ye que ceux qui ont agi conjointement avec ceux de S. M. C'eft fans doute cette omiffion qui a donné lieu aux préjudiciables Refolutions de la Chambre des Communes, & il eft raisonnable de croire qu'elles n'euffent jamais été prifes, fi les raifons de l'Etat leur avoient été connues. On en jugegera par la Lifte fuivante, qui contient le veritable nombre des Vaiffeaux de l'Etat qui ont fervi pendant cette Guerre, pour la Cause Commune dans la Mediterranée, dans le Canal, & dans la Mer du Nord. Ce font tous Vaiffeaux de Ligne; on n'y a compris ni

les

les Frégates, ni les autres moindres Vailfeaux.

En 1702, 55.: 1703., 50.: 1704., 56.:

1705. 56.; 1706., 54.: 1707, 49.: 1708,, 5. 1709., 50.: 1710., 43.9 & 1711., 40.

Tout cela eft de fait: On le peut prouver en tout temps par de bons & valables Documens. Ainfi c'eft à tort, & fans fondement, qu'on charge l'Etat de n'avoir pas fourni fa quote - part aux Armemens de

Mer.

Le fecond point regarde les Troupes en Flandres,furquoi l'on fe plaint; Que les Etats Généraux n'y ont pas obfervé la premiére Proportion de trois contre deux ; dont ils feroient convenus avec le feu Roi Guillaume; Qu'ils ont fourni 20837. hommes, moins que leur quote-part; Et qu'ils n'ont pas fatisfait à la condition de la défense du Commerce & de la correfpondence avec la France, fur laquelle pourtant, l'augmentation de Troupes avoit été accordée en 1703.. Pour l'éclairciffement de ce point, on a cru qu'il ne feroit pas inutile de joindre ici fous le nombre 2. l'Etat des Forces, tant de la Reine que des Etats Généraux, qui a été remis à la Chambre des Commu R 6

nes

nes, & qui autant qu'on peut en juger, à fervi de fondement à fes Refolutions.

La première chofe qui fe préfente à re marquer fur cet état des Forces, c'est qu'on y confond fous l'année 1701. dans un Article général les 44992. hommes que Etat retint en fervice après la Paix de Ryswick, avec les 34866 hommes, qu'il y prît de nouveau immediatement après la mort de Charles il. Ror d'Espagne; & que fous l'an 1702. on a pareillement mêlé ensemble les Troupes que l'Etat avoit prifes cette année là, avec celles qu'il avoit négotiées de divers Princes dès le commencement de l'année précedente. Si tout cela n'avoit pas été con2 fondu, on auroit vu clairement que l'Etat avoit augmenté fes Troupes de plus de cinquante mille hommes, long-temps avant que du côté de la Grande-Bretagne, on en fut venu à aucune augmentation confiderable; ee qui me iteroit bien d'être porté en compte, en égard aux dépenfes que l'Etat y a faites & fupportées feul.

On ne s'arrêtera point à relever certaines erreurs particulieres qui fe font gliffées en cet état des forces. On fe contentera de dire; & de montrer, qu'il ne prouve nullement, ce qu'on prétend qu'il prouve. On n'y voit point, par exemple, que les Etats ayent

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