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de fix Millions, neuf cens foixante mille livres, outre l'interêt qu'il faut paier pour les Dettes publiques, & les Non valeurs de l'année derniere; deux Articles, qui montent à un Milion, cent quarante trois mille livres : De forte que tout ce qu'on demande à Vos Communes revient à plus de huit Milions pour les Subude de cette Année. Nous favons que les tendres égards de Vôtre Majefté pour le bien de vôtre Peuple, vous donneront de l'inquiétude à ouïr ce pefant fardeau qui l'accable, & comme nous fommes affurez que ceci Vous convaincra de la néceffité qu'il y avoit de faire cette recherche, qu'il nous foit auffi permis de repréfenter à Vôtre Majefté les caufes qui ont produit le mal, & par quels dégrez ce poids immense eft venu fur nous.

Si d'un côté le fervice de Mer a été d'une grande étendue, on peut dire de l'autre qu'il a été pouflé, durant tout le cours de la Guer re, d'une maniere très-defavantageufe a V. M. & à Vôtre Royaume. Ileft vrai que la neceffité des affaires exigeoit qu'on équipât toutes les années de grandes Flotes, foit pour. conferver la fuperiorité dans la Mediterranée, ou pour s'oppofer aux Efcadres que Ennemi pourroit équiper à Dunkerque, ou dans les autres Ports de l'Ocean; mais l'exemP 6

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ple & la promtitude de Vôtre Majesté à. fournir fa quote part des Vaiffeaux dans tous. les endroits requis, bien loin d'exciter les Etats Généraux à marcher avec Vous d'un pas égal, les ont portez à le négliger toutes, les années jufques à un tel point, qu'à proportion de ce que Vôtre Majefté a fourni, ils ont été quelquefois en ariiere des deux tiers, & prelque toûjours de plus de la moitié de leur Contingent. De là vient que Vâtre Majeflé, pour prévenir les difgraces qui pouvoient arriver dans les occafions les plus preffantes, a été obligée de fupléer à ce défaut par un nouveau renfort de vos propres Navires; mais ce fuccroît de nos fraix n'a pas été la feule conféquence fâcheuse qui l'ait fuivi; puifque par ce moien, les dettet du Bureau de la Marine font allées G loin, que les Décomptes qu'il y a eu fuf fes Affignations, ont affecté toutes les autres parties du fervice: De là vient auffi que plufieurs Vaiffeaux de Guerre de Vôtre Mas jefté ont été reduits à hiverner dans les Mers éloignées, au grand préjudice & à la ruine de nos Forces Maritimes;. que Vous n'avez pû fournir les Convois néceffaires à nos Vaiffeaux Marchands; que vos Côtes ont été expoléesmanque expolées; manque de Vaiffeaux pour les gar der, & que Vous avez été mile hors d'état

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de traverfer l'Ennemi dans fon Commerce aux Indes Occidentales, qui lui a été fi avantageux, & d'où il a tiré de fi vaftes trésors, fans lefquels il n'auroit jamais pû fontenir les fraix de la Guerre.

Cette partie de la Guerre qu'on a pouffée. en Flandres, regardoit immediatement la. fûreté des Etats Généraux, & a fervi depuis a leur acquerir de gros Revenus, & de vaftes Domaines: Malgré tout cela ils n'ont pas. fourni leur Contingent de Troupes, & ils en ont diminué le nombre peu a peu en forte que de leurs trois Quints fur les deux Quints. de Vôtre Majefté, il leur en manquoit l'année derniere 208 37. hommes. Nous n'avons pas oublié non plus, qu'en l'année 1703. il y eut un Traité conclu entre les deux Nations, pour augmenter leurs Troupes de vingt mille hommes, & que l'Angleterre fe chargea d'en payer la moitié, à condition que les Etats Généraux défendroient tout Commerce avec la France. Cette Claufe eft expreffe dans l'Acte du Parlement qui confentit à cette levée; mais puis que les Etats ne l'ont point tenue, les Communes croient qu'on auroit dû en revenir à la premiere Regle de Trois à Deux, tant à l'égard de cette augmentation que des autres qui ont fuivis fur tout lorsqu'ils penfent que les revenus de

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ces riches Provinces, qu'on a conquifes, pourroient fervir, s'ils étoient bien apliquez, à l'entretien d'un grand nombre de nouvelles Troupes contre l'Ennemi commun; cependant les Etats Généraux n'en ont rien employé à cet ufage, mais ils destinent ce nouveau fecours à le décharger d'une partie de leur premier Contingent.

Si dans le progrès de la Guerre en Flandres, il y eut bien-tôt une difproportion fur la fourniture des Troupes, au préjudice de l'Angleterre, d'un autre côté, l'ouverture de la Guerre en Portugal mit d'abord une partie inégale du fardeau fur nous. Car, quoique l'Empereur & les Etats Généraux euffent traité avec le Roi de Portugal fur le même pied que Vôtre Majefté, l'Empereur ne fournit point fon tiers des Troupes ni des Subfides qu'il avoit promis, & les Hollandois ne voulurent pas fupléer à ce défaut par une égale portion; de forte que Vôtre Majefté s'eft vûë obligée à payer les deux Tiers de toute la dépense qu'il en coûte pour ce fer, vice. L'inégalité a même paffé plus loin; car depuis l'année 1706. lors que les Troupes Angloifes & Hollandoifes marchérent de Portugal en Caftille, les Etats Généraux ont entiérement abandonné cette Guerre, & laiffé le foin à Vôtre Majefté de la poursuivre à

vos propres fraix, ce que Vous avez fait auffi, en y envoyant beaucoup plus de monde, que vous ne vous étiez d'abord engagée d'en fournir. D'ailleurs, les genereux efforts de Vôtre Majesté pour le foûtien & la défense du Roi de Portugal, ont été bien mal fecondez de la part de ce Prince; puifqu'après les recherches les plus exactes que Vos Communes ont pu faire, il fe trouve qu'il n'a prefque jamais fourni treize mille hommes en tout, quoiqu'il fut obligé par fon Traité, d'avoir douze mille hommes d'Infanterie, & trois mille Chevaux à fes fraix & depens outre onze mille Fantaffins & deux mille Ch vaux de plus, pour lesquels on lui paioit des Subfides.

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En Efpagne la Guerre a été encore plus inégale & plus onereufe à Vôtre Majesté, qu'en aucune autre de fes branches; car elle fut entamée fans aucun Traité préalable& les Alliez n'ont prefque pas voulu depuis y contribuer la moindre chofe. En 17959 on y envoya un petit Corps de Troupes. Angloifes & Hollandoifes, non pas qu'on le crût fuffifant pour foutenir une Guerre bien reglée, ou pour conquerir un fi vafte Pais, mais dans la feule vûë d'aider les Espagnols, qu'on nous difoit avoir beaucoup d'inclination pour la Mailon d'Autriche, à mettre le

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