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a fi mal répondu a leur attente, qu'elles ont grand fujet de foupçonner, que ce qui devoit abréger la Guerre, a été la veritable caufe de fa longeur; car ceux qui en tiroient le plus de profit, n'ont pas été facilement disposez à y renoncer: De forte que Vôtre Majefté pourra découvrir fans peine, d'ou vient que tant de personnes se plaifoient dans une Guerre, qui leur aportoit tous les ans une fi abondante moiffon de la Grande-Bretagne.

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Nous fommes auffi éloignez de fouhaiter, comme nous favons que Vôtre Majefté l'eft de conclure aucune Paix, à moins qu'elle ne foit à des conditions fûres & honorables: Nôtre vûë n'eft pas non plus de nous difpenfer de lever tous les Subfides néceffaires & poffibles pour foutenir vigourefement laGuerre jufqu'à ce qu'on ait obtenu une telle Paix. Tout ce que vos fidéles Communes fe propofent, tout ce qu'elles defirent, c'eft, que les autres Puiffances Alliées de Vôtre Majefté y concourent d'un pas égal, & que l'on faffe une jufte aplication de ce que l'on a déja gagné fur l'Ennemi pour le bien de la Cause commune. Il y a divers Territoires & Païs d'une vafte étenduë qui font revenus à la Maifon d'Autriche, comme le Royaume de Naples, le Duché de Milan & quan.

tité de Places en Italie: Il y en a d'autres qu'on a conquis, & qu'on a joints à fes Domaines; tels font les deux Electorats de Baviere & de Cologne, le Duché de Mantoüe & la Principauté de Liege; Comme ces dernieres Conquêtes font dûes en grande partie à nôtre fang & à nos trésors, il nous semble, s'il eft permis de le dire, que nous avons droit de prétendre qu'elles aident à pouffer la Guerre en Espagne: C'est pourquoi nous fuplions inftamment Vôtre Majefté d'ordonner à Vos Miniftres qu'ils agiffent auprès de l'Empereur, afin que les Revenus de ces différens Pais foient employez à cet ufage, à la referve de ce qu'ilen faut déduire pour leur propre défenfe. Pour ce qui regarde les autres branches de la Guerre, auxquelles Vôtre Majefté s'eft obligée de contribuer par des Traitez particuliers, nous la fuplions très humblement de vouloir tenir la main à ce que fes Alliez s'aquitent des engagemens, où ils font entrez là-deffus, & de ne leur donner à l'avenir des Troupes ou des Subfides , qu'à proportion de ce qu'ils en fourniront eux-mêmes. Lorfqu'on aura fait cette juftice à Vôtre Majesté, & à vôtre Peuple, il n'y a rien que vos Communes n'accordent de bon cœur, pour foutenir Vôtre Majefté dans la Cause où Elle est engagée,

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S'il fe trouve même qu'on ait befoin de nouvelles forces, par Mer ou par Terre, nous mettrons Vôtre Majefté en état d'y contribuer fa portion légitime; & il n'y a point de Subfides que vos Sujets ne foient difpofez à vousaceorder, dans toute l'étendue de leur pouvoir.

Après avoir examiné l'état de la Guerre, dans laquelle il paroît que Vôtre Majefté a non feulement dépensé plus qu'aucun de vos Alliez, mais autant qu'eux tous pris ensemi bles, vos Communes fe flattoient de trouver, que dans les conditions d'une Paix future, on auroit eû foin d'affurer à la GrandeBretagne quelques avantages particuliers, qui donneroient à la Nation quelque efperance de la dédommager avec le temps de ces Tréfors immenfes qu'elle a fournis, & des groffes Dettes qu'elle a contractées durant le cours d'une fi longue & fi onereufe Guerre. On ne pouvoit mieux répondre à une atten◄ te fi raifonnable, qu'en exigeant plus de fû reté & d'étendue pour le Commerce de la Grande-Bretagne : Mais nous nous voions fi bien déchus de cette efperance, que dans un Traité conclu, il n'y a pas long-temps," entre Vôre Majefté & les Etats Généraux fous prétexte de fe donner un Garantie mutuelle fur deux Articles de la derniere im

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portance pour les deux Nations, dont l'un regarde la Succeffion & l'autre la Barriere, les interêts de la Grande-Bretagne n'ont pas été feulement négligez, mais facrifiez; & qu'il y a divers Articles ruïneux pour le Commerce & la Profperité de ce Royaume, & par conféquent très deshonorables pour Vôtre Majefté.

Vos Communes remarquent d'abord, qu'en vertu de ce Traité, plufieurs Villes & Places doivent être mises entre les mains des Etats Généraux ; en particulier Nieuport, Dendermonde & le Château de Gand, qu'on ne fauroit jamais regarder comme faifant partie d'une Barriére contre la France, mais plûtôt comme les Clefs du Pais-Bas du côté de la Grande-Bretagne; ce qui ne peut que rendre incertain le Commerce des Sujets de Vôtre Majefté dans ces quartiers là, où même les exclure tout-à-fait, dès que les Etats le jugeront à propos. La prétendue neceffité qu'il y a de mettre ces Places entre les mains des Etats Généraux, pour leur affûrer une Communication avec leur Barriere, eft vaine & fans fondement: Car puis que la Souveraineté des Païs-Bas Efpagnols doit refter à un Ami & un Allié, non pas à un Ennemi, cette Communication fera toùjours, fûre & ouverte: D'ailleurs, en cas d'une

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d'une rupture, ou d'une Attaque, on laiffe une pleine liberté aux Etats de prendre poffeffion de tous les Païs-Bas Efpagnols; de forte qu'ils n'avoient pas befoin d'aucune ftipulation particuliére pour les Places ci-def fus.

Après avoir dit un mot de cette Concef fion faite aux Etats Généraux de s'emparer de toutes les dix Provinces, nous ne pou vons que représenter à vôtre Majefté: Que de la maniere dont cet Article eft conçu. il forme une autre circonftance dangereuse: puis que fi l'on avoit borné le Cas à la feule attaque apparente du côté de la France, on auroit rempli le prétendu deffein de ce Traité, & fuivi les inftructions que vôtre Majesté avoit donnée à fon Ambassadeur? Mais on a omis cette restriction néceffaire, & la même liberté eft accordée aux Etats de s'emparer de tous les Pais-Bas Efpagnols, toutes Îes fois qu'ils fe croiront attaquez par aucune des Nations voilines, auffi-bien que lorsqu'ils feront en danger du côté de la France; de forte que s'il arrivoit quelque jour (ce que vos Communes ont une grande repugnance à fupofer) qu'ils vinffent à fe brouiller avec vôtre Majefté, les richeffes, la force & la fituation avantageufe de ce Païs pourroient fervir contre Vous-même, quoi qu'on ne les

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