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eût jamais conquis fans vos puiffans & généreux fecours. Pour revenir aux fâcheufes conféquences qui regardent le Commerce de vos Royames, qu'il nous foit permis d'expofer à vôtre Majefté, Que bien que ce Traité renouvelle le XIV. & le XV. Articles de celui de Munster, & qu'il vous en rende une des Parties intereffées, en vertu defquels les Droits impofez fur toutes les Denrées & Marchandises qui vont par Mer dans les Païs Bas Efpagnols, doivent égaler ceux qu'on exige de tous les Effets & Marchandifes qu'on y transporte par l'Efcaut, les Canaux du Sas & de Swyn, & autres Embouchures de la Mer qui font dans le voisinage; avec tout cela on y prend foin de conferver la même égalité lors qu'il s'agit de la fortie de ccs Marchandifes hors des Provinces Efpagnoles, & de leur entrée dans les Païs & Places qui doivent être à la difpofition des Etats Généraux en vertu de ce Traité. C'est-à-dire que dans la fuite, & vos Communes font informées qu'il en eft arrivé déja quelques exemples, les Droits d'entrée mis fur les Marchandifes tranfportées dans ces Païs & Villes par les Sujets des Etats Généraux, feront ôtez, pendant qu'on continuera ceux qu'on exige des Sujets de vôtre Majefté; de forte que la Grande-Bretagne rifque de per

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dre une des branches les plus avantageufes de fon Commerce, dont elle a été en poffeffion de tout temps, même depuis que ces Provinces étoient gouvernées par la Maifon de Bourgogne, l'une des plus anciennes & des plus utiles Alliez que l'Angleterre ait ja

mais eu.

A l'égard des autres Païs & Terres de la Couronne d'Espagne, les Sujets de vêtre Majefté ont toujours été diftinguez dans leur Commerce avec eux, & ont jouï de plus grands Privileges & Immunitez fur cet Article, que les Hollandois, ou aucune autre Nation, tant par des anciens Traitez, que par un long ufage. Auffi l'excellent Traité de la Grande-Alliance affure fi bien ces éftimables Privileges à la Grande-Bretagne, qu'il laiffe chaque Nation à la fin de la Guer re fur le même pié ou elle étoit à cet égard au commencement. Mais le Traité, dont nous nous plaignons, au lieu de confirmer les Droits de vos Sujets, les abandonne & les renverfe: Car, quoique les XVI. & XVII. Articles du Traité de Muntter, fait entre Sa Majefté Catholique & les Etats Généraux, accordent aux Hollandois tout les avantages du Commerce, dont les Anglois jouiffoient; la Couronne d'Angleterre n'aiant pas été une des Parties intereffées dans ce Traité, les Anglois

ne fe font jamais foumis à ces deux Articles, & les Espagnols eux-mêmes ne les ont jamais obfervez: Mais ce dernier Traité le renouvelle au préjudice de la Grande-Bretagne, y fait entrer votre Majefté comme Partie, & la rend même garante envers les Etats Généraux pour des Privileges qui tournent à la ruine de vôtre Peuple.

La promtitude extraordinaire avec laquelle vôtre Ambaffadeur confentit à dépouiller vos Sujets de leurs anciens Droits, & vôtre Majefté du pouvoir de leur procurer quelque nouvel avantage, paroît évidemment de fes lettres, que vous avez fait donner à vos Com. munes: car lorfqu'on offrit certains Articles avantageux à vôtre Majefté & à vos Peuples, pour les inferer dans ce Traité, les Etats Généraux ne voulurent pas les admettre, fous prétexte qu'il n'y faloit rien mêler de ce qui ne touchoit point à la Garantie de la Succeffion & de la Barriere; quoi qu'ils n'eurent pas plûtôt avis d'un Traité de Commerce conclu entre vôtre Majefté & le préfent Empereur, qu'ils renoncérent à ce prétexte, pour infifter fur l'Article, dont vos Communes fe plaignent aujourd'hui, & que l'Ambaffadeur de vôtre Majefté accorda, quoi qu'il n'eût aucun raport à la Succeffion, où à la Barriere, & que ce Miniftre lui-même fe fût

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départi pour cette raifon de quelques Articles qui auroient été avantageux à fa Patrie.

Nous nous fommes abftenus de fatiguer vôtre Majefté, par des Remarques générales fur ce Traité, en ce qui concerne l'Empire, & les autres Etats de l'Europe. Nous avons feulement pris la liberté de vous exposer les maux qui en refultent à la Grande-Bretagne. Comme ils font de la derniere évidence & très confiderables, & que le Vi-Comte de Townshend n'avoit aucun ordre ni autorité pour conclure divers de ces Articles, qui font le plus de tort aux Sujets de vôtre Majesté, nous avons cru que le moins que nous puiffions faire, étoit de déclarer vôtre dit Ambaffadeur, qui a négocié & figné ce Traité,de même que tous les autres qui en ont confeillé la Ratification, Ennemis de vôtre Majefté & de ce Royaume.

Sur ces fidêles Avis & Informations de vos Communes, nous nous promettons que vôtre Majefté par la rendreffe qu'elle a pour fon Peuple, le garantira de ces malheurs, auxquels les Confeils de Gens malintentionnez l'ont expofé, & qu'en vôtre grande Sagefle, vous trouverez quelques moiens d'expliquer & de corriger divers Articles de ce Traité, en forte qu'ils puiflent compatir avec l'Interêt de la Grande-Breta Q }

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gne, & avec une Amitié fincere & durable entre vôtre Majefté & les Etats Généraux.

EXTRA IT

Du Régiftre des Réfolutions de Leurs Hautes Puiffances les Seigneurs Etats Généraux des Provinces-Unies des Pais-Bas.

Le Vendredi 1. Avril 1712.

Effieurs de Broekhuyfen, & les autres

MDeputez de L. H. P. pour les affaires Etrangères, en conféquence de la Refolution Commifforiale du 12. du mois paffé, ont examiné conjointement avec quelques Sieurs Deputez du Confeil d'Etat, la Lettre du Sr. van Borffele Envoyé Extraordinaire de Leurs Hautes Puiffances à la Cour de Sa Majefté la Reine de la Grande-Bretagne, écrite le 8. du même mois, donnant avis des Refolutions prifes par la Chambre des Communes du Parlement de la Grande-Bretagne, pour continuer aux Païs-Bas, dans cette année 1712. Premiérement les quarante mille hommes y envoyez par Sa Majefté, au commencement de la Guerre. Secondement les dix mille hommes d'augmentation dont on eft convenu en 1703. & en troifiéme lieu

les

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