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liez font auffi intereffez que la Grande-Bretagne au fuccès de la Guerre, & que dans la plupart ils le font beaucoup plus. En verité on ne comprend pas fur quel principe on a pû fonder cette Propofition, ni en quel fens elle peut s'accorder avec les Demandes de la Reine de Gr. Br. pour la Paix. Sa Majesté de-` mande, que le Roi T. C. la reconnoiffe, qu'il reconnoiffe pareillement la Succeßion dans la Ligne Proteftante de la Maifon d'Hanover, felon qu'elle eft établie par les Actes du Parlement ; qu'il refufe toute aide & toute afsiftance au Prétendant; qu'il faffe avec la Grande-Bretagne un Traité de Commerce; qu'il démoliffe les Fortifi cations de Dunkerque & qu'il en comble le Port; qu'il cede à S. M. les Iles de St. Chriftople & de Terre-Neuve, avec l'Acadie, & qu'il y joigne auffi tous les autres Pays qui font au Nord de Amerique. Ces demandes la comme on voit, ne font pas de nature à intereffer autant ou plus les autres Alliez que la Gr. Br. même.

Pour ce qui eft du Commerce dans la Mer Mediterranée, on ne peut pas dire, avec la moindre apparence de raifon, que tous les Alliez y ayent un interêt égal avec la Gr. Br. Puifqu'il eft connu & hors de toute conteftation, tant à l'égard du Commerce en général, que particulierement à l'égard R 2

du

du débit des Manufactures de Laines en Ef pagne, dans les Ports de la Mediterranée, & fur tout en Turquie, que la Grande-Breta gne y eft de beaucoup plus intereffée que F'état, qui eft pourtant celui de tous les Alfiez à qui le Commerce dans la Mediterranée touche le plus.

Paffons maintenant à l'examen de ces Articles, par lesquels on prétend que les Etats Généraux n'ont pas fourni leur quote part aux Dépenfes de la Guerre. Le premier regarde le fervice de la Mer. Sur ce point on avance, que pendant quelques années les Etats Généraux ont fourni les deux tiers moins, & en général plus de la moitié moins que leur Contingent. Voila une Propofition bien géné rale. Une autre Propofition contraire, & générale comme celle-ci, fufiroit peut-être pour y répondre, & on pourroit en après laiffer au Jugement de ceux qui connoiffent, la fituation où fe trouvent les affaires, laquelle de ces deux Propofitions générales feroit la plus probable. Il feroit même affez dificile d'y répondre autrement, fi on n'avoit eu communication par des voyes particulie res, du Memoire qui a été remis à la Cham bre des Commnnes, de la part des Commiffaires de l'Amirauté de la Grande-Bre tagne: car c'est dans ce Memoire qu'on trou

ve la Spécification des Vaiffeaux de Ligne, qui ont été fournis année par année de la part de S. M. Brit., & de la part des Etats Généraux, pour agir conjointement dans le Canal & dans la Mer Mediterranée. On le trouvera ci-joint fons le N. 1. C'eft fans doute fur ce Memoire, que les Refolutions de la Chambre des Communes font fondées.

On y pofe pour certain, que la quote part de l'Etat dans les Armements de Mer avec la Grande-Bretagne eft de trois contre cinq, & l'on fe fonde fur la Convention du 27. Avril 1698. Mais fur cela il faut remarquer, que l'Article VII. du Traité du 9. Juin 1703., par lequel ladite Convention eft renouvellée, porte, que l'entiere quote-part des Vaiffeaux de guerre que chacun devra fournir, en vertu de cette Convention, fera reglée tous les ans, & que l'on conviendra en même temps du Rendez-vous, comme auffi des ftations; que les Vaiffeaux devront tenir respectivement. En confèquence de cela, S. M. la Reine de la Grande-Bretagne a trouvé bon d'envoyer ici, prefque tous les ans, un de fes Amiraux. On a tenu avec eux les Conférences néceffaires, & l'on y a principalement déliberé fur le nombre des Vaiffeaux qu'il falloit armer, & fur les lieux où ils devoienr être employez. Surquoi il eft R 3 arrivé

arrivé ordinairement, que les Projets fournis de la part de S. M. Brit. portoient plus haut que ceux de l'Etat, le nombre des Vaiffeaux, & qu'on y faifoit bien plus de reflexion fur la fûreté du Canal, que fur cel le de la Mer du Nord. Auffi eft il à remar quer, que le Memoire de Mrs. les Commiflaires de l'Amirauté ne dit pas un mot des Vaiffeaux employez en cette Mer là; ce qui eft en partie caufe, de ce qu'on y met fi bas le Contingent fourni par l'état. Le fentiment des Etats Généraux fur ce fujet a toûjours été, que le nombre des Vaiffeaux qu'on de voit équiper chaque année en commun, devoit être regle fur ce qu'on pouvoir raisonnablement juger de la force de l'Ennemi, & des Vaiffeaux qu'il pouroit envoyer dans la Mediterranée, dans le Canal, ou dans la Mer du Nord: en telle forte que l'on eût toûjours une certitude morale, que les Flotcs & les Efcadres de la Gr. Br. & de cet état, foit qu'elles agiffent conjointement ou féparément, fe trouveroient fupérieures à celles de l'Ennemi. On dit conjointement ou féparément, parce que du côté de l'Etat, on étoit d'avis, que les Vaiffeaux de S. M. & des Etats Généraux, qui feroient envoyez en Portugal & dans la Mediterranée, devroient agir conjointement; que la fûreté du

Canal

Canal devroit être laiffée aux foins particuliers de S. M.; & celle de la Mer du Nord à ceux des Etats Généraux. On en donnoit pour raifon, que la Grande-Bretagne avoit un plus grand interêt à l'égard de fon Commerce dans le Canal, & que par fa fituation, & par la commodité de fes Ports, elle pouvoit plus aifément que l'Etat, y envoyer & tenir les Vaiffeaux; & qu'au contraire l'Etat pour les mêmes raifons par raport à la Mer du Nord, eft plus à portée que la GrandeBietagne, d'y envoyer & tenir les fiens. Au refte, on refervoit toûjours les cas de neceffité; en telle forte, que fi l'Ennemi, contre toute attente, faifoit quelque Armement extraordinaire, & qu'il envoiât quelque Flote ou quelque Efcadre dans le Canal, ou dans la Mer du Nord, en ce cas là on joindroit les Efcadres de part & d'autre, en tout ou en partie dans le Canal ou dans la Mer du Nord, felon le befoin. On n'a pas ciû les dernieres années, qu'il fut néceffaire de tenir une Efcadre devant Dunkerque, l'experien ce ayant montré plus d'une fois qu'on en retiroit fort peu de fruit, & qu'il étoit pref que impoffible de fi bien fermer ce Port, que les Vaiffeaux qui y feroient n'en pûffent fortir: outre que l'an paffé, la plupart des Vaiffeaux de Dunkerque ayant fait voile ailR 4

leurs,

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